Les trois questions posées par le scrutin

Par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  418  mots
Le prochain commissaire français, probablement Pierre Moscovici, nommé par un gouvernement qui vient de connaître un tel camouflet, va avoir bien du mal à s'imposer.
La vague eurosceptique en Europe avec les scores élevés du FN en France et de l'Ukip outre-Manche aura des conséquences sur le parlement européen et pourrait en avoir sur la désignation d'un éventuel candidat français à la Commission. Décryptage.
  • - 1 - L'extrême droite va-t-elle chercher à exister ?

Le léger mieux de la participation au scrutin ne peut masquer l'érosion des partis centristes. Le « bloc » PPE/S&D pourrait perdre 80 sièges sur 469. Une véritable déroute qui profite, un peu, à l'extrême gauche et beaucoup aux partis populistes de droite, avec, en tête Front national français et nationalistes britanniques. Le FN et le UKIP chercheront-ils à former un groupe politique. Numériquement, ils le peuvent et s'ils ratissent suffisamment large, ils pourraient même théoriquement devenir la troisième force politique devant les Libéraux. Mais il leur faudrait réunir des élus de sept pays et surtout… s'entendre sur la présidence d'un tel groupe. Mais surtout, en formant groupe actif au parlement, ces élus deviennent par construction un contre-pouvoir aux dirigeants nationaux…. dont ils défendent justement les prérogatives face aux institutions européennes. De quoi miner leur positionnement politique.

  • - 2 - Comment sera finalement désigné le prochain président de la Commission ?

A entendre Martin Schulz, c'est aux présidents de groupes politiques de voir laquelle des têtes de liste peut réunir une majorité dans la nouvelle assemblée. Le social-démocrate allemand, tout comme son concurrent libéral, projette sur Bruxelles le modèle des démocraties parlementaires belges ou allemandes.  Mais ce n'est pas la lecture qu'en auront les chefs d'Etat et de gouvernement qui se réunissent mardi soir à Bruxelles. En réalité deux logiques s'opposent. La première qui prévalait jusqu'à présent veut que le candidat soit issu du parti arrivé en tête… mais pas forcément sa tête de liste. La deuxième repose sur une coalition entre partis… mais elle dénie le pouvoir des exécutifs nationaux. Il faudra probablement plusieurs semaines pour trancher ce duel.

  • - 3 - Que va faire François Hollande ?

Une fois le choc du score du Front National passé, la principale conséquence du scrutin apparaissait clairement : la position de la France dans l'Union européenne va être durablement affaiblie. Au sein du groupe PPE, les Français pourraient être à l'avenir deux fois moins nombreux que les Allemands. Chez les sociaux-démocrates, ils seront encore plus marginalisés. Quant au prochain commissaire, probablement Pierre Moscovici, nommé par un gouvernement qui vient de connaître un tel camouflet, il va avoir bien du mal à s'imposer.

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