Les Européennes ont commencé aux Pays-Bas et au Royaume-Uni

Par Romaric Godin  |   |  899  mots
Les élections européennes commencent ce jeudi aux Pays-Bas et au Royaume-Uni
Les électeurs britanniques, nord-irlandais et néerlandais sont appelés à élire leurs députés européens dès ce jeudi. Tour d'horizon des enjeux.

Les élections européennes ont donc commencé ce jeudi 22 mai avec l'ouverture des urnes dans deux pays importants : le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Deux pays où ce scrutin européen pourrait rebattre les cartes de la politique nationale.

UKIP en tête au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, qui envoie 73 députés, les sondages donnent en effet, le parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP) en tête. Les dernières enquêtes créditaient le parti de Nigel Farage, violemment eurosceptique et très hostile à l'immigration, de 32 % des suffrages. Il serait suivi des Travaillistes avec 27 % des voix, puis des Tories (Conservateurs) du premier ministre David Cameron avec 23 %. L'allié des Conservateurs au gouvernement, le parti libéral-démocrate, n'obtiendrait que 9 % des voix.

Pari perdu pour David Cameron

Si ces sondages sont confirmés par les urnes, ce serait la première fois depuis la fin de la première guerre mondiale que ni les Tories, ni le Labour n'arrivent en tête à une élection. Ce serait aussi une sévère défaite pour le gouvernement de coalition entre les Conservateurs et les Libéraux-démocrates. Les efforts de David Cameron pour montrer sa fermeté face à Bruxelles, notamment en promettant un référendum en 2017 sur le maintien du pays dans l'Union et en réclamant à ses partenaires des réformes profondes de l'UE ne semblent donc pas avoir convaincus une grande partie des électeurs.

Une élection particulière

A noter, cependant, que le résultat de ces Européennes n'est pas forcément l'annonce d'un changement majeur. Les électeurs britanniques semblent faire clairement la différence entre ce scrutin - où l'abstention sera forte - et les élections générales de l'an prochain. Dans ces dernières, les sondages prévoient un coude-à-coude classique Tories-Labour avec un UKIP largement distancé, jouant la troisième place avec les Libéraux et pas certain de disposer d'un siège aux Communes. Enfin, les sondages donnent actuellement le maintien dans l'UE en tête en cas de référendum (42 % contre 36 %).

Les déboires de l'UKIP au parlement européen…

Les élus de l'UKIP devraient donc arriver en force dans le parlement européen, mais leur poids n'y sera pas forcément plus important. Le groupe qui se formait autour d'eux, EFD (Europe de la Liberté et de la Démocratie) pourrait en effet perdre un de ses membres important, la Ligue du Nord italienne, par ailleurs fragilisée, mais surtout tentée de s'allier au Front national français. Les succès annoncés des alliés danois et finlandais de l'UKIP risquent donc de peser de peu de poids face à cette défection. Quant à une alliance avec le FN, elle a toujours été rejetée par l'UKIP, jusqu'à présent.

Ce qu'il faudra observer par ailleurs

Outre ce succès annoncé, on observera dans ce scrutin britannique, le bon score possible des Verts, le renforcement possible du parti nationaliste écossais (SNP), quatre mois avant le référendum sur l'indépendance et également le résultat, toujours délicat à interpréter du scrutin en Irlande du Nord.  

 

Les Libéraux de gauche en tête aux Pays-Bas

Les Pays-Bas envoient 26 députés à Bruxelles. Le scrutin s'annonce très serré. Les sondages ne donnent guère plus de 18 % au premier parti. Une fragmentation qui rendra donc difficile la lecture politique de ce scrutin, mais une chose semble certaine : le jeu traditionnel néerlandais sera bouleversé. Les deux partis au pouvoir, les Libéraux du VVD et les sociaux-démocrates du PvdA (membre du PSE), devraient reculer fortement. Ce sera surtout marqué pour ces derniers qui devraient payer leur adhésion à la politique d'austérité du premier ministre Mark Rutte et pourraient même passer sous les 10 %, ce qui constituerait une défaite historique.

Les Eurosceptiques en embuscade

Les vainqueurs du scrutin devraient être les Libéraux de gauche de Démocrates'66 (D66) qui ont profité d'un vaste report de voix depuis le PvdA. Ce parti est pro-européen et défend les intérêts de la classe moyenne. Il n'en est pas moins très critique vis-à-vis de la politique économique du gouvernement. Les partis eurosceptiques de droite et de gauche devraient aussi sortir leur épingle du jeu. A droite, le Parti de la Liberté, PVV, de Geerts Wilders, allié au FN français et violemment islamophobe et europhobe, semble distancé pour la première place, mais il jouera la deuxième place avec le VVD, avec 13,5 % à 14 % des voix. Un peu en retrait depuis quelques semaines, il pourrait néanmoins envoyer 4 députés au parlement. A gauche, le parti socialiste (SP), qui est un opposant violent à l'austérité menée par le gouvernement pourrait arracher trois sièges et 12 % des voix. Il arriverait alors quatrième ou cinquième, devant le PvdA, ce qui serait, là aussi une première.

Confirmation de la poussée et de l'éclatement des Eurosceptiques

En tout, donc, on aura une idée des 99 premiers élus dès ce soir, soit 13 % du futur parlement. Les Eurosceptiques devraient déjà confirmer leur percée puisque les sondages en tout donnent 32 sièges à l'ensemble de ces partis dans les deux pays. Mais fait parlant : ce sera une victoire en ordre dispersé, puisque aucun des trois partis eurosceptiques de ces deux pays susceptibles d'entrer au parlement ne rejoindront le même groupe.