Fiat 500L Trekking : un minispace à vivre, moins à conduire

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1294  mots
(Crédits : DR)
Cette grosse 500, avec ses airs de Mini Countryman, est habitable, pratique, chaleureuse. Mais, la plate-forme date et la finition reste à la traîne.

La 500L est un drôle de croisement. La face avant évoque la fameuse 500 de 2007. Le pare-brise semble s'inspirer du Citroën C3 Picasso. La partie arrière, elle, ressemble comme deux goutes d'eau à celle d'une Mini Countryman. Le résultat n'est pas désagréable, avec une bonne bouille sympa. Et cette version Trekking grimée en (fausse) baroudeuse apparaît au final assez réussie esthétiquement. Avec des bonnes protections en plastique. Même si l'air de famille avec la célèbre 500 demeure malheureusement trop ténu. Les multiples combinaisons de couleurs la rendent gaie et pimpante.

 

Dans l'habitacle, Fiat offre des combinaisons de teintes plutôt chaleureuses. Même si le gris domine hélas trop dans la Trekking par rapport à la 500L normale... L'ambiance lumineuse est cependant accueillante. Ca change des innommables habitacles noirs de la concurrence ! On aime moins les bouts de skaï aux côtés du tissu dans les revêtements de sièges…Pas très valorisant. Très habitable, pratique, fort fonctionnelle avec des sièges arrière coulissants et repliables, une bonne visibilité même si les montants latéraux sont épais, la 500L a une vraie vocation de petite familiale. La planche de bord inspirée de la Panda est originale et amusante. Bref, on se sent bien…

 

 Position de conduite mal conçue

 

…Jusqu'à ce qu'on règle son siège. Et là, on déchante ! Si l'on veut profiter de la position de conduite haute de ce type d'engin… on peut dire adieu à la lisibilité du compteur de vitesses. Impossible en effet de régler le siège conducteur en position même semi-haute, car la jante supérieure du volant cache alors le compteur à partir de 30 à l'heure jusqu'à 150 ! On ne voit donc pas la vitesse à laquelle on roule. Sauf si l'on se penche vers l'avant en essayant de regarder par en-dessous la jante du volant…

 

Pas vraiment ergonomique. Un défaut de conception impardonnable, contre lequel on peste en permanence. Remarquons aussi, même si c'est moins grave, une assise trop plate du siège, pas très agréable. Puisque qu'on parle de position de conduite, notons par ailleurs que le levier de vitesses n'est pas surélevé comme sur une 500. Il est donc placé un peu bas. Ca s'explique, puisque les 500 et 500L ne sont pas bâties sur la même plate-forme. Il n'empêche…

 

Sur les pavés, on entend des crissements de mobilier intérieur, quelques grincements aussi, ce qui ne témoigne pas d'un grand soin de fabrication. Tout ça fait caisse de résonance. Les grandes roues à pneus à flancs bas aux réactions plus sèches n'arrangent pas les choses à ce niveau. La plupart des plastiques sont au reste durs et bas de gamme. Bref, si tout ça présente bien à première vue, c'est beaucoup moins le cas quand on regarde dans le détail. On aurait souhaité une finition plus costaude et soignée.

 

Et les petits défauts habituels de la marque sont toujours là comme une absence de commande pour des appels de phare quand ont est en feux de croisement, un lave-glace qui n'entraîne l'essuie-glaces que si l'on appuie très fort, un bouton de lèvre-vitres électrique trop paresseux...

 

Diesel bruyant mais en forme

 

Nous voilà au volant d'une version diesel de 105 chevaux. A part l'irritant « Stop and start » (arrêt et redémarrage automatiques du moteur au feu rouge), obligeant à débrayer à fond (mais on peut le mettre hors service), cette mécanique fait correctement son boulot. Le petit creux à bas régime génère certes des petits trous au passage des vitesses 1-2, voire 2-3. Et tout cela se montre un peu rugueux et bruyant.

 

Mais, sinon, le diesel tourne rond, fait preuve de docilité et d'une certaine souplesse, tout en assurant des performances correctes. Les consommations ne sont pas toutefois spécialement attractives, car on change quand même souvent de vitesse pour relancer la mécanique. Mais elles sont acceptables: comptez 7,7 litres en parcours mixte !

 

Comportement daté

 

La 500L repose sur... une ancienne plate-forme de Fiat Punto, remise au goût du jour mais qui ne peut dissimuler l'âge de ses entrailles. Cela se sent. La base roulante a vieilli. Si la direction offre tout d'abord une grande douceur en ville, elle reste trop légère et floue sur route. Les trains avant et arrière rebondissent en outre de façon imprécise et désordonnée sur chaussée inégale, surtout en enchaînement de virages. Ce n'est pas dangereux.

 

Mais, ça nuit à l'agrément. Et il vaut mieux lever tout de même le pied quand la route est humide. Les grandes roues de cette Trekking, assez lourdes, avec des pneus à flancs bas, accentuent cette tendance et détériorent le confort. Si on accepte plus facilement une tenue de route imprécise sur la 500L de base à cause du bon confort, ici, on perd sur les deux tableaux. Bref, la conduite n'a rien de passionnant.

 

Il s'agit, malgré l'allure, d'une pure traction avant. Pas de transmission intégrale au programme. En revanche, on bénéfice d'une motricité renforcée - à l'image du « Grip control » chez PSA - et de pneus « M+S» (« Mud and snow », c'est-à-dire boue et neige) mixtes. Ces pneus font mieux sur la neige que des enveloppes routières, mais moins bien en conduite normale.

 

Cette 500L Trekking, produite en Serbie, est charmeuse. Mais, si elle séduit de prime abord comme toute bonne italienne, elle manque de peaufinage. Ses prestations ne sont pas au sommet de la catégorie. Loin de là. Fiat doit composer avec une voiture dont la conception de base est ancienne. Et la position de conduite extrêmement perfectible agace, tout comme la  qualité de finition assez bas de gamme. Nous attendons le futur petit 4x4 500X, beaucoup plus proche esthétiquement de la « vraie » 500 selon une maquette que nous avons pu découvrir. La 500X, qui pourra être un vrai petit baroudeur avec transmission intégrale, arrivera en fin d'année. Fiat affirme que la plate-forme a été sérieusement revue. Souhaitons-le !

 

Gamme Treeking restreinte

 

La gamme 500L  démarre à moins de 15.900 euros (Pop, 95 chevaux à essence). La Trekking est à partir de 19.150 euros. La version diesel 105 de notre essai coûte 22.250 euros. Soit le prix d'une 500L en finition haute Lounge. Avec la même motorisation. L'équipement de la Treeking est moins complet puisque le toit panoramique est ici en option. En revanche, on a en contrepartie une garde au sol relevée, des protections avant et arrière ainsi que latérales, une motricité renforcée et des pneus mixtes. Ceci compense cela.

Sinon, La 500L Trekking dispose en série de ce qu'il faut. Quelques options tout de même : une machine à café Lavazza pour 450 euros, un GPS pour 500, un « pack confort » comprenant essuie-vitres automatique, allumage des feux, radars de recul, pour 650, un toit vitré pour 800 et, si vous le voulez ouvrant, pour 1.100. On peut aussi personnaliser la voiture à souhait. Les tarifs sont intéressants compte-tenu de l'équipement, mais moins que ce que l'on attendrait d'une Fiat. On peut toutefois négocier le tarif assez facilement en concession.

 

Modèle d'essai : Fiat 500L Trekking 1,6 M-jet 105 : 22.250 euros

 

Puissance du moteur : 105 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,15 mètres (long) x 1,78 (large) x 1,66 (haut)

 

Qualités : ligne sympathique, habitacle vaste et lumineux, présentation pimpante, fonctionnalité, moteur intéressant…

 

Défauts : … mais rugueux et bruyant, direction floue, trains roulants imprécis et trépidants, position de conduite très perfectible, finition bas de gamme

 

 Concurrentes : Nissan Juke 1,5dCi 110 Acenta : 20.790 euros ; Peugeot 2008 HDi 115 Allure : 22.850 euros ; Citroën C3 Picasso HDi 115 Millenium : 23.670 euros

 

Note : 10 sur 20