La BCE accorde un mois et demi de répit à la Grèce

Par Romaric Godin  |   |  421  mots
La BCE donne un filet de sécurité à la Grèce
Selon le quotidien allemand Die Welt, la BCE accorderait 60 milliards d'euros liquidité d'urgence à la Grèce. Cela représente une peu plus d'un mois et demi pour trouver un accord...

Selon le quotidien allemand Die Welt, la BCE accorderait un volant de 60 milliards d'euros aux banques grecques au titre du programme d'assistance à la liquidité d'urgence (ELA). Cette somme viendra en grande partie remplacer le mode de refinancement direct des banques grecques au guichet de la BCE. Rappelons que pour réaliser ces opérations normales, les banques doivent déposer des « garanties » ou « collatéraux » à Francfort. A partir du 11 février, les obligations d'Etat grecques ne seront plus acceptées comme garantie. Les banques devront se tourner vers l'ELA pour se refinancer.

56 milliards d'euros de refinancement en décembre

Que représentent, en temps, ces 60 milliards d'euros pour les banques grecques ? En décembre, les banques grecques ont demandé 56 milliards d'euros au guichet de la BCE. Pour obtenir les fonds, les banques avaient utilisé 33 milliards d'euros de collatéraux liés à une garantie d'Etat. Ce sont eux qui ne seront plus acceptés par la BCE. Les banques grecques disposent de 17 milliards d'euros de bons du FESF qui sont, elles, encore utilisables et 6 milliards d'effets divers acceptées. L'ELA viendrait donc remplacer 33 milliards d'euros.

Conjectures comptables

A ces chiffres déjà conjecturaux (ils changent chaque mois de quelques milliards d'euros), s'ajoute l'incertitude de l'utilisation actuelle de l'ELA par les banques grecques. Selon les rumeurs non officielles, en janvier, cette utilisation s'élèverait à 10 milliards d'euros. Du coup, on peut estimer grosso modo et avec beaucoup de prudence que la consommation mensuelle de fonds de l'ELA devrait sur un mois s'élever à une quarantaine de milliards d'euros. Avec 60 milliards d'euros, le système bancaire grec devrait donc pouvoir tenir un mois et demi.

Moins de deux mois pour trouver une solution

Comme la décision de la BCE concernant les collatéraux prend effet le 11 février, on peut donc estimer que si la BCE refuse après le 1er mars de renouveler l'ELA, faute d'accord avec les créanciers, la Grèce sera à court de liquidité autour de la fin mars. Du coup, ceci donne deux bons mois aux Grecs et aux Européens pour trouver une issue. Sachant évidemment que si la BCE décide de ne pas renouveler l'ELA à la fin du mois, la pression sur les négociations sera immense.

Chère ELA

Dernier point : l'ELA n'est pas un don. Comme toutes les opérations de refinancement, c'est un prêt qui est facturé au prix fort par rapport aux opérations normales de refinancement.  Il est facturé au taux de 1,55 % contre 0,05 % pour le taux principal de refinancement.