Fusion géante entre les marchés à terme de Chicago

Le Chicago Mercantile Exchange va racheter pour 8 milliards de dollars le Chicago Board of Trade. Cette fusion entre les deux acteurs historiques américains en matière de contrats à terme et produits dérivés va donner naissance au leader mondial en la matière.

C'est une fusion au sommet qui a été annoncée aujourd'hui dans le domaine des marchés à terme. Les deux "ancêtres" en la matière, le Chicago Mercantile Exchange et le CBOT, Chicago Board of Trade, ont annoncé le rachat du deuxième par le premier, pour un montant de 8 milliards de dollars (6,4 milliards d'euros). Cette fusion va donner naissance au numéro un mondial des produits dérivés.

Selon les termes de l'accord conclu entre les deux groupes, les actionnaires du CBOT recevront 0,3006 action de classe A du "Merc" pour chaque titre apporté, ou l'équivalent en cash. La partie cash de l'offre est plafonnée à trois milliards de dollars. L'accord valorise le CBOT à 151,27 dollars par action, soit une prime de 16,7% par rapport au cours de clôture de mardi.

Cette fusion mettra fin à la rivalité historique qui opposait les deux grands marchés américains de contrats à terme. Le CBOT et le Merc sont tous deux basés à Chicago en raison de leur origine historique: le besoin de fournir aux agriculteurs du Middle West américain des instruments financiers pour se couvrir contre les fluctuations de cours sur des produits comme le blé, le maïs ou la viande de boucherie. Au fil des décennies écoulées, les deux marchés se sont progressivement diversifiés vers les contrats à terme sur produits financiers, avec notamment les contrats sur les taux d'intérêt du Trésor US.

Traditionnellement opposés l'un à l'autre en une concurrence acharnée, les deux marchés de Chicago se sont laissés dépasser au premier rang mondial par l'émergence du marché allemand des produits dérivés, avec son contrat sur taux d'intérêt Eurex. Ils ont également pris du retard en matière de technologie, continuant à utiliser la technique du parquet, là où les marchés à terme modernes sont entièrement dématérialisés. D'où la nécessité pour eux de contre-attaquer avec cette fusion au sommet.

L'opération est justifiée, selon ses promoteurs, par les possibilités qu'elle offrira de réduire les coûts et de servir davantage de clients. Permettant à Chicago de retrouver sa place de centre mondial des contrats à terme et produits dérivés, l'opération est accueillie avec enthousiasme par les professionnels de la grande ville de l'Illinois. "Fondamentalement, ils vont désormais se battre contre les autres marchés de la planète, c'est Chicago avant tout", se félicite ainsi Boyd Cruel, analyste chez Alaron Trading, à Chicago, cité par Reuters. L'enthousiasme se manifeste notamment par une envolée des cours des deux groupes. En milieu de séance, mardi, l'action du CBOT gagne plus de 13% à 152,20 dollars, tandis que celle du CME gagne 2,39% à 515,30 dollars.

Mais certaines voix discordantes s'élèvent toutefois. Ainsi, Randy Frederick, directeur des marchés de dérivés chez Charles Schwab, a déclaré à Reuters être "choqué" par une telle combinaison des deux marchés leaders aux Etats-Unis. Cela va donner naissance à une entité "presque comme Microsoft", avec laquelle il sera très difficile d'être en compétition, estime-t-il.

Ce rapprochement confirme en tout cas la tendance actuelle aux fusions au sommet dans les marchés financiers. Alors que le Nasdaq est devenu le principal actionnaire du London Stock Exchange, Euronext a lancé un processus de fusion avec le New York Stock Exchange. Processus auquel voudrait bien s'opposer la Deutsche Börse allemande, qui convoite elle aussi une reprise d'Euronext.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.