Coût du travail : la France réduit l'écart face à l'Allemagne

Par Romaric Godin  |   |  723  mots
L'Allemagne dispose d'un coût du travail industriel inférieur de 1 % à celui de la France
Le coût du travail est resté stable en France en 2013, il a progressé de 2,12 % en Allemagne. L'avance allemande se réduit notamment dans l'industrie...

Le coût du travail en Allemagne reste inférieur à celui de la France, mais l'écart se réduit. Selon les chiffres rendus publics ce lundi 12 mai par Destatis, l'office fédéral allemand des statistiques, une heure de travail dans l'économie privée coûte 31,70 euros en Allemagne contre 35 euros en France. C'est donc 9,4 % de moins. Néanmoins, la tendance est plutôt à la convergence puisque, par rapport à 2012, le coût du travail moyen a progressé de 2,1 % outre-Rhin contre 0,2 % en France. L'écart était alors de 11,2 % en faveur de l'Allemagne. La réduction de cet écart s'explique principalement par les situations sur le marché du travail. L'Allemagne connaît une décrue du chômage et des pénuries dans certains secteurs, tandis que la France voit son chômage progresser. Logiquement, la mise en place du salaire minimum devrait encore confirmer la tendance, même si le patronat allemand va tenter de limiter les hausses de salaire outre-Rhin pour réduire ses effets. Tout ceci commence à inquiéter certains analystes. Ceux de Credit Suisse par exemple, estiment dans une étude publiée ce lundi que « la compétitivité allemande recule. »

L'Allemagne conserve l'avance acquise entre 2003 et 2010

On notera néanmoins que l'écart reste important, notamment parce que le coût du travail a progressé beaucoup plus vite en France qu'en Allemagne entre 2003 et 2010. Durant cette période, la croissance annuelle moyenne de ce coût a été de 3,4 % par an, soit 2,5 fois plus qu'outre-Rhin. Depuis 2011, la tendance s'est inversée : le coût du travail a progressé en moyenne annuelle de 2,7 % en Allemagne contre 1,9 % en France. Si elle se réduit, l'avance allemande conserve encore une marge de sécurité importante.

L'écart se réduit dans l'industrie

Cette compétitivité de l'Allemagne ne repose cependant pas sur l'industrie manufacturière. Dans ce domaine, l'avance de l'Allemagne n'est que de 1 % par rapport à la France (36,20 euros par heure contre 36,70 euros), et elle se réduit rapidement : elle était de 3,4 % en 2012. L'avance allemande se situe donc dans le domaine des services, moins confronté à la concurrence internationale. Néanmoins, ce faible coût du travail dans les services aux entreprises, ajouté à la capacité d'innovation allemande, constitue un élément clé de la compétitivité externe des entreprises allemandes.

L'Italie perd du terrain

Cette statistique révèle un autre élément, à contre-courant du sentiment si souvent répandu en France : la France ne perd pas pied en terme de compétitivité prix. On remarque ainsi que le coût du travail italien, malgré l'austérité et la crise, a encore progressé de 2,2 % en 2013, soit plus vite que l'Allemagne et 2 points plus vite que la France. Dans le secteur manufacturier, la hausse est certes plus modeste (+0,7 %), mais elle est supérieure à celle de la France (+0,2 %). L'Italie reste nettement moins chère que la France (l'heure de travail y coûte 28 euros en moyenne et 27,5 euros dans l'industrie), mais elle perd de la compétitivité coût vis-à-vis de l'Hexagone.

L'Espagne améliore son coût dans l'industrie

Face à l'Espagne, autre pays en « ajustement » concurrent de la France, notre pays fait également bonne figure. Le coût du travail espagnol progresse en effet plus vite en 2013 (+0,3 %). Dans l'industrie manufacturière, en revanche, le coût du travail a reculé de 0,9 %. Dans ce cas, face a l'Espagne, la France a perdu de la compétitivité.

Suède en tête, Bulgarie en queue

Globalement, la Suède est le pays le plus « cher » de l'UE avec une heure de travail à 43 euros (44,8 euros dans l'industrie), suivie par la Belgique et le Danemark. En bas de classement, on trouve la Lituanie, la Roumanie et la Bulgarie (où l'heure de travail s'élève à 3,70 euros, 3 euros dans l'industrie). Ces chiffres ne doivent cependant pas être pris comme des indicateurs de compétitivité et de croissance. D'abord parce qu'ils doivent être corrigés du coût de la vie. Ensuite, parce que le coût du travail n'est qu'une partie de la compétitivité d'un pays. La productivité, l'innovation, la structure de la production, l'implantation sur les marchés extérieurs sont également des éléments importants. Aussi peut-on ainsi souligner que, depuis 2011, les deux pays les « moins chers » d'Europe, Roumanie et Bulgarie, n'ont guère connu de croissance, tandis que l'économie suédoise reste dynamique.