Toyota Rav 4 : le pionnier du 4x4 compact est une valeur sûre

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1505  mots
Pionnier du « Crossover » compact en 1994, le petit Toy est devenu plus gros, plus lourd, plus familial. Jadis 4x4 le plus populaire de France, le Rav 4 de quatrième génération devient une solution alternative au monospace. Un changement d’orientation au bénéfice du confort, de la douceur et de l’espace à bord. Avec une transmission aux quatre roues, il est très sûr mais pas passionnant à conduire.

Né en 1994, le Rav 4 fut le pionnier des 4x4 compacts. Doté alors d'une bouille de bande dessinée, ce modèle archi-compact, gai, agile et amusant à conduire, avait une sacrée personnalité. Malheureusement, la firme nippone n'a cessé depuis, au fil des générations, d'édulcorer sa personnalité. Carré, massif, taillé à la serpe - bien protégé par de vrais pare-chocs et des bourrelets latéraux en plastique -, ce Land Cruiser en réduction devient de plus en plus « Toyota », c'est-à-dire dessiné sagement, sans trop d'audace dans un style consensuel pour ne déplaire à personne.

 

Rationnel, solide et triste

 

Même chose à l'intérieur, avec des formes géométriques, fonctionnelles. Tout est à sa place, bien construit avec des plastiques costauds mais pas très valorisants, tristes, noirs - même sur la version huppée « Lounge ». A ce jour, Toyota ne propose aucun choix de coloris interne, hélas - même s'il se murmure que le japonais va offrir des versions plus chaleureuses l'an prochain. Et ce ne sont pas les « décorations » en faux aluminium gris ou le skaï souple sur la planche de bord imitant (mal) le cuir, qui rehaussent l'ensemble.

 

Heureusement, et comme à l'accoutumée, tout cela est efficace au quotidien. La position de conduite se révèle satisfaisante avec de multiples réglages, les sièges sont agréables et maintiennent bien le dos. Devenu un « gros » 4x4 compact (+24 centimètres par rapport à l'ex-Rav 4 III et +90 par rapport au premier de la lignée), le nouveau venu est habitable, pratique avec ses sièges arrière qui peuvent s'effacer pour offrir un vaste espace de chargement plat. Le grand coffre carré est parfait.

 

Défauts d'ergonomie

 

Quelques défauts d'ergonomie agacent toutefois. Les logements pour de menus objets sur la console sont, comme d'habitude, tarabiscotés et dépourvus de feutre ou de caoutchouc. Les objets se baladent donc à chaque virage. Le compteur de vitesses n'est pas tout à fait adapté aux limitations françaises. Les chiffres impairs ne figurent pas (50, 90, 110, 130), là où sont généralement les vitesses maximales dans notre beau pays. Mais, le pire c'est le bouton "Sport" pour la boîte auto. Quelle idée d'aller le nicher au fond, dans le bas de la console, où il est quasi-invisible! Il faut se pencher, quitter la route des yeux et tâtonner pour l'enclencher. Farfelu. Critiquons aussi le hayon électrique, dont l'ouverture et la fermeture automatiques sont trop lentes.

 

Saluons en revanche l'écran central tactile placé en hauteur et lisible. Mais, impossible d'afficher le GPS et de changer une station de radio mémorisée en même temps. Agaçant. En outre, sur une route bosselée, il est très difficile de taper juste sur l'icône du premier coup. Des boutons, c'était finalement plus pratique...

 

Mécanique docile

 

Si le style consensuel ne fera pas tourner les têtes, les qualités dynamiques sont réelles. Le Rav 4 version IV fait preuve d'une belle homogénéité. Le moteur diesel de 124 chevaux en deux roues motrices, essayé au printemps, nous avait plu. Ici, nous avons droit à un moteur de 150 chevaux très « propre », puisqu'il bénéficie du système de dépollution« D-CAT » qui réduit simultanément les rejets de particules et les oxydes d'azote (NOx), une boîte auto et quatre roues motrices. La mécanique se montre douce et élastique. Mais la transmission auto à six rapports n'est certainement pas le dernier cri de la technologie. En position « » (Sport), elle fait preuve d'une bonne réactivité. Mais elle handicape les performances. Vu le poids à tirer (1,65 tonne), accélérations et relances ne sont pas terribles. On a du mal à décompter les150 chevaux !

 

Consommation élevée

 

Cette boîte n'a rien à voir certes avec la vivacité d'une transmission à double embrayage comme chez Volkswagen. Mais, prudent comme toujours, Toyota reste sceptique sur la fiabilité de la « DSG » du groupe allemand - à juste titre d'ailleurs. Tant que tout cela ne sera pas complètement fiabilisé, le japonais ne changera pas sa transmission. Evidemment, une boîte auto à l'ancienne et la lourdeur du système des quatre roues motrices ne sont pas favorables aux consommations. Nous avons avalé 9,7 litres de gazole aux cents sur notre parcours, contre un peu plus de 7 litres seulement avec la version 124 chevaux 4x2 boîte manuelle. Le différentiel est sensible.

 

Comportement rassurant

 

Par rapport à l'ancienne mouture, la surprise vient du confort. Celui-ci a progressé. Mais, si celui-ci nous avait séduit sur la version 4x2 plus légère avec des pneus normaux, ici, c'est moins bien. Sur la version de luxe "Lounge" à quatre roues motrices avec de grandes roues (55R18), les trépidations se montrent assez fermes sur les chaussées déformées et surtout sur les brutales dénivellations comme les inénarrables ralentisseurs, avec lesquels nos élus ont défoncé les chaussées de notre belle France. 

 

Si la conduite du précédent Rav 4, plus court, pouvait être amusante, la quatrième génération est nettement moins passionnante, avec une agilité très en retrait. Sur la version 4x4 de notre essai, la direction était étonnamment pesante. Cette lourdeur entrave toute velléité de conduite dynamique sur route sinueuse. Du coup, la voiture semble paresseuse à virer. A défaut d'afficher la moindre vivacité, ce véhicule lourd et placide se montre rassurant, avec une très grande neutralité du comportement. Signalons que l'insonorisation est mieux traitée que dans d'autres modèles de la marque. La firme japonaise assure que des matériaux insonorisants supplémentaires ont été installés sur les points stratégiques… Mais des résonances en provenance des passages de roues demeurent.

 

Version 4x4

 

La transmission aux quatre roues (AWD) permet une meilleure motricité sur sol humide, gras, et a fortiori neigeux ou boueux. Même si la version 4x2 ne nous avait pas posé de problème sur route lors du test au printemps 2013. Lors d'un démarrage dans la neige ou la boue, l'augmentation du couple attribué au train arrière (jusqu'à 50%) préserve ici ladite motricité. Si, sur route et en ville, la transmission du couple au train arrière est ramenée à 0% pour économiser le carburant, dès que le système détecte un patinage, donc un sol glissant, la gestion du couple est aussitôt réactivée pour préserver la stabilité. Pas mal.

 

Lorsque les roues avant dérapent et que le véhicule sort de sa trajectoire, le système «  ESP » vient en aide pour remettre la voiture sur les rails et les roues arrière reçoivent du coup une partie du couple moteur. On peut ici évidemment s'évader du bitume, comme nous l'avons constaté, avec efficacité. Mais, attention : le Rav 4 conserve un défaut traditionnel, à savoir la ligne d'échappement saillante sous la voiture. Gare aux chemins trop creux ou aux pierres !

 

Pas donné, le Rav 4 AWD

 

Le Rav 4 IV diesel 4x2 est compétitif. Avec les quatre roues motrices (AWD), c'est plus cher. Comptez 29.490 euros avec un diesel de 150 chevaux dans la finition de base « Le Cap » ! Avec la boîte auto, il faut monter à la finition intermédiaire « Life » (caméra de recul, hayon électrique, anti-bouillards, six haut-parleurs…) à 33.390. « Notre » version « Lounge » très complète (accès et démarrage sans clé, sièges électriques en cuir, GPS, pack sécurité avec moniteur anti-angle mort et avertisseur de changement de ligne déconnectables…) est à 38.390. Ca commence à être onéreux.

 

Un conseil : exigez des jantes plus petites de 17 pouces (option gratuite) au lieu de 18, qui amélioreront le confort et feront légèrement baisser les rejets de CO2 ! Du coup, elles vous permettront d'économiser 800 euros de malus. Bon à prendre, car, même ainsi, ce malus prétendument écologique est déjà à 2.200 euros…

 

Réputation de fiabilité

 

Quintessence du savoir-faire et du style Toyota, ce modèle sérieux, voire austère, placide, sera un ami fidèle, rigoureux, solide, sur qui on peut compter. Toyota se classe toujours parmi les meilleurs dans les enquêtes sur la satisfaction des consommateurs. Après des problèmes de fiabilité sur les diesels, le Rav 4 semble redevenu une valeur très sûre. Un point crucial à prendre en compte lors de la décision d'achat. Quant au réseau Toyota en France, il est tout aussi réputé pour la qualité de ses prestations.

 

Modèle d'essai : Toyota Rav 4 D-Cat 150 bva AWD Lounge : 38.390 euros (+2.200 euros de malus)

 

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,57 mètres (long) x 1,84 (large) x 1,66 (haut)

 

Qualités : comportement rassurant, moteur doux et souple, vaste habitabilité, carrosserie bien protégée, finition solide, réputation de fiabilité

 

Défauts : performances quelconques, lourdeur générale, gros malus, intérieur triste, hayon électrique lent, détails d'ergonomie agaçants

 

Concurrentes : Renault Koleos dCi 175 4x4 bva Initiale : 35.650 euros ; Mazda CX-5 2,2 D 150 bva AWD Dynamique : 35.900 euros ; Honda CR-V 2,2 i-DTEC 4WD Executive NAVI A/T : 37.850 euros

 

Note : 14 sur 20