Alexis Tsipras devient Premier ministre et défie l'Europe

Par Romaric Godin  |   |  437  mots
Alexis Tsipras lors de la cérémonie d'investiture au palais présidentiel d'Athènes.
Le leader de Syriza a été officiellement nommé premier ministre au lendemain de sa victoire électorale. ce matin, il avait signé un accord avec les Grecs Indépendants. En préférant cette alliance à celle des centristes pro-européens, Alexis Tsipras lance un défi aux dirigeants de la zone euro.

C'est fait. Alexis Tsipras s'est rendu cet après-midi au palais présidentiel à Athènes pour être officiellement nommé par le président Karolos Papoulias. Il a prêté serment sans la bible et sans la présence de l'archevêque d'Athènes - et c'est une première en Grèce - et est ainsi devenu officiellement le nouveau chef du gouvernement du pays. Le premier d'une formation issu du mouvement communiste. Et ce n'est pas un détail. Le premier ministre sortant Antonis Samaras a refusé de le rencontrer lors de la transmission des pouvoirs.  A 40 ans, Alexis Tsipras devient aussi le plus jeune premier ministre de l'histoire grecque depuis Epaminondas Deliyoryis, nommé premier ministre en 1865 à l'âge de 36 ans.

Alliance avec les Grecs Indépendants

Il est vrai qu'Alexis Tsipras n'aura pas perdu de temps. Après une réunion d'un quart d'heure ce matin, Syriza et l'ANEL, le parti des Grecs Indépendants, ont annoncé un accord de coalition pour former un gouvernement. L'ANEL a obtenu 4,75 % et 13 élus lors du scrutin d'hier. La nouvelle coalition disposera donc d'une majorité de 11 sièges relativement confortable. Rien ne peut donc empêcher Alexis Tsipras de devenir premier ministre dans les prochains jours.

 La carpe et le lapin

Reste qu'il s'agit là un peu de l'alliance de la carpe et du lapin. L'ANEL est un parti très conservateur, issu de la scission des Eurosceptiques de Nouvelle Démocratie. C'est un parti qui a une rhétorique très nationaliste et qui n'échappe pas parfois à certains excès homophobes et antisémites. Mais c'est un allié sûr pour Syriza quant à sa politique européenne : l'ANEL rejette en effet comme le parti d'Alexis Tsipras l'austérité, la troïka et le mémorandum. Certes, cette alliance risque sur plusieurs sujets, notamment la gestion de l'immigration ou la sécurité, d'être fragile, mais son ciment sera la ligne dure face à l'Europe. Du reste, les deux partis avaient déjà passé un accord en novembre pour ne pas voter en faveur du candidat présidentiel d'Antonis Samaras et provoquer de nouvelles élections...

 Défi à l'Europe

 Avec cette alliance, Alexis Tsipras envoie un message fort à l'Europe : il n'est pas prêt à faire des concessions sur le terrain de la restructuration de la dette et de l'abandon de l'austérité. En choisissant comme partenaire l'ANEL plutôt que les centristes europhiles de To Potami, Syriza engage un véritable bras de fer avec l'Europe. Et en fait l'élément pivot de sa future politique. D'emblée, le ton est donné.

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