La consommation sauve de peu la croissance allemande

Par Romain Renier  |   |  524  mots
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L'Allemagne a évité la récession de peu au premier trimestre grâce au soutien de la consommation à la croissance. Les exportations de machines-outil, fer de lance de l'économie allemande, on chuté vers la Chine et l'Union européenne, en plein ralentissement. De quoi relancer le débat sur les salaires allemands et la relance européenne.

Il y a là de quoi relancer le débat tant sur la relance au niveau européen que sur la hausse des salaires allemands. Au premier trimestre, la croissance en Allemagne a été tirée par... la consommation. En effet, un rebond de la consommation des ménages est venu compenser le recul des exportations et des investissements.

L'Allemagne évite de peu la récession

Entre janvier et mars, la croissance allemande est repartie tout doucement, avec une hausse de 0,1% du produit intérieur brut (PIB), après une contraction de 0,7% au dernier trimestre 2012, selon l'Institut de statistiques allemand Destatis, qui confirme une première estimation publiée mi-mai. Si l'hiver "extrêmement rigoureux" a pesé sur l'économie allemande au premier trimestre, "la consommation privée lui a donné une impulsion positive par rapport au trimestre précédent: corrigée des variations saisonnières, de prix et calendaires, elle a progressé de 0,8%", a ajouté l'Office. Ainsi l'Allemagne a-t-elle évité de peu la récession.

En revanche, le commerce extérieur n'a apporté "aucun soutien" au premier trimestre 2013, a poursuivi l'Office. Certes, le solde de l'Allemagne est toujours excédentaire. Mais les exportations y ont ralenti de 1,8%. Ce recul des exportations va notamment de pair avec le ralentissement de l'économie chinoise et de l'Union européenne, toutes deux importatrices de machines-outils, fer de lance de l'économie allemande. Leurs exportations ont d'ailleurs chuté de 10,4% en mars. En effet, l'un des pendants du ralentissement de l'économie chinoise est le recul de l'investissement dans les biens d'équipement au profit des investissements dans la construction. Le ralentissement européen n'est lui non plus pas anodin. Pour l'heure, la Commission européenne s'attend à une croissance de 0,4% en 2013. Un rebond est toutefois attendu au deuxième trimestre en rattrapage du premier trimestre affecté par le mauvais temps. C'est ce qui explique en partie l'enthousiasme affiché par les chefs d'entreprises, selon l'indice publié ce vendredi par l'institut Ifo.

Une leçon dans le débat sur la hausse des salaires et la relance européenne

Mais si la tendance générale perdure pour la Chine et le sud de la zone euro à long terme, c'est toute la stratégie économique allemande qui pourrait être remise en cause. En effet, le ralentissement chinois semble être durable, tant la Chine a besoin de ses exportations vers la zone euro pour s'en sortir. Et l'Allemagne, qui privilégie de plus en plus son partenariat commercial avec la Chine, n'a fait que peu de cas de la capacité à importer ses produits des pays en difficulté de la zone euro . Résultat, la boucle est bouclée. La crise européenne a contaminé l'économie chinoise et le mal asiatique touche désormais l'Allemagne.

Arrivée au bout de son modèle, elle devra sans doute lâcher à nouveau du lest sur les salaires pour préserver les points de croissance issus de la consommation, et adopter une position plus souple au niveau européen pour relancer ses exportations à destination de la zone euro.

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