Dick Grasso, grand absent du sacre du Nyse

Alors que le New York Stock Exchange fait peau neuve, le contraste entre la gestion de son actuel président, John Thain, et celle de son prédécesseur Dick Grasso est saisissant: le premier est encensé, le second est sous le coup d'une enquête du procureur Eliot Spitzer...

Cruel hasard de calendrier! Le jour même où le New York Stock Exchange (Nyse) officialisait sa fusion avec Archipelago, son ancien président, Dick Grasso, était interrogé par les équipes du ministre de la Justice de l'Etat de New York, Eliot Spitzer, dans l'optique du procès qui s'ouvrira en octobre sur sa rémunération.

Après le rapprochement de la première Bourse mondiale en termes de capitalisation et de la plate-forme électronique, la nouvelle entité, le Nyse Group, est entrée hier en Bourse. Il s'agit d'un véritable triomphe pour son actuel président, John Thain, qui projette ainsi le Nyse dans l'avenir, alors que les anciens détenteurs de sièges du Stock Exchange ne se gênent plus pour dire que Dick Grasso constituait un frein, sinon un boulet, pour le développement de l'entreprise. Instauration d'un système "hybride" mêlant criée et transactions électroniques, diversification dans les instruments dérivés et les obligations, puis internationalisation constituent autant de projets immédiats ou de plus longue haleine pour Thain.

Grasso, par contraste, était très attaché à l'ancien profil et au "business model" traditionnel du Nyse: répartition du capital entre détenteurs de sièges, système d'enchères à la criée, une offre essentiellement portée sur les actions... des vestiges du passé qui ne correspondent plus aux réalités ni aux aspirations des grandes places internationales qu'elles soient américaines, européennes ou asiatiques.

Avec sa fusion et son introduction, la Bourse de New York fait donc peau neuve. Et l'audition cette semaine de Dick Grasso ne fait que renforcer le saisissant contraste entre les pratiques de "l'ancien" Nyse et l'éthique dont le "nouveau" Nyse Group se veut le champion. Voilà deux ans, Dick Grasso avait dû quitter ses fonctions après avoir été critiqué par les autorités de marché pour n'avoir pas respecté les critères de gouvernance d'entreprise qu'il imposait aux sociétés cotées au "Big Board".

Grasso siégeait en effet au conseil d'administration de Home Depot... dont le co-fondateur, Kenneth Langone, était alors responsable de la commission des rémunérations du Nyse! Une fronde au sein du conseil d'administration de la Bourse a alors conduit Grasso à démissionner, mais Eliot Spitzer, toujours sur la brèche, a décidé d'enquêter et de mener une action en justice au sujet du salaire de l'ancien dirigeant.

Jugé "déraisonnable" par le magistrat, celui-ci s'élevait à 140 millions de dollars par an. Une somme vertigineuse et surtout incompatible avec les lois de l'Etat de New York sur les sociétés à but non lucratif.

Au lieu de célébrer l'avènement du Nyse, entreprise dont il a gravi pas à pas les échelons jusqu'à accéder à son sommet, Dick Grasso répondait cette semaine à des enquêteurs armés d'un million de pages de documents. "Ils ont pour trente-cinq années et demi de questions", s'est plaint l'ancien responsable alors qu'il allait à leur rencontre. Pas de quoi sabrer le champagne en effet!

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