Municipales 2014 : Nathalie Kosciusko-Morizet, "la challengeuse"

Par Philippe Mabille  |   |  786  mots
Jusqu'aux élections municipales des 23 et 30 mars prochains, La Tribune analysera les enjeux du scrutin dans une vingtaine des principales villes françaises. Sixième volet : Paris, où la challengeuse, NKM, malgrés les trahisons dans son camp, se veut "être une nouvelle énergie pour Paris".

« Nakomo », le surnom d'étudiante de Nathalie Kosciusko-Morizet avant que les initiales NKM ne l'imposent dans la vie politique française, fait la course en challengeuse à Paris. Populaire sur Twitter (plus de 266.000 followers), elle l'est moins à Paris, si l'on en croit son retard dans les sondages, et encore moins au sein de son propre camp, l'UMP. Divisée au niveau national comme à Paris, la droite n'a jamais vraiment accepté cette candidate de la nouvelle génération, trop « bobo » pour les uns, trop centriste pour les autres, du fait de son alliance inédite avec le Modem.

Née le 14 mai 1973 dans le 15e arrondissement de Paris, celui où se présente sa rivale, elle est issue d'une lignée très politique : son arrière-grand-père, André Morizet, fut l'un des fondateurs du PCF et sénateur de la Seine.

Son grand-père ambassadeur était maire RPR de Saint-Nom-la-Bretèche. Et son père, François, a été maire UMP de la ville de Sèvres. Avec un tel héritage, on comprend que le virus de la politique l'ait rattrapée. Par sa mère, Bénédicte Treuille, elle serait une lointaine descendante de Lucrèce Borgia, qui avait à l'égard de ses ennemis des méthodes plutôt... expéditives.

Polytechnicienne (X 1992), sortie dans le corps des ingénieurs du Génie rural et des Eaux et Forêts, benjamine de l'Assemblée nationale en 2002, élue de l'Essonne et maire de Longjumeau, son retour à Paris, où elle se présente dans le 14e arrondissement, est vu par ses rivaux comme le signe d'une ambition nationale qu'elle peine à masquer. Ministre de l'Écologie, du Développement durable, du Transport et du Logement dans le gouvernement Fillon III, elle a mis en oeuvre le Grenelle de l'Environnement avant de devenir porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy, en 2012.

Les maladresses parisiennes

À Paris, elle mène une campagne difficile, entrecoupée de quelques maladresses (comme les « moments de grâce » dans le métro), mais courageuse face aux trahisons dans son camp et plutôt habile autour d'un programme ambitieux et attrape-tout : « Une nouvelle énergie pour les Parisiens ». Elle est persuadée que « les Parisiens réclament l'alternance » et veut l'incarner quitte à bousculer les barons de la droite.

Soeur de Pierre Kosciusco-Morizet, cofondateur du site Price Minister, elle met l'accent sur l'innovation, la ville intelligente et connectée et le dynamisme d'une ville qui, selon elle, doit être ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, à l'image des grandes capitales modernes. Avec la couverture du périphérique et des grands projets d'urbanisme, elle veut un Paris qui sorte de ses frontières trop étroites.

Ses propositions pour Paris

LOGEMENT

  • 20% des nouveaux logements devront être proposés à un prix inférieur de 25% à celui du marché.
  • Tout nouveau logement social devra être assorti de la création d'un logement pour les classes moyennes, quitte à prendre plus de temps pour atteindre les 25% de la loi SRU.
  • Doublement de la production annuelle de logements (pour atteindre 6.000 par an).

URBANISME

  • Une partie du centre de Paris rendu aux piétons.
  • Transformation de la Petite Ceinture en « boucle cycliste ».
  • Doublement du nombre de places de stationnement pour les voitures, triplement pour les deux roues.
  • Aménagement des Portes de Paris (budget non annoncé) : Clignancourt (centre des métiers d'art), Vanves et Orléans (création artistique), Maillot (Congrès-spectacles), Bagnolet (arts forains), Chapelle (nouvelle cité universitaire).
  • Couverture intégrale du périphérique dont 1,4 km d'ici à 2020 (financée par la revente du foncier).
  • Rénovation de Bercy Charenton avec 10.000 logements et couverture des voies ferrées, financés par la vente des droits à construire.
  • Transformation des 14 stations de métro fantômes en lieux de convivialité.

VILLE INTELLIGENTE

  • Installer des capteurs dans tout le mobilier urbain.
  • Accès Internet mobile haut débit dans toutes les rames et stations de métro.
  • Expérimentation d'« immeubles intelligents » pour réduire la facture énergétique.
  • Faire de Paris la référence de l'open et du big data par l'ouverture de toutes les données aux start-up.
  • Nouvelle cité universitaire internationale étudiante près de la gare du Nord.
  • Création du « Grand Bazar du Cinéma » (festival, expos, salons technologiques, foire du film amateur).

ÉCONOMIE

  • Création d'un « Pack start-up » pour que les jeunes entreprises parisiennes puissent bénéficier d'achats groupés effectués par la ville.
  • Création d'un « small business act » avec appels d'offres déclinables par arrondissements pour ouvrir les marchés publics aux PME parisiennes.
  • Lancement du « Livret Paris », livret d'épargne pour financer les PME parisiennes, en particulier les petits commerces.
  • Doubler chaque euro investi par les business angels dans une PME ou une start-up parisienne.