L'Allemagne économise 20 milliards d'euros grâce à ses taux bas

Par Romaric Godin  |   |  503  mots
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble en compagnie du ministre de l'Economie Pierre Moscovici.
Le caractère refuge des obligations d'Etat allemandes va permettre à Berlin de réaliser d'importantes économies d'ici à 2016.

Durant l'année 2013 en Allemagne, les éditorialistes, les économistes et même les politiques allemands n'ont pas cessé de se plaindre de la politique de taux faibles menés par la BCE. Mais les taux bas n'ont pas que des désavantages. Ce mardi matin, Bild-Zeitung, citant des sources proches du ministère fédéral des Finances, assure que l'Etat fédéral allemand va économiser sur deux ans pas moins de 20,1 milliards d'euros grâce aux très faibles taux payés par l'Allemagne sur le marché.

Un taux moyen de 0,08 % en 2013

Depuis le début de l'année 2010, les taux allemands ont fortement chuté. La fuite vers la qualité, le caractère de refuge des obligations d'Etat allemandes ainsi que la bonne gestion des finances publiques germaniques ont ainsi conduit à un effet de rareté qui a fait reculer fortement les taux allemands. Ainsi, sur les 18 derniers mois, le taux à 10 ans allemand s'affiche à 1,708 % alors que sur les 18 mois précédents, ce taux était encore de 2,90 %. Entre juin 2008 et janvier 2010, cette moyenne était de 3,52 %... Autrement dit, émettre des titres à 10 ans est, en moyenne, près de 60 % moins cher depuis 18 mois pour l'Allemagne.

Sur le reste de la courbe des taux, le phénomène est encore plus prononcé. Le taux moyen à 2 ans allemand sur les 18 derniers mois est de 0,09 % contre 0,79 % au cours des 18 mois précédents. En 2012, l'Etat fédéral a même pu émettre des bons à 2 ans avec un taux négatif, autrement dit être payé pour placer sa dette ! Selon la Cour des comptes allemande, la moyenne du taux auquel l'Allemagne a pu emprunter a été de 0,08 % cette année.

34 milliards de « cagnotte » en tout

Au final, tout ceci finit par se voir dans les comptes budgétaires. Les économies seront ainsi de 5,3 milliards en 2014 pour le budget fédéral. En 2015, 6,1 milliards d'euros seront économisés et en 2016 8,7 milliards d'euros. A ces économies s'ajouteront 14 milliards d'euros de rentrées fiscales supplémentaires si l'on en croit les experts du ministère des Finances. En tout, le budget allemand devrait bénéficier d'un ballon d'oxygène de 34 milliards d'euros.

Payer les promesses de la coalition

Cette « cagnotte » va sans doute permettre de payer une grande partie des « promesses » de la coalition estimée par le gouvernement à 23 milliards d'euros par le « traité de coalition. » Mais elle ne manquera pas de déclencher outre-Rhin un débat sur la nécessité d'attribuer ces fonds au désendettement d'un pays dont le ratio de dettes sur PIB est encore élevé (80 %) par rapport aux critères du traité de Maastricht.

L'Allemagne, grande gagnante de la crise de la zone euro

Comme la France, l'Allemagne est donc un des grands gagnants en termes budgétaires de la crise de la zone euro. Mais à la différence de la France, nos voisins orientaux bénéficient d'un moindre endettement, de taux beaucoup plus bas et surtout de recettes fiscales en forte hausse en raison notamment des succès à l'exportation de ses entreprises.