La radio par satellite américaine peine à décoller

Les analystes prévoyaient un avenir radieux aux opérateurs de radio par satellite. Mais leurs déboires s'accumulent et Wall Street déchante.

L'année 2006 devait constituer un tournant historique pour la radio par satellite américaine. Un inéluctable avènement. En janvier, ses deux principaux opérateurs que sont Sirius et XM bombaient le torse, promettant de capter trois millions d'abonnés chacun d'ici à la fin décembre, de redresser leurs comptes de résultats et de valider, quelque six ans après leur naissance, leur "business model" auprès de la communauté financière.

Celui-ci ne manque pas d'originalité: les opérateurs font fabriquer et distribuer par des groupes industriels des récepteurs satellites vendus sous forme de tuners, de baladeurs MP3 et d'autoradios. Mais ces appareils ne fonctionnent que si leur propriétaire prend ou renouvelle un abonnement coûtant près de 13 dollars par mois.

Les opérateurs - qui au total revendiquent 11 millions d'auditeurs soit deux millions de plus qu'à la fin 2005 - auront bientôt l'occasion de mesurer leur véritable attrait. Depuis janvier, Sirius et XM ont élargi leur audience, mais souvent à l'aide de méthodes dont les bénéfices pourraient être de courte durée.

Nombre d'auditeurs récemment captés ont en effet reçu un abonnement gratuit d'un an à l'occasion de l'acquisition d'une automobile. D'autres ont acheté, ou se sont fait offrir, leur baladeur au moment des fêtes de fin d'année 2005, lorsque des modèles étaient vendus à des prix dérisoires et à perte - certains à partir de 30 dollars - afin de gonfler audiences et parts de marché.

Wall Street attend donc avec impatience la fin 2006 pour vérifier le "churn" de Sirius et XM, c'est-à-dire l'attrition ou le taux de pertes de clients des deux entreprises.

En attendant, les déboires s'accumulent pour les opérateurs dont les cours de Bourse s'effondrent. Celui de XM chute de 51% à 13,31 dollars depuis le début de l'année tandis que l'action Sirius abandonne 42% à 3,86 dollars. Les auditeurs les plus fervents de XM et Sirius apprécient l'accès à des musiques peu diffusées sur les ondes, des concerts exclusifs, ainsi que l'absence de publicité et de censure.

Autre point fort, les programmes, donc les oeuvres diffusées, sont organisables et stockables, comme sur un lecteur MP3 classique. Il n'est pas étonnant dans ces conditions que la Guilde des compositeurs soutienne un procès qu'intente l'Association américaine des producteurs de disques (RIAA) à XM. De son côté, Sirius s'est résigné à négocier avec la même organisation le versement de droits d'auteur pour d'un montant non dévoilé.

Les deux concurrents rencontrent aussi de sérieux problèmes avec leurs autoradios. Le signal qu'ils émettent est si fort que les voitures avoisinant celles de leurs auditeurs captent leurs programmes dans le bas de la fréquence FM, peuplée de radios publiques et religieuses. Il n'est donc pas rare qu'au hasard d'un embouteillage, des oreilles conservatrices se trouvent soudainement immergées dans une émission du potache Howard Stern auquel Sirius a accordé 500 millions de dollars pour un contrat de cinq ans. La Commission fédérale des communications (FFC), qui avait condamné Stern à plusieurs reprises lorsqu'il sévissait sur les ondes hertziennes, a demandé à Sirius d'interrompre la commercialisation de plusieurs autoradios tandis que les procès intentés par des auditeurs involontaires se multiplient...

L'année 2006 risque donc de finir plus mal qu'elle n'avait commencé pour Sirius et XM, dont les pertes cumulées avaient dépassé le milliard et demi de dollars en 2005.

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