Grèce : pourquoi l'Eurogroupe ne débloquera pas la tranche d'aide de 31 milliards d'euros aujourd'hui

Par Sophie Rolland  |   |  573  mots
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Athènes a pris des mesures d'économies, voté son budget et la troïka a commencé à communiquer sur son rapport, mais plusieurs pays ont besoin de l'accord de leur parlement pour voter le déblocage de la tranche d'aide qui devait initialement être versée en juin. Problème : le 16 novembre prochain, 5 milliards d'euros de bons du Trésor grec arrivent à échéance.

Le vote d'un nouveau budget par Athènes était une condition nécessaire au déblocage d'un prêt de 31,2 milliards d'euros. Elle ne sera vraisemblablement pas suffisante. En tout cas pas dans l'immédiat. Dimanche soir, le Parlement grec a bien voté le projet de budget 2013 qui, au prix de douloureuses baisses des dépenses et de nouvelles hausses d'impôts, devrait permettre au déficit budgétaire de tomber à 5,2% du PIB en 2013.

Des délais trop serrés

Mais les délais pour libérer dès ce soir la tranche d'aide bloquée depuis juin dernier sont de toute évidence trop serrés. Certes - et contrairement à ce que prédisait le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble dans un entretien à l'édition dominicale de Die Welt - la troïka a terminé son rapport à temps, (même si la version définitive ne serait pas encore disponible) pour le sommet de l'Eurogroupe. En revanche, plusieurs pays comme l'Allemagne, les Pays-Bas ou la Slovaquie, ont besoin d'obtenir l'accord de leur Parlement pour voter le déblocage de la nouvelle tranche d'aide. Tout dépend donc de la vitesse avec laquelle les parlementaires examineront le rapport de la troïka.

Petits arrangements entre amis pour éviter un défaut le 16 novembre prochain

Le problème est que le 16 novembre prochain, la Grèce doit rembourser 5 milliards d'euros de Bons du Trésor. «Ces titres sont détenus par des banques grecques qui les ont déposés auprès de la BCE pour obtenir des liquidités», explique l'économiste de Natixis, Alan Lemangnen. Pour lui, «il y a de fortes chances que la BCE accepte de «rouler» la maturité de ces emprunts», autrement dit de remettre à plus tard sa demande de remboursement. «Ce soir, l'Eurogroupe devrait reconnaître que la Grèce a fait des efforts d'économies suffisants et que son budget est de nature à lui permettre de respecter ses engagements, ce qui ouvrirait la voie à une extension de la maturité des titres en question par la BCE», avance Alan Lemangnen.

A plus long terme, quelles solutions pour la Grèce ?

Reste à savoir quelles solutions peuvent être mises en ?uvre pour rendre la dette grecque soutenable. C'est ce qui occupera les ministres des Finances européen ce soir. La dette atteindrait 189% du PIB en Grèce en 2013, selon les estimations les plus récentes. En mars, ce ratio ne devait être «que» de 164%. On estimait en outre que la Grèce pourrait revenir se financer sur les marchés obligataires en 2015... Cela paraît désormais extrêmement improbable.

Les pays de la zone euro accepteront-ils de donner deux ans de plus à la Grèce? La troïka et la majorité des Etats membres de la zone euro travaillent sur cette hypothèse. La Grèce aurait alors jusqu'en 2016 pour ramener son déficit public sous 3% et porter son excédent primaire à 4,5%. Cela entraînerait néanmoins des coûts supplémentaires de 15 à 30 milliards d'euros pour les pays de la zone euro, ce que l'Allemagne, les Pays-Bas ou encore la Finlande auront du mal à accepter.

Quant à l'idée d'une nouvelle restructuration qui impliquerait les créanciers publics de la Grèce, elle ne passe toujours pas.  Samedi, dans un entretien accordé au Rheinische Post, le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann, s'est dit opposé à un effacement de la dette grecque par les pays créanciers.