Les Allemands quittent-ils l'Allemagne ?

Par L.P. avec AFP  |   |  369  mots
"Nombreuses sont justement ces personnes hautement qualifiées qui décident après un certain temps de revenir vers l'Allemagne", constate l'étude.
On peut se poser la question au regard d'une étude qui conclut, chiffres à l'appui, que, malgré un solde migratoire global largement positif, le solde entre les candidats allemands à l'émigration et ceux qui décident de rentrer au pays, lui, est négatif. Et quelles sont leurs destinations favorites ? La Suisse et les États-Unis arrivent en tête.

25.000. Voilà en moyenne le nombre de ses ressortissants que l'Allemagne a perdu chaque année entre 2009 et 2013, selon une étude intitulée "Mobilité internationale, motivations, conditions et conséquences" et publiée mardi 10 mars par le conseil d'experts des fondations allemandes pour l'intégration et les migrations (SVR).

Au cours de ces cinq années, ce sont au total 710.000 Allemands, plus jeunes et diplômés que la moyenne, qui ont quitté leur pays alors que 580.000 ont choisi d'y revenir. D'après l'étude, qui a étudié le flux d'émigrants sur une période plus longue, allant de 2004 à 2013, les pays cibles, dominés par la Suisse, sont principalement en Europe. Seuls le Canada et les États-Unis n'en font pas pas partie. Le SVR explique par ailleurs la forte émigration vers la Turquie (43.000), la Chine (24.000) et les Émirats arabes unis (14.000) par "la forte croissance économique affichée au cours de la période" étudiée.

Par souci de clarté, ce graphique ne prend pas en compte les 600.000 émigrants (40% du total) de la catégorie "Autre pays". 

Pas de fuite de cerveaux

Si les émigrants allemands ne reviennent pas tous au pays après l'avoir quitté, l'étude souligne que "l'analyse de l'ensemble des données [...]ne fournit aucun indice d'une 'fuite' durable des personnes hautement qualifiées de l'Allemagne vers l'étranger". Et poursuit :

"Nombreuses sont justement ces personnes hautement qualifiées qui décident après un certain temps de revenir vers l'Allemagne."

Flux migratoire largement positif

Il faut par ailleurs souligner que le flux migratoire est largement en faveur de l'Allemagne ces dernières années. Le pays, qui compte un niveau de naissances parmi les plus faibles au monde (1,37 enfant par femme en 2012 contre 1,99 pour la France en 2013 selon l'Insee), a ainsi enregistré l'an passé son excédent migratoire le plus important depuis le début des années 90, évalué à 470.000 personnes, selon l'Office fédéral des statistiques (Destatis).

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Ce flux migratoire nettement positif, tiré par les Polonais (197.009 personnes) suivis par la Roumanie (135.416) et la Bulgarie (59.323), a ainsi permis d'enregistrer outre-Rhin une hausse de la population pour la quatrième année de suite.