L'inflation ralentit encore en zone euro

Par Romaric Godin  |   |  529  mots
L'inflation était de 0,3 % en novembre 2014 en zone euro
Les prix ont progressé de 0,3 % sur un an en novembre. Les prix de l'énergie ont fortement baissé, mais l'inflation sous-jacente se stabilise à un niveau historiquement bas. La BCE est prise au piège.

C'est une nouvelle pierre dans le jardin de la BCE. En novembre, les prix dans la zone euro n'ont progressé que de 0,3 % sur un an. La hausse des prix retrouve ainsi sont rythme de septembre après un mois d'octobre à 0,4 %. Sur un mois, les prix baissent pour la deuxième fois de suite, de 0,2 % après 0,1 % de recul en octobre. Plus que jamais, donc, l'inflation reste basse dans les 18 pays qui partagent l'euro.

Inflation sous-jacente stabilisée au plus bas

Encore une fois, c'est la chute des prix énergétiques qui mènent la danse et qui conduit au ralentissement de l'inflation. Sur un an, les prix énergétiques ont reculé de 2,5 %, contre un recul de 2 % en octobre. Mais, malgré cet effet, l'inflation sous-jacente, calculée en excluant les prix de l'énergie, de l'alimentation et du tabac, ne gagne aucune dynamique : elle demeure à 0,7 % sur un an, soit au même rythme qu'en octobre. Or, ce rythme est le niveau le plus faible enregistré en zone euro depuis sa création en 1999. Sur le seul mois de novembre, l'inflation sous-jacente recule de 0,1 %. Quant aux anticipations d'inflation sur les marchés, elle restait à 1,45 % pour l'estimation moyenne sur 5 ans, soit en deçà des 2 % visés par la BCE.

Impuissance de la BCE

Bref, la stabilisation de l'inflation sous-jacente ne peut donc être considérée comme un signe positif. D'autant que l'accélération de la baisse des prix dans l'énergie ne va pas manquer de se transmettre au reste de l'économie. La tendance n'est donc pas bonne. C'est très clairement un échec pour la BCE qui, depuis octobre 2013, tente d'inverser cette tendance par des baisses de taux et des mesures non conventionnelles. L'argent quasiment gratuit qu'offre la BCE (le taux directeur est à 0,05 %) n'a pas su relancer les prix. Le taux de dépôt négatif n'a pratiquement eu aucun effet. Les banques boudent le nouvel instrument de prêt à long terme, le TLTRO. Même la baisse de l'euro ne relance guère l'inflation, effacée par une faible dynamique du commerce et la baisse des prix des matières premières en dollars. La BCE ne peut que constater son impuissance.

Choix cornélien pour la BCE

Pourtant, comme il n'y a rien à espérer de la part des Etats ou du plan d'investissement lancé cette semaine par Jean-Claude Juncker, la BCE va devoir agir. Lors de sa réunion mensuelle du jeudi 4 décembre, le Conseil des gouverneurs va devoir estimer s'il doit ou non aller plus loin dans les mesures non conventionnelles. Compte tenu des signaux envoyés depuis quelques jours et de ce chiffre, il y a fort à parier que Mario Draghi ne confirme encore les espoirs d'un achat massif de dette souveraine. L'ennui, c'est que les effets de cette politique sur l'inflation seront très réduits. Mais comme chacun sur les marchés l'attend, ne pas le faire provoquerait une secousse qui pourrait accélérer l'entrée en déflation. Le choix de la BCE est donc cornélien entre une crise financière conduisant à la déflation ou une longue période d'inflation basse risquant aussi d'y conduire.