La liberté de mouvement en Europe doit être réduite, selon David Cameron

Par Giulietta Gamberini  |   |  843  mots
Les conditions de versement des allocation de chômage aux étrangers seront durcies, promet David Cameron.
Dans une tribune publiée par le Financial Times, le Premier Ministre britannique dit vouloir restreindre les droits sociaux des travailleurs européens au Royaume-Uni et annonce vouloir œuvrer auprès de l'Union européenne pour une révision du principe de libre circulation.

A partir du 1er janvier 2014, les citoyens bulgares et roumains pourront librement travailler au Royaume-Uni comme dans les autres Etats membres. Dans une tribune publiée mardi dans le Financial Times, le Premier Ministre britannique, David Cameron, s'attèle à répondre à l'inquiétude suscitée selon lui dans l'opinion publique par cette nouvelle ouverture, promettant des initiatives immédiates ainsi qu'à long terme.

La vie des Européens travaillant au Royaume-Uni sera plus dure

Tous les moyens légitimes selon le contenu actuel des traités européens, "signés par les travaillistes", seront mis en œuvre, promet le leader conservateur, qui évoque des mesures analogues adoptées par les Pays-Bas.

"Nous sommes en train de changer les règles afin que personne ne puisse venir dans ce pays et espérer obtenir des allocations de chômage immédiatement."

David Cameron prévoit au contraire de ne plus en verser aux étrangers pendant les premiers trois mois suivant leur arrivée, et de les restreindre ensuite à une durée de six mois, sauf si le bénéficiaire est en mesure de justifier d'une réelle perspective de travail. Les travailleurs à temps partiels qui demandent des allocations complémentaires devront aussi démontrer que leurs revenus dépassent un certain seuil et les nouveaux arrivants ne pourront plus prétendre à des aides au logement.

"Si les gens ne sont pas là pour travailler, ils seront expulsés. Ils ne pourront ensuite plus revenir pendant douze mois, sauf s'ils prouvent d'avoir une bonne raison d'être là, comme un travail."

Le Premier Ministre s'attaque notamment à ceux qui "font la quête ou dorment dans la rue" et promet aussi de multiplier par quatre (jusqu'à 20000 livres sterling) l'amende imposée aux employeurs de ces travailleurs qui leur versent des salaires inférieurs au minimum garanti.

Depuis 2004, les États membres ont appris trois leçons

L'élargissement de l'UE à dix nouveaux pays en 2004 a déclenché "le plus grand mouvement migratoire en Europe en dehors des temps de guerre", pointe David Cameron pour justifier ses mesures, soulignant que "un million de personnes d'Europe centrale et orientale vivent désormais au Royaume-Uni". Une expérience dont il tire trois enseignements.

"En 2004, le gouvernement travailliste avait décidé que le Royaume-Uni renoncerait complètement à toute mesure transitoire vis-à-vis des nouveaux Etats membres de l'UE (...). C'était une erreur monumentale."

Lors de l'entrée d'un pays dans l'Union européenne, les États qui en sont déjà membres peuvent choisir de restreindre le droit des nouveaux citoyens européens de travailler sur leur territoire pour une période n'excédant pas les sept ans. Le Royaume-Uni, qui n'avait pas exercé cette option face aux entrants de 2004, l'a faite valoir vis--à-vis de la Roumanie et de la Bulgarie. Le gouvernement de David Cameron a même étendu cette restriction, initialement de 5 ans, jusqu'à sa date limite: le 31 décembre 2013.

"Il n'était guère surprenant que, avec un revenu par habitant dans les pays entrants représentant environ la moitié de la moyenne européenne, autant de personnes décident de venir ici".

Les travaillistes auraient dû anticiper ce lien entre migrations et disparités de revenus...

"Si travailler ne paye pas, ou si les Britanniques manquent de compétences, cela crée un énorme vide dans notre marché du travail qui sera rempli par des étrangers."

Le gouvernement britannique affirme en conséquence être actif sur les deux fronts: celui du renforcement de la formation des jeunes et celui de la mise en place d'un "système social qui encourage le travail".

La liberté de mouvement doit être corrigée

Tout en reconnaissant que le marché unique sert aussi les intérêts du Royaume-Uni et de ses citoyens qui s'expatrient, David Camron propose d'en revoir les applications.

"La liberté de mouvement est devenue l'élément déclencheur de vastes mouvements de population causés par d'énormes disparités de revenus. Cela prive de talents des pays qui ont besoin de retenir leurs meilleurs citoyens et met les communautés sous pression".

David Cameron propose donc, "avant que de nouveaux États ne rejoignent l'UE", de revoir le principe central de la liberté de mouvement, affirmant partager ce souci avec l'Autriche, l'Allemagne et les Pays-Bas.Il suggère notamment d'établir de nouveaux accords ralentissant l'accès aux marchés du travail réciproques tant que le risque de vastes migrations existe. Il s'agirait ainsi, par exemple, d'exiger que les pays entrants aient atteint un certain niveau de revenus ou de PIB par habitant avant que la libre circulation de leurs travailleurs soit entièrement autorisée, ou de permettre aux anciens États membres de fermer leurs frontières une fois qu'ils ont atteint un certain taux annuel d'immigrants européens.

La menace du référendum sur l'adhésion du Royaume-Uni à l'UE, que David Cameron a promis s'il est réélu en 2017, reste en toile de fond de cette tribune, comme d'ailleurs la crainte liée à l'essor des partis d'extrême droite en Europe.