Une grande coalition en Allemagne ? Pas si sûr...

Par Romaric Godin  |   |  611  mots
Arrivée de la délégation CDU et CSU lundi 14 octobre pour les discussions de coalition avec la SPD.
SPD et CDU ne sont pas parvenus lundi à trouver d'ententes sur les sujets les plus difficiles. Le blocage devra être surmonté jeudi, alors qu'Angela Merkel parle avec les Verts ce mardi.

Le contraste est frappant. En dehors des frontières allemandes, la « grande coalition » entre les Conservateurs d'Angela Merkel et les Sociaux-démocrates de la SPD semble acquise.

Troisième tour nécessaire

Mais en Allemagne, on est encore bien loin d'une telle certitude. Et s'il en fallait une preuve, elle est dans ce simple fait : le deuxième tour des discussions préliminaires entre les trois partis (SPD, CDU et CSU bavaroise) n'a pas permis de déboucher sur un accord suffisant pour qu'ils entament les réelles « discussions de coalition » nécessaires à la rédaction, dans la foulée, du « contrat de coalition » et à la formation d'un gouvernement. Il faudra un troisième tour vendredi.

« Sans joie »

Les discussions sont donc très difficiles. Le quotidien Die Welt de ce mardi en rend compte et explique que selon  les dirigeants des partis impliqués, « d'emblée, les choses se sont déroulées sans joie », résume l'article. Ce qui surprend, c'est que les deux camps ne parviennent pas à se mettre d'accord sur des sujets qui, a priori, semblaient, propices à déboucher sur un compromis.

Blocage sur le minimum retraite

Sur les retraites, CDU, CSU et SPD veulent ainsi tous un niveau minimum, mais ils ne parviennent pas à se mettre d'accord sur le vocabulaire et sur les moyens. Doit-on faire payer les contribuables comme le veulent les Sociaux-démocrates ou augmenter les cotisations comme le propose la droite ? Aucune avancée n'a été réalisée sur ce sujet. Résultat : la situation semble bloquée sur un thème a priori facile.

Blocage sur le salaire minimum

Même constat sur le salaire minimum. Le camp d'Angela Merkel a proposé un compromis : faire fixer une « limite salariale basse » par les syndicats, les entreprises et les économistes, comme le proposait les Conservateurs, mais graver ensuite cette limite dans le marbre de la loi, comme le suggérait la SPD.

Mais les Sociaux-démocrates ont rejeté ce compromis : ils ne veulent pas d'un salaire minimum qui serait inférieur aux 8,50 euros par heure proposé par leur programme. Bref, là aussi, c'est le blocage.

Éclats de voix sur la question fiscale

Mais là où les discussions semblent désespérées, c'est bien sur la question fiscale. Die Welt estime même que « l'atmosphère s'est encore dégradée sur ce sujet. » La ministre-président de Rhénanie-Du-Nord-Westphalie Hannelore Kraft aurait même explosé : « Si c'est ainsi, nous ne pouvons mener aucune négociation. »

Un haussement de ton peu engageant pour des personnes qui doivent diriger ensemble la première puissance européenne. Entre la SPD qui veut alourdir la fiscalité sur les plus fortunés pour financer des investissements dans les infrastructures et dans l'éducation. La CDU et la CSU voudraient, au contraire, réduire encore la charge fiscale.

Sept heures pour rien

Selon Die Welt, la nuit s'est poursuivie sans qu'aucun accord n'ait pu être trouvé sur aucun autre thème : travail précaire, dépendance, finances régionales, politique en faveur des femmes, retraites pour les mères qui n'ont pas travaillé, Europe. Au bout de sept heures, il a fallu reconnaître que l'on n'avait guère avancé.

Les discussions avec les Verts se poursuivent

Ce qui est frappant, c'est qu'alors que les discussions se tendent et patinent entre Conservateurs et Sociaux-démocrates, les Verts et le camp d'Angela Merkel continuent de négocier, même si les écologistes sont très divisés sur le sujet. Autrement dit, si les discussions avec la SPD ne sont pas brisées, l'option d'une coalition « noire-verte » demeure ouverte. Bref, la "grande coalition" n'a pas encore vu le jour.