Executive Life : Peyrelevade s'incline

L'ancien patron du Crédit Lyonnais s'était toujours refusé à la moindre reconnaissance de culpabilité. Mais pour tourner la page de cette sombre affaire, il n'a eu d'autre choix que de tourner casaque.

L'affaire Executive Life n'en finit pas de se rappeler au mauvais souvenir de celles et ceux qui y ont été mêlés à un titre ou un autre. En attendant de connaître le sort définitif réservé à Artémis, le holding de l'homme d'affaires François Pinault, c'est à Jean Peyrelevade, l'ancien patron du Crédit Lyonnais, de solder son contentieux avec la justice américaine. Mis en accusation outre-Atlantique et sous le coup d'un mandat d'arrêt international lui interdisant de facto de quitter le territoire national, le sauveur de la banque au lion, désormais propriété du Crédit agricole, n'a eu d'autre choix que de trouver un compromis. Il s'est ainsi résolu à plaider coupable, ce qu'il refusait obstinément de faire depuis plus de deux ans.

On se rappelle en effet qu'en décembre 2003, au moment où l'Etat français et Artémis parvenaient à un accord amiable avec le parquet de Los Angeles, Jean Peyrelevade avait refusé de reconnaître une quelconque responsabilité personnelle dans cette affaire. Nommé fin 1993 à la tête du Lyonnais, il n'avait pas participé à la reprise litigieuse de la compagnie d'assurance californienne et considérait par conséquent qu'il n'avait rien à se reprocher. Que les enquêteurs soient parvenus à la piéger au sujet d'un document reçu à son secrétariat n'avait fait qu'ajouter à sa détermination à faire reconnaître officiellement sa bonne foi. Deux ans plus tard, force est de constater qu'il n'y est pas totalement parvenu.

Bien sûr, le système judiciaire américain est ainsi fait qu'il est à la fois possible de plaider coupable et en même temps d'affirmer son innocence. C'est ce traitement pour le moins paradoxal qui a été réservé à Jean Peyrelevade. Mais pour le parquet de Los Angeles, l'essentiel est bien que le banquier ait plaidé coupable, se soit vu infliger une amende et une peine de bannissement du territoire américain pour trois ans. De chaque côté de l'Atlantique, chacun peut donc donner sa lecture de ce compromis.

Sur le fond, l'ancien patron du Lyonnais a bel et bien du accepter ce qu'il a longtemps refusé. Aussi obstiné dans la défense des intérêts du Lyonnais, lorsqu'il présidait à sa destinée, qu'à défendre son honneur dans l'affaire Executive Life, Jean Peyrelevade est cette fois tombé sur plus têtu que lui : Un petit procureur américain qui n'a eu de cesse d'obtenir sa reddition. Au moins l'ancien patron du Lyonnais peut-il tourner la page. C'est peut-être sa seule consolation au lendemain d'un accord au goût forcément un peu amer.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.