La nuit où l’Europe a cru se convertir à la démocratie parlementaire

Par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  543  mots
Les Européens ont voté mais ils devront patienter pour savoir qui ils ont finalement désigné comme chef de l'exécutif.
25 mai 2014. Les Européens ont voté. En Grande-Bretagne et surtout en France, les europhobes ont provoqué le séisme attendu. Au Parlement, aucune majorité se semble s'être dégagée. Il faudra donc tenter une coalition. Récit d'une nuit post-électorale à Bruxelles.

21 h, dimanche soir. La mine longue, Joseph Daul, président du PPE, remonte la rue du Trône vers le parlement européen. Le centre-droit, dont est membre l'UMP,  restera la première formation du parlement européen. Mais en France, il vient d'essuyer une défaite historique, distancé pour la première fois par le Front National. Au siège du PPE, une poignée de journalistes attend la première déclaration de la tête de liste Jean-Claude Juncker.

21h30. « Le PPE peut revendiquer la présidence de la Commission », explique le Luxembourgeois dans la minuscule salle de presse du parti, rue du Commerce. Mais il se garde bien de réclamer le poste pour lui.

21h40. En France, Marine Le Pen demande que le premier ministre Manuel Valls « tire les conséquences » de la déroute des socialistes qui n'ont recueilli que 15% des votes. Les projections de siège annoncent une déroute des Français. Les élus du Front national pourraient former la quatrième plus importante délégation nationale du parlement.. Au Royaume-uni le raz de marée des nationalistes emmenés par Nigel Farage, qui devance socialistes et conservateurs, se confirme. 

22h30. Dans l'hémicycle, où des centaines de journalistes ont pris la place des députés, les leaders des partis politiques commencent un premier tour de piste. Joseph Daul se dit « triste de l'image que donne la France en Europe ». Et il met Marine Le Pen au défi. « Ce n'est pas à un parti de décider si la France doit sortir de l'euro. Il faudrait d'abord gagner les élections en France ».

22h45. Le leader du groupe socialiste, Hannes Swoboda confirme que les socialistes sont partis pour « chercher une majorité » et « avoir un dialogue » avec le PPE. Jean-Claude Juncker « doit nous dire s'il veut vraiment être président de la Commission », dit-il. Le libéral Guy Verhofstadt qui lui succède à la tribune annonce que son parti va « chercher des alliances ».

23h50. La première projection de siège confirme l'absence de majorité de droite ou de gauche, malgré les 27 sièges d'écart entre centre-droit et de centre-gauche.  Martin Schulz, le candidat social-démocrate monte sur la tribune et annonce qu'il a l'intention d' « essayer de former une majorité »

00h05. C'est au tour du libéral Guy Verhofstadt de se dire lui aussi candidat… L'ancien Premier Ministre belge a été formé au « compromis à la belge » et habitué à gouverner avec socialistes ou écologistes. Fort du recul des forces centristes, il plaide pour une « coalition stable » et se profile en « troisième homme ».

00h30. Enfin, le candidat du premier parti fait son entrée. Après quelques développements alambiqués, Jean-Claude Juncker finit par lâcher : « je peux être le président de la prochaine Commission » avec « une majorité aussi large que possible". Et d'en appeler aux Verts et aux Libéraux.

Quand le rideau tombe finalement sur ce premier spectacle électoral européen, le brouillard n'a jamais été aussi épais. Quel visage? Quel programme? Quelle majorité? Les Européens ont voté mais ils devront patienter pour savoir qui ils ont finalement désigné comme chef de l'exécutif.

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