Mazda 3 : la rivale nippone des Golf et 308 veut jouer les belles italiennes

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1056  mots
Le constructeur nippon de Hiroshima sait dessiner de belles autos. Esthétique réussie, mécanique originale et efficace, réputation de fiabilité, la Mazda 3 est séduisante. Question : faut-il aller chercher une voiture au Japon, alors qu’une Peugeot 308 ou une VW Golf sont tout aussi réussies ?

Mazda fait de belles autos. Est-ce le côté méridional du constructeur de Hiroshima qui lui fait dessiner des voitures plus « italiennes » que les autres japonaises ? En attendant de lancer l'an prochain un roadster qui - consécration suprême - servira justement de base à la prochaine découvrable d'Alfa Romeo, la firme japonaise a concocté une berline compacte « 3 » aux lignes fluides et harmonieuses, qui se remarquent. Ce n'est pas si courant chez les constructeurs asiatiques. Ou alors, ils font carrément dans le mauvais goût tapageur… Sans atteindre la sensualité d'une Alfa Giulietta, l'esthétique de la Mazda 3 est un de ses atouts majeurs.

 

Sérieux et triste à l'intérieur

 

Dommage qu'on ne retrouve pas exactement la même inspiration à l'intérieur. L'habitacle est très correctement présenté, mais demeure triste, bien moins chatoyant, avec des plastiques solides et bien assemblés mais manquant un peu de cachet. L'ambiance n'est pas aussi raffinée qu'on l'espérait. Et, pour avoir un peu de couleur, il faut grimper à la finition de pointe, qui permet des sièges en cuir beige. Sinon, c'est noir pour tout le monde ! Et ça, on n'aime pas.

 

Mazda n'est pas seul dans ce cas, certes. Les versions de base des Volkswagen Golf, Peugeot 308, Renault Mégane ou autres Ford Focus sont tout aussi lugubres. Mais, ici, vu les ambitions de la carrosserie, on s'attendait à autre chose.

 

Ergonomie parfois agaçante

 

Si la position de conduite est bonne, nous n'avons pas apprécié l'ergonomie de l'écran central, avec menus et sous-menus complexes, pas intuitifs même pour chercher une station de radio et qui obligent pour la moindre opération à aller chercher la molette entre les sièges…

 

On regrette aussi que, contrairement aux Volkswagen, Peugeot, Citroën, Opel, la vitesse ne s'affiche pas en gros chiffres devant les yeux. Car le compteur de vitesse gradué jusqu'à 260 ( !) est trop petit avec des repères mal identifiés. Fatiguant à l'heure où il faut conduire l'oeil rivé à sa vitesse au kilomètre-heure près.

 

Si l'on est bien installé à l'avant, l'arrière ne réserve pas autant d'habitabilité que les mensurations extérieures généreuses le laissent paraître.

 

Très bon diesel

 

Le moteur diesel Mazda est fort original. Il s'agit d'une mécanique de forte cylindrée (2,2 litres de cylindrée), déjà compatible avec les futures normes d'anti-pollution Euro 6 sans système de traitement spécifique des oxydes d'azote, puisque la mécanique est intrinsèquement propre. Tout ça, quand la concurrence opte pour des « petits » 2,0 ou 1,6. Cela permet de donner du répondant au véhicule, pas comme le 1,6 dCi de Renault qui fait caler en ville.

 

La puissance de 150 chevaux est très honnête. L'agrément, la souplesse et les performances sont intéressants. Mais la puissance n'est pas démonstrative. La rondeur du moteur fait plaisir. Nous avions été déçus en essayant il y a plusieurs mois cette mécanique sur le « SUV » (4x4) CX-5. Mais, sur cette compacte « 3 » bien plus légère, rien à redire.

 

Sobriété de mise

 

Les vitesses passent bien, mais on apprécie moins le trou entre la deuxième et la troisième, qui génère un léger à-coup si l'on rétrograde trop brutalement. Le bilan mécanique se révèle donc satisfaisant. Et ce, d'autant plus que, malgré sa cylindrée élevée, la consommation est parfaitement contenue.

 

Nous avons avalé moins de 6 litres aux cents de gazole, avec il est vrai beaucoup de route et peu de ville. Les rejets de CO2 atteignent 107 grammes au kilomètre, une valeur très basse pour une compacte de 150 chevaux. Bravo.

 

Confort mais trop de bruit

 

Le comportement routier est efficace, sans histoires. Mais, on est loin de la précision de la nouvelle Peugeot 308. En sortie de virage à vive allure, le train avant un peu indolent a tendance à élargir la trajectoire. Il faut dire que les pneus Toyo à basse résistance au roulement ne sont pas très efficaces. La direction, légère, est appréciable en ville, mais gagnerait à être plus ferme à haute vitesse, surtout que la voiture est sensible au vent latéral.

 

Le confort ne pose aucun problème. La voiture est douce, au moins avec la monte pneumatique de base de notre version d'entrée de gamme. Sur les finitions plus luxueuses, de grandes jantes à pneus à flancs bas rendent les réactions beaucoup plus fermes. Au chapitre confort, critiquons les bruits aérodynamiques et de roulement, trop importants sur autoroute.

 

Tarifs intéressants

 

Les prix sont compétitifs par rapport à la puissance et l'équipement s'annonce complet. Notre version de base Elégance à 27.200 euros comprend le GPS, les rétroviseurs électriques chauffants rabattables, les sièges avant également chauffants, le système d'alerte de véhicule à proximité (que nous avons coupé), le démarrage sans clé (mais pas l'accès mains libres), la surveillance de pression des pneus, l'assistance au démarrage en côte (perfectible). On a tout ce dont on a besoin. Mais les phares ne sont pas fameux !

 

Reste une question socio-politique de fond : faut-il aller chercher si loin une voiture développée et produite au Japon, alors que l'Europe conçoit et fabrique de non moins excellentes compactes (Peugeot 308, Citroën C4, Volkswagen Golf, Ford Focus…) ? Est-il nécessaire de favoriser l'emploi au bout du monde au détriment de celui sur notre Vieux continent ? Sinon, la Mazda 3 est une très bonne voiture, sérieusement conçue et rigoureusement fabriquée. Le réseau n'est pas très dense en France et les pièces sont réputées onéreuses. Mais la marque jouit d'une forte réputation en matière de fiabilité et de longévité.

 

 

Modèle d'essai : Mazda 3 2,2 Skyactiv-D Elégance : 27.200 euros

 

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,46 mètres (long) x 1,79 (large) x 1,45 (haut)

 

Qualités : esthétique séduisante, qualité de finition, moteur plein de répondant et sobre, confort satisfaisant, réputation de fiabilité et de longévité, équipement complet

 

Défauts : intérieur triste, erreurs d'ergonomie, phares faiblards, train avant manquant de précision, trou entre la 2ème et la 3ème, bruits de roulement

 

Concurrentes : Peugeot 308 HDi 150 Allure : 28.450 euros ; VW Golf TDi 150 Confortline : 28.910 euros ; Citroën C4 HDi 150 Exclusive : 29.180 euros

 

Note : 14 sur 20