Nicolas Sarkozy s'empare du dossier EADS/Airbus

Ce vendredi matin, lors d'une rencontre avec les syndicats d'Airbus, le nouveau chef de l'Etat a indiqué que la France jouerait son rôle d'actionnaires en cas d'augmentation de capital d'EADS. Alors qu'il veut revoir le pacte d'actionnaires du groupe, Nicolas Sarkozy a déclaré que l'Etat se désengagerait une fois que l'entreprise aura retrouvé une bonne santé.

Nicolas Sarkozy s'empare à bras le corps du dossier EADS/Airbus. Alors qu'il s'est rendu en fin de matinée, ce vendredi, à Toulouse pour rencontrer les syndicats d'Airbus, le nouveau chef de l'Etat a indiqué que la France était prête à faire son devoir d'actionnaires pour aider financièrement EADS. "L'Etat fera son devoir s'il doit y avoir une augmentation de capital", a-t-il déclaré.

Pour lui, le problème du groupe européen d'aéronautique et de défense "n'est pas un problème de gouvernance mais un problème d'actionnariat" : "vous ne règlerez pas le problème de gouvernance dans l'entreprise si vous ne réglez pas le problème d'actionnaires", a déclaré Nicolas Sarkozy, favorable à la remise en cause du pacte d'actionnaires signé en 2000 entre l'Etat français, Lagardère et Daimler, selon lequel les deux derniers groupes ont le pouvoir de décision. "Comment voulez-vous faire entrer de nouveaux actionnaires dans un pacte où ils auront le droit de payer mais pas de parler ?", a-t-il dit, alors que le fonds d'investissement dubaiote, Dubai International Capital, a déclaré ce matin étudier activement la possibilité d'entrer au capital d'EADS.

Surtout, le nouveau président a indiqué que l'Etat n'a pas vocation à rester dans le capital d'EADS une fois que le groupe aura retrouvé une bonne santé. "Quand l'entreprise ira bien, on pourra s'en séparer", a-t-il déclaré selon l'agence Reuters. Ceci, alors que Lagardère entend également se désengager, peut être dans les cinq ans.

L'Etat français détient 15%, Lagardère aussi mais la moitié est en cours de cession. Côté allemand, Daimler possède également 15% aux côtés d'un consortium d'investisseurs totalisant 7,5% des actions, où figurent l'Etat fédéral allemand et certains Länder. Le reste de l'actionnariat est flottant.

Nicolas Sarkozy a annoncé la tenue d'une réunion "début juillet" à Toulouse avec la chancelière allemande Angela Merkel sur la question d'EADS. Selon le président français, Angela Merkel aurait donné son accord sur une "réunion à quatre", comprenant les groupes privés Daimler et Lagardère, l'Etat français et l'Etat allemand. "Si on ne se voit pas, on ne voit pas comment on peut régler les problèmes", a jugé le chef de l'Etat. Il s'est dit convaincu de trouver un accord avec Angela Merkel qu'il a rencontré mercredi dernier.

"J'ai trouvé quelqu'un qui a parfaitement compris qu'il fallait agir vite. On ne peut pas lui reprocher de défendre son pays. Mais il n'y a pas de querelle entre les pays. Ce que je veux, c'et que ça marche". Un porte-parole du gouvernement allemand a de son côté expliqué que Angela Merkel et Nicolas Sarkozy avaient manifesté mercredi leur "intérêt commun à garder le groupe concurrentiel pour l'avenir".

Alors qu'il a renouvelé sa confiance au co-président exécutif d'EADS, Louis Gallois, qui l'accompagnait, Nicolas Sarkozy s'est engagé sur la pérennité du site d'Airbus à Méaulte (Somme), qui doit être cédé dans le cadre du plan d'économies Power 8. "Des moyens seront dégagés pour la pérennité du site", a-t-il insisté. "Si Latécoère trouve les moyens, 500 millions d'euros pour créer une joint-venture avec Airbus, pour moi, franchement, ce n'est pas un problème".

Dans le plan de restructuration prévu par la direction, Méaulte n'est pas appelé à disparaître, mais à sortir du périmètre de l'avionneur via une cession à un partenaire industriel à risque. Mais, pour les syndicats, "externaliser Méaulte, c'est casser la structure du groupe", a répondu Jean-François Knepper, coprésident (FO) du comité d'entreprise européen.

Enfin, en pleine polémique sur les 8,5 millions d'euros d'indemnités de départ de l'ancien co-président d'EADS, Noël Forgeard, Nicolas Sarkozy a indiqué vouloir "rendre illégale la pratique des golden parachutes". "Deux poids deux mesures, c'est malhonnête, c'est injuste. Dans une entreprise dans laquelle l'Etat est actionnaire, il doit y avoir des règles éthiques plus marquées qu'ailleurs".

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