Les libéraux allemands, véritables perdants du scrutin

Par Romain Renier  |   |  598  mots
Rainer Brüderle, le candidat du FDP à la chancellerie et Philip Rösler, le rpésident du parti libéral-démocrate, n'auront pas réussi à réitérer l'exploit de Guido Westerwelle de 2009. Pis, avec eux à sa tête, le FDp quitte le Bundestag pour la première fois de son histoire. (Photo : Reuters)
Les libéraux démocrates allemands ne seront pas présents au Bundestag pour la première fois de leur histoire. Ils payent leur promesse non tenue de baisser les impôts faite en 2009 et leur manque de clarté en ce qui concerne leur position européenne.

La victoire d'Angela Merkel ce dimanche est d'autant plus écrasante qu'elle contraste avec le naufrage de son allié, le FDP. Le petit parti libéral allemand, faiseur et défaiseur de majorité gouvernementale depuis la première élection d'après guerre en 1949 a en effet été sorti du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand. Il aura été présent au gouvernement pendant 46 des 64 dernières années.

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L'alliance avec la CDU a fait perdre au FDP son originalité

Les libéraux-démocrates, fervents défenseurs du libre marché et de valeurs proches du libertarianisme, ont vu leur score plonger de 14,6% en 2009 à moins de 5% cette année pour la première fois de leur histoire. Il faut dire que cette fois-ci, les Allemands n'ont pas été convaincus par le programme électoral du FDP qui voulait, selon le souhait de son président et ministre de l'Économie d'Angela Merkel, former à nouveau le "meilleur gouvernement d'Allemagne depuis la réunification".

Le score historique de 2009 avait été la conséquence d'une campagne menée par son ancien leader Guido Westerwelle, ministre des Affaires étrangères d'Angela Merkel qui avait réussi à sortir son parti de onze ans d'opposition en promettant des baisses d'impôts. Mais le FDP n'a jamais réussi à peser de manière convaincante sur la politique fiscale des conservateurs, et a perdu de ce fait son seul vrai point de divergence avec le parti d'Angela Merkel aux yeux de l'opinion.

L'autre point essentiel du programme étant la mise en place d'un salaire minimum par branche et par région, partagé avec celui de la chancelière. Si bien qu'un nombre important de voix acquises par le FDP en 2009 se sont reportées sur la CDU dimanche. Les appels du pied de Rainer Brüderle, le candidat des libéraux démocrates et ministre de l'Économie de la coalition entre 2009 et 2011, n'y auront rien fait.

Malgré le discours, le FDP se prive du vote eurosceptique

Et, malgré un discours sévère à l'égard de la Grèce et des pays du sud de la zone euro, mais aussi de la France, pour laquelle Rainer Brüderle s'était dit "très inquiet" encore en juillet dernier, le FDP n'a pas non plus réussi à récupérer des voix chez les euro-sceptiques. Il faut dire que depuis un référendum interne en 2011 à la suite d'une polémique à l'intérieur du parti sur l'avenir de l'Allemagne dans l'Union européenne, il est resté officiellement pro-européen. Et, en dépit des discours, il a voté au Bundestag chacun des plans d'aide à la Grèce dans la lignée de la CDU.

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Plutôt que de venir gonfler les rangs du parti libéral démocrate, les électeurs eurosceptiques se sont donc naturellement tournés vers Alternativ für Deuschland (AfD). Le nouveau parti eurosceptique allemand a d'ailleurs réussi une belle percée en réunissant 4,7% des suffrages pour sa première élection, en grignotant des voix un peu partout, grâce à un discours édulcoré sur l'immigration et en se concentrant uniquement sur la volonté de démanteler l'Union européenne de manière ordonnée. Une stratégie qui les fait terminer à deux doigts d'une entrée au parlement qui aurait été hautement symbolique pour une Europe sous leadership allemand et qui peine à se sortir de la crise.

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