Hollande cherche majorité pour voter le traité budgétaire européen

Par Romain Renier  |   |  662  mots
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Le traité budgétaire européen, largement soutenu par l'opinion publique, selon les sondages, a toutes les chances d'être ratifié par le Parlement. Mais il provoque des craquements importants au sein de la majorité. EELV s'est prononcé contre sa ratification samedi, et seul l'UMP s'apprête à voter comme un seul homme un texte négocié par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était au pouvoir.

La manifestation contre le traité budgétaire européen et  les politiques d'austérité de dimanche a été qualifiée de "coup de semonce" pour François Hollande dans la presse. Et pourtant, à la veille de son vote au Parlement, et pour la troisième fois de suite, un sondage donne le "oui" vainqueur si les Français étaient invités à se prononcer sur son adoption par référendum. Et plus encore, il progresse. Selon un sondage BVA publié lundi dans le Parisien, 64% des personnes interrogées sont favorables à l'adoption du traité.

Le camp du "non", mobilisé mais minoritaire

Très en verve à la suite de la manifestation qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues de Paris, Jean-Luc Mélenchon, le co-président du Parti de gauche en lutte contre le traité, considère que la France est désormais sur la voie du "non". Pourtant, si l'on compare avec la semaine précédente, le camp des opposants au traité semble plutôt se réduire comme peau de chagrin. Il y a une semaine, les "nonistes" représentaient encore 48% des personnes interrogées par l'institut CSA pour l'Humanité. A 36% des sondés contre le traité, et seulement 25% opposés à la règle d'or, la bataille de l'opinion semble gagnée pour François Hollande.

Le "oui" de gauche parait compliqué à obtenir

Mais le problème est ailleurs pour le chef de l'État. Le texte ne sera pas soumis à référendum, et doit être ratifié par le Parlement, par crainte de reproduire le choc de 2005, lorsque les Français avaient rejeté le traité constitutionnel. Un mode de ratification finalement approuvé par l'opinion à une courte majorité (52%), après avoir été décrié dans le sondage de CSA une semaine auparavant. Mais le risque politique n'est pas négligeable pour François Hollande. Car le sujet fait débat au sein de la majorité. Samedi, les militants d'Europe écologie - Les verts (EELV) ont rejeté la ratification du traité, après le psychodrame de la semaine dernière. Mettant ainsi dans l'embaras les deux ministres de leur parti, Cécile Duflot et Pascale Canfin, obligés de se livrer à un numéro d'équilibristes afin de se tenir à la position officielle du gouvernement. Et cette ligne anti-rigueur trouve un soutien de poids en la personne de Jean-Vincent Placé, président du groupe EELV au sénat qui aura son importance lors des discussions à la chambre supérieure. Par ailleurs certains députés socialistes, de l'aile gauche du parti, ruent eux aussi dans les brancards et menacent, sinon de voter non, au moins de s'abstenir.

L'UMP au rapport pour une alliance inédite ?

Malgré tout, la ratification du traité comme la loi organique pour la mise en place de la règle d'or ont toutes les chances de passer. Car la droite, hormis souverainistes comme Nicolas Dupont-Aignan, votera en faveur du traité. Début septembre, François Hollande avait même trouvé un allié surprise en la personne de Jean-François Copé, le patron de l'opposition et candidat à sa propre succession à la tête du parti. Son argument ? Le traité n'a pas été renégocié par François Hollande et n'a pas changé depuis l'accord qu'avait trouvé Nicolas Sarkozy avec Angela Merkel. Argument que n'a pas balayé Jean-Marc Ayrault la semaine dernière sur le plateau du 20h de France 2. Même si a tout de même depuis été adjoint au volet rigueur un volet croissance de 120 milliards d'euros d'investissement en Europe, la fameuse taxe sur les transactions financières et le projet de supervision des banques. Les positions des deux partis, alliés de circonstance ont une explication simple. D'un côté, l'UMP ne peut se dédire, de l'autre, François Hollande souhaite rester crédible en Europe, afin d'être en capacité de peser face à Angela Merkel. C'est en tout cas l'argument servi par Jean-Marc Ayrault aux partisans du "non."