"Laisser du temps et de l'oxygène" pour que la Grèce puisse mettre en oeuvre les réformes (Pigasse)

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  491  mots
"Le gouvernement d'Alexis Tsipras s'engage à maintenir une discipline budgétaire, et donc à maintenir un excédent budgétaire primaire", a déclaré Matthieu Pigasse.
Le directeur général de la banque Lazard qui conseille le gouvernement grec sur la restructuration de la dette a réagi sur Europe 1, au lendemain de la prolongation du plan d'aide. Il estime qu'"au cours des 4 dernières années, les Grecs ont produit des efforts sans précédent".

"Il y a une volonté politique du gouvernement grec de mettre en oeuvre les réformes, leur détermination est très grande. Mais pour pouvoir les mettre en oeuvre, il faut leur laisser un tout petit peu de temps, desserrer l'étau de l'austérité, leur donner la bouffée d'oxygène nécessaire", a déclaré Matthieu Pigasse au micro d'Europe 1, samedi 21 février.

Le directeur général de la banque Lazard a ainsi réagi suite à la décision de l'Eurogroupe, vendredi 20 février ; lors de la troisième réunion en dix jours pour les 19 ministres de la zone euro, l'Europe s'est engagée à prolonger de quatre mois le financement de la Grèce, mais sous de strictes conditions. Athènes doit notamment présenter d'ici lundi soir une liste de réformes qui devra être approuvée par ses créanciers.

    Lire >> Accord sur la Grèce à l'Eurogroupe sur un financement de quatre mois

"Les Grecs ont produit un effort sans précédent"

Pour Mathieu Pigasse, "au cours des quatre dernières années, les Grecs ont produit un effort sans précédent, que personne n'a su produire". Et de préciser: "Ils ont réduit le déficit budgétaire de 15% du PIB à environ 2,9% aujourd'hui. Juste pour donner une comparaison, à la même période, la France l'a ramené d'à peu près 5% à 4,4%, et encore dans une douleur politique et sociale absolument incroyable".

Les Grecs "ont payé cet effort par des conséquences économiques et sociales très dures", a estimé Matthieu Pigasse, selon lequel "ce sont des gens responsables; le gouvernement d'Alexis Tsipras s'engage à maintenir une discipline budgétaire, et donc à maintenir un excédent budgétaire primaire, soit un excédent du budget avant paiement des intérêts de la dette".

La Grèce, un "des rares pays à avoir un excédent budgétaire primaire"

Par ailleurs, le banquier d'affaires a souligné que la Grèce "était un des rares pays de la zone euro à avoir un excédent budgétaire primaire; la France a un déficit budgétaire primaire. Ce pays a énormément souffert, il faut lui donner de l'air et de l'oxygène, et c'est notre intérêt à nous Européens".

La banque Lazard, qui avait conseillé la Grèce sur la restructuration de sa dette jusqu'en 2012, a également été choisi comme conseil par le nouveau gouvernement du parti anti-austérité Syriza.

Hollande salue "un bon compromis"

Le président François Hollande a qualifié samedi matin de "bon compromis" l'accord conclu vendredi à Bruxelles pour prolonger de quatre mois le financement européen de la Grèce, en évitant un risque de sortie de l'euro.

"Sur le dossier de la Grèce, nous avons cherché la bonne solution", a-t-il expliqué. "La bonne solution, c'était de prolonger le financement permettant à la Grèce d'assurer sa transition et de pouvoir honorer ses engagements."