A quoi ressemble le gouvernement Tsipras ?

Par Romaric Godin  |   |  558  mots
Ce mardi 27 janvier, Alexis Tsipras sort du palais présidentiel accompagné des membres du premier gouvernement qu'il vient de former.
48 heures après les élections, le cabinet Tsipras est formé. Voici ses principaux membres.

 Alexis Tsipras a donc formé son premier gouvernement, une journée après sa nomination comme Premier ministre grec et deux jours après la victoire électorale de Syriza. Comme il l'avait promis, c'est une équipe resserrée comportant dix grands ministères, souvent néanmoins flanqués chacun de deux ou trois vice-ministres. Il y aura ainsi en tout 39 membres du gouvernement. Mais c'est une vraie différence avec le précédent cabinet qui comportait 20 ministres avec, là aussi, plusieurs vice-ministres.

 La vedette de ce nouveau gouvernement sera évidemment le ministre des Finances Yanis Varoufakis, économiste agile et peu orthodoxe très opposé aux positions de la troïka et à la logique dans laquelle l'économie grecque était jusqu'ici enfermée. Il sera aidé par deux vice-ministres de première importance. Nadia Valavani est une économiste respectée et une députée de Syriza qui jusqu'ici était spécialisée dans la politique étrangère. En charge des questions fiscales - essentielles aux yeux du programme de Syriza, qui veut faire payer les oligarques, notamment Dimitris (Kostas) Mardas.

 Yannis Sathakis, professeur d'économie politique à l'université de Crète, sera ministre de l'Economie, des Infrastructures, de la Mer et du Tourisme. Un autre économiste, Yannis Dragasakis, jugé plus modéré, devient vice-Premier ministre. Il est le seul membre du gouvernement a déjà avoir siégé dans un ministère: c'était en 1989, lorsqu'il représentait le parti communiste dans le gouvernement d'union nationale de Xénophon Zolotas. Il était alors vice-ministre de l'Economie.

 Le partenaire de coalition, le parti de droite eurosceptique Anel (Grecs Indépendants), obtient le ministère de la Défense pour son chef, Panos Kammenos. Il semblerait, selon le journal Kathimerini, que l'Anel ait donné son feu vert sur le programme économique, mais à deux conditions: aucune loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat d'une part, et d'autre part aucune reconnaissance de tout nom incluant le terme  « Macédoine » pour la Fyrom (ou Arym: l'Ancienne République yougoslave de Macédoine, qui selon l'Anel usurpe la dénomination de l'homonyme région grecque septentrionale). L'Anel a également quatre vice-ministres (Tourisme, Coordination gouvernementale, Développement rural et Macédoine).

 Aux Affaires étrangères, Nikos Kotzias est un ancien conseiller (comme Yanis Varoufakis) de l'ancien Premier ministre George Papandréou. C'est aussi un universitaire, professeur de relations internationales à l'université du Pirée. Il devra gérer dès jeudi la délicate question des sanctions contre la Russie, alors que Syriza a plusieurs fois fait part de sa volonté de ne pas sanctionner Moscou dans la crise ukrainienne.

 Nikos Voutsis, député de Syriza, est nommé ministre de l'Intérieur. C'est un cadre du parti.

 Le ministère de la « Reconstruction productive », de l'Environnement et de l'Energie est attribué à Panayiotis Lafazanis, un député de l'aile gauche du parti, connu pour avoir été un des leaders du soulèvement de l'école polytechnique contre la Junte des colonels en novembre 1973.

 Le ministère de la Santé est attribué à Panayiotis Kouroublis, la Justice à Nikos Paraskevopoulos et le Travail à Panos Skourletis.

 Ce gouvernement est très masculin (6 femmes sur 40 membres), mais la présidence du Parlement grec, la Vouli devrait être attribuée à Zoi Konstantopoulou. La prestation de serment a eu lieu et s'est déroulé en deux parties : une religieuse et une civile.