L'essai auto du week-end : Ford Focus, une berline compacte anglo-saxonne réussie mais tape à l'œil

La Focus III est une bonne rivale des Volkswagen Golf ou autres Peugeot 308. Elle est agréable à conduire et sûre. Mais son style agressif et "m'as-tu-vu" ne plaira pas à tout le monde
Copyright Reuters

Depuis quelques années, Ford veut que ses voitures ne passent pas inaperçu. Du coup, leur style est volontairement outré, agressif, provocateur. Ceux qui approuvent les jugent originales et bien démarquées par rapport à leurs rivales. Les détracteurs, eux, trouvent le "Kinetic Design" clinquant, "m'as-tu-vu". Chacun ses goûts. C'est un pari assez osé, qui... dans les récentes Fiesta ou Kuga ne semble pas avoir trop mal réussi au label frappé de l'ovale bleu. En tous cas, cette berline de conception anglo-allemande permet aux Américains de goûter à la compacte moderne, puisqu'elle est fabriquée à la fois outre-Rhin et... outre-Atlantique.

Intérieur noir "sport tech"

L'intérieur est à l'image de l'extérieur. Au moins, c'est cohérent. On y trouve des formes très travaillées - torturées ? - avec notamment une console centrale saillante, un peu intrusive. Nous nous abstiendrons là aussi de tout jugement esthétique, tant les avis divergent. Notons que la position de conduite est excellente, un peu plus basse que sur le modèle précédent, avec des réglages de grande amplitude pour la colonne de direction. Les sièges sont bien dessinés, les ajustements corrects puisqu'on n'entend pas de crissements de mobilier intérieur sur les pavés. En revanche, certains matériaux très "plastocs", avec des inserts gris brillant et noir "piano", font un peu bas de gamme ! Quant à l'ambiance, elle est funèbre. Tout est noirâtre avec des touches gris foncé. Ford a supprimé les finitions Ghia, qui apportaient naguère des sièges en velours et des teintes chaudes. Place au "sport tech", dixit le constructeur. Bof.

Equipement copieux

Reconnaissons que les nombreuses fonctions sont assez intuitives et faciles à régler. Un bon point. Mais l'ordinateur de bord est moins aisé de manipulation que chez Peugeot ou Citroën, par exemple. Et l'affichage sélectionné de certaines fonctions s'efface à chaque redémarrage. Agaçant. Il y a aussi trop de boutons au volant. Il manque également l'affichage de la vitesse en chiffres et en grand devant les yeux, comme chez Peugeot ou Volkswagen. Regrettons aussi que la lecture des panneaux de limitation de vitesse soit d'une fiabilité relative. Il suffit qu'il y ait un panneau de réduction de vitesse pour poids-lourds, et hop, c'est ce panneau que le système lit et affiche ! Pas encore très au point. Ceci dit, notre version Titanium était plutôt bien équipée, une tradition chez Ford, avec aide au démarrage en côté, aide au stationnement arrière, écran central multifonctions, démarrage sans clé, régulateur de vitesse... mais pas de GPS.

Rétrovision mauvaise

L'habitabilité ne bat aucun record. Les passagers arrière n'ont pas énormément de place, avec une garde au toit très moyenne. Mais c'est acceptable, quoique en régression par rapport à l'ancien modèle. La visibilité, en revanche, n'est pas terrible. Rançon de ces lignes plongeantes avec une ligne de caisse qui remonte fortement vers l'arrière, la rétrovision de trois-quarts est mauvaise, comme sur bien des véhicules actuels. Et la lunette arrière n'est pas très grande. Une Renault Mégane ne fait guère mieux. Mais ce n'est pas une raison... Une mode détestable pour la sécurité.

Comportement routier "super"

Si le style peut choquer, le comportement routier, lui, recueillera l'unanimité. Ford a appris ces dernières années à concocter des châssis très efficaces. C'est quasiment aussi bien que sur une française, pourtant réputée pour la qualité des trains roulants. Ford a fait des efforts bien supérieurs à ceux d'Opel (GM). Alors que, il y a trente ans, les deux constructeurs d'origine américaine étaient tous deux au même point, soit franchement en retard... La tenue de route est donc sûre et plaisante. On place bien le véhicule en virage. Le confort est toutefois un peu trop ferme à notre goût. La précédente était plus douce. Mais, notre véhicule d'essai était équipé de la stupide option grandes jantes de 17 pouces, qui dégradent le confort sur chaussée dégradée. Toutefois, même ainsi chaussée, la Focus préserve globalement les vertèbres du conducteur et de ses passagers.

Moteur efficace

Le diesel 2 litres de 163 chevaux est un développement récent d'une famille de moteurs bien connue, issue de la coopération PSA-Ford. On retrouve les même sur une Peugeot 308, 3008, 508, 5008, une Citroën C4 ou C5... Une motorisation bien née, douce, souple, dynamique. Bref, nous sommes satisfaits sur ce plan. Notre modèle de test était équipé de la transmission à double embrayage Powershift, qui donne satisfaction. En position « S », la réactivité est de bon aloi. Mais la voiture rechigne un peu trop, cependant, à rétrograder à la bonne vitesse, sur coup de frein avant virage. On ne sait jamais si elle va enclencher le rapport inférieur ou pas. Une incertitude un peu irritante. La Powershift est donc un rien moins efficace qu'une boîte DSG Volkswagen.... Ou une transmission automatique classique chez Peugeot ou Citroën. En contrepartie, les vitesses passent avec fluidité. Nous avons consommé huit litres aux cent. Mention assez bien sur ce point.

Prix intéressants

Ford pratique habituellement des tarifs attractifs. Et la nouvelle Focus ne dément pas cette politique. En diesel, la gamme démarre à 20.950 euros (95 chevaux bien justes et finition Trend). Autant ajouter 1.000 euros pour passer aux 115 chevaux, plus brillants. Dans les deux cas, on a droit à 400 euros de bonus. Notre modèle de pointe (163 chevaux, finition unique Titanium) est à 26.100 euros. Il faut 1.500 euros de plus pour une transmission Powershift, recommandable. Ici, il n'y a ni bonus ni malus. Quelques options sont proposées. Le très sécuritaire Pack aide à la conduite (détection collision, freinage automatique à basse vitesse, alerte de franchissement de ligne, détection de somnolence, détection angles morts) est ainsi à 1.100 euros. Utile pour ceux qui supportent les trop nombreux messages. Nous, nous avons personnellement tout coupé durant l'essai, pour éviter clignotements et bips-bips intempestifs. D'autres « machins » font gadgets, comme le Pack City Easy, avec aide au stationnement avant et parcage semi-automatique à 300 euros. Si on n'a pas appris à conduire...

Un véhicule homogène

Si l'on accepte le parti pris esthétique, la Focus se révèle une très bonne voiture, rigoureusement conçue et correctement réalisée. Dans l'ensemble, c'est réussi. Une Volkswagen Golf sera mieux finie, mais plus rugueuse en mécanique et pas vraiment plus confortable. Les Peugeot 308, Citroën C4 et Renault Mégane constituent aussi des choix alternatifs intéressants dans la catégorie. Question de goût.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Ford Focus 2,0 TDCi 163 ch. Titanium : 26.100 euros
Puissance du moteur : 163 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,36 mètres (long) x 1,82 (large) x 1,48 (haut)
Qualités : comportement routier plaisant, moteur agréable, homogénéité d'ensemble, bonne position de conduite, rapport tarif-équipement attractif, boite Powershift en option recommandable
Défauts : ligne prêtant à controverse, intérieur triste, certains plastiques toc, rétrovision mauvaise
Concurrentes : Peugeot 308 HDi 150 Allure : 26.800 euros ; Citroën C5 HDi 150 Exclusive : 27.400 euros ; Volkswagen Golf TDi 170 GTD : 30.980 euros

Note : 14 sur 20

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 16/05/2011 à 10:51
Signaler
Concurrente : Citroën C4, et non C5 !

à écrit le 14/05/2011 à 13:57
Signaler
J'aime beaucoup vos chroniques, votre style et votre neutralité, rien à voir avec les sites spécialisés sur l'automobile, seul Le Figaro fait aussi bien. Bravo ;)

le 16/05/2011 à 7:43
Signaler
Merci

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.