L'accord sur la Grèce très contesté en Allemagne

Par latribune.fr  |   |  474  mots
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Plusieurs députés conservateurs veulent mettre à l'ordre du jour les coupes dans les dettes grecques détenues par les créanciers privés. Au grand dam de Wolfgang Schäuble.

S?il fallait une preuve de l?inefficacité des mesures prises hier par l?Eurogroupe sur la Grèce, c?est que déjà, elles sont jugées insuffisantes. Y compris en Allemagne, pays qui a fortement contribué à leur mise en place. Ainsi, dans l?édition de ce mercredi de Bild Zeitung, un député du parti chrétien-démocrate d?Angela Merkel, Wolfgang Bosbach, estime que «sans réduction de la dette, le problème grec va durer encore longtemps». Deux autres de ses collègues s?expriment dans le même sens. Déjà mardi, Rainer Brüderle, chef du groupe parlementaire FDP et ancien ministre de l?Economie avait indiqué qu?une restructuration des dettes grecques détenus par les créanciers publics.

Wolfgang Schäuble sur la défensive

Une partie de la droite allemande entre donc en conflit avec le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, qui a insisté tout au long des négociations pour qu?on n?évoque pas cette option. Il s?en est même félicité publiquement mardi matin lors de la conférence de presse à l?issue du sommet. Son objectif est en effet d?éviter au moins jusqu?aux élections fédérales de septembre prochain toute discussion sur le sujet. Car, au final, renoncer aux dettes grecques suppose que le contribuable allemand mette la main à la poche. Pas soutenable politiquement pour le moment où Angela Merkel doit, au contraire, se présenter comme la gardienne des intérêts allemands.

La CSU très remontée

Ce débat tombe donc mal. Car une autre partie du courant conservateur ne veut pas entendre parler de cadeau à la Grèce. C?est notamment le cas de la CSU bavaroise qui, devra aussi faire face à une très importante élection régionale en septembre prochain. Horst Seehofer, le ministre président CSU bavarois, a ainsi estimé dans Die Welt de mercredi qu?une telle réduction de la dette «n?était pas faisable» et entraînerait «le Portugal» dans la spirale.

Pas d?urgence au Bundestag

La marge de man?uvre du gouvernement fédéral demeure étroite. Après le SPD, les Verts ont réclamé «plus de temps» pour que le Bundestag s?exprime sur ce nouveau plan d?aide. Wolfgang Schäuble voulait appliquer une procédure d?urgence pour obtenir un vote jeudi. Cela semble peu probable.

La Buba rechigne

Enfin, la Bundesbank rechigne à reverser sa part de bénéfices réalisés sur les dettes helléniques comme le prévoit l?accord. Elle refuse, au nom de son indépendance, de le faire automatiquement et a réclamé mardi soir, un vote du Bundestag sur le sujet. Bref, si Berlin pensait sortir grand vainqueur de cet accord, il semble bien qu?il n?en est rien?