Bill Gates investit dans le BTP espagnol. Comme c'est bizarre...

Par Adeline Raynal  |   |  668  mots
Bill Gates est l'homme le plus riche des Etats-Unis depuis vingt ans. Cette année, sa fortune a été estimée à 72 milliards de dollars par Forbes.
Le fondateur de Microsoft a racheté pour 113 millions d'euro d'actions du groupe de BTP espagnol Fomento de Construcciones y Contratas (FCC). Tentative d'explications.

Mais pourquoi ? C'est la question que tout le monde se pose alors qu'on a appris lundi que le fondateur de Microsoft Bill Gates a investi 113 millions d'euros dans une société de BTP espagnole, la Fomento de Construcciones y Contratas(FCC). Mardi matin, le titre de cette société, cotée à la Bourse de Madrid, gagnait plus de 10% à 17,38 euros. Bill Gates est désormais le deuxième actionnaire du groupe, derrière sa dirigeante Esther Koplowitz.

La presse espagnole avance quelques raisons pour lesquelles l'homme le plus riche des États-Unis a investi dans une entreprise de la péninsule ibérique. El Mundo raconte que le premier contact entre l'américain et Esther Koplowitz a eu lieu avant l'été. La société ayant sollicité des investissements pour soutenir sa stratégie de reprise et de désendettement.  Selon une source proche du dossier citée par El Mundo, FCC souhaitait la montée d'un investisseur fort à son capital.

Contrat à 6 070 millions d'euros à Ryad

Le journal espagnol rappelle d'abord que la FCC mène le consortium qui a remporté un très gros contrat en Arabie Saoudite: la construction de trois nouvelles lignes de métro à Ryad, un projet à 6 070 millions d'euros. FCC a aussi liquidé sa filiale autrichienne Alpine et engagé un vaste plan de désendettement. De quoi devenir séduisante au yeux du fondateur de Microsoft.

Ensuite, le titre FCC ne coûtait - et ne coûte - pas très cher, fait remarquer El País. Comme d'autres groupes de construction, FCC a fortement pâti de l'effondrement du marché immobilier espagnol à la fin des années 2000. Après avoir atteint un sommet en 2007 (83,9 euros), la valeur de l'action a chute de 80%. Mais depuis fin juin, elle commence à doucement remonter la pente, une inflexion qui n'a certainement pas échappé à Bill Gates. En avril, le titre valait à peine plus de 6 euros, puis 14,8 euros au moment de la vente à l'homme le plus riche du monde. Mercredi en début d'après midi, FCC était valorisé à hauteur de 16,6 euros par titre.

 Mais surtout, certains estiment que le cas de Fomento de Construcciones y Contratas est emblématique d'un renouveau de l'industrie financière espagnole. El País cite Emilio Ontiveros, président du cabinet d'analyse AFI: "Le cas de FCC peut être extrapolé à ce qui se passe au niveau des investissements directs venus de l'étranger en Espagne". Le journal rappelle que d'autres investissements similaires ont récemment été fait, citant l'entrée au capital du cinquième groupe bancaire espagnol Banco Sabadell du banquier colombien Jaime Gilinsk.

Maintient des investissements productifs étrangers

Actuellement, les investisseurs étrangers optent pour des formes de dépenses plus sûres: ils préfèrent contribuer à l'augmentation de capital d'une entreprise déjà existante plutôt qu'en soutenir une qui se lance à peine, juge - en substance - un rapport du Secrétaire d'État au Commerce espagnol cité par le quotidien. Les investissements productifs étrangers se maintiennent en 2013. Les dirigeants politiques et les entrepreneurs veulent voir dans le placement de Bill Gates un symbole du renouveau du pays tout entier, considérant que l'Espagne redevient séduisante aux yeux des investisseurs comme FCC l'a été à ceux de Bill Gates.

Toutefois, l'analyste José Luis Martinez Campuzano demeure prudent, expliquant que la reprise économique du marché reste à confirmer. "Ce marché s'est amélioré très rapidement, il y a donc un risque de volatilité, on est peut-être encore loin de la véritable renaissance et nous ne pouvons avoir de certitudes sur où sera passé cet argent dans trois ou quatre mois". Bill Gates, lui, ne peut espérer un considérable retour sur un investissement à court terme, juge-t-il.

Ce mercredi, la banque centrale espagnole a annoncé que le pays affiche une croissance de 0,1% au troisième trimestre, il émerge à peine d'une période de récession de deux ans. C'est le reflet d'un léger mieux observé en Europe,  mais cela demeure pour l'instant insuffisant pour relancer l'emploi et la consommation.