Municipales : forte abstention et poussée du FN

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  630  mots
Le FN enregistre une très forte poussée au premier tour de la municipale
Le FN enregistre une très forte poussée au premier tour des municipales. De nombreuses triangulaires s'annoncent pour le second tour. Ce qui pourrait permettre au PS de "sauver les meubles".

C'était prévisible. Le premier tour des élections municipales enregistre une grosse poussée à droite. Un rééquilibrage par apport à 2008 où le PS avait conquis 30 villes de plus de 30.000 habitants. Mais la grande nouveauté par rapport au dernier scrutin, c'est la très forte présence du FN au second tour. Le parti de Marine Le Pen pourrait être en position de provoquer plus de  200 triangulaires au second tour, alors qu'il présentait 600 listes... ce qui aura pour conséquence de limiter la progression de l'UMP mais aussi, paradoxalement, de limiter la défaite  attendue du PS. Le FN est en tête dans de nombreuses villes: Avignon, Perpignan, Béziers... et à Hénin Beaumont. A Marseille, il serait même en seconde position derrière Jean-Claude Gaudin mais devant le candidat PS Patrick Mennucci!!

Certes, les élections municipales sont par définition des élections locales. Il n'en reste pas moins que la situation nationale  et la grande déception provoquée par François Hollande ont joué. Non pas tant dans les résultats, même si incontestablement le PS perd des positions, mais beaucoup plus, en amont,  dans l'abstention. Avec un taux de près de 39%, un record pour un scrutin municipal, c'est essentiellement la gauche, et le PS en tête qui, pâtit de cette démobilisation. Les électeurs du PS, désabusés, ont boudé les urnes. A l'inverse, malgré les affaires, l'UMP s'est davantage mobilisée... Et que dire des sympathisants FN pour qui le scrutin municipal était un rendez-vous majeur. La semaine prochaine, le parti de Marine Le Pen sera peut-être à la tête d'une dizaine de municipalités: Henin Beaumont, acquise dès le premier tour, Fréjus, Saint Gilles, etc.

Mobilisation des sympathisants FN

Que va faire dans ces conditions François Hollande... Rien. Le président avait déjà mis ces élections municipales dans la colonne du passif. Il va continuer à se consacrer au pacte de responsabilité pour obtenir le plus rapidement des résultats économiques et sur le front du chômage pour garder quelques chances pour 2018. Cependant, le résultat de ce premier tour, surtout s'il est amplifié au second, va accélérer le temps du remaniement ministériel. François Hollande espérait attendre le lendemain des européennes à  la fin mai. Mais la pression est trop forte. Ce remaniement aura lieu sans doute début avril. Jean-Marc Ayrault devrait rester à sa tête mais le nombre des ministres sera nettement inférieur. François Hollande et sa nouvelle équipe devront alors affronter un FN sûr de lui et très, très revendicatif.  Mais les nombreuses triangulaires du second tour pourraient limiter la casse pour le PS. Ces triangulaires devraient être supérieures à 200. Or, dans des villes comme Reims, la maire Adeline Azan pourrait, peut-être, profiter de la présence du FN pour conserver son siège.

La gauche recule de 5 points

Maintenant, si l'on se concentre sur les suffrages exprimés, au niveau national, selon un sondage BVA pour le Parisien- Aujourd'hui en France, la gauche recule de 5 points à 43%, par rapport à 2008 et même de trois points par rapport à 2001, pourtant une très mauvaise année. la droite (UMP, UDI et autres), elle, devance de 5 points la gauche. Avec certains de ses leaders comme Alain Juppé et Jean-François Copé réélus au premier tour à, respectivement, Bordeaux et Meaux.  En 2001, son avance n'était que de 2 points. Quant au FN, il réalise une poussée spectaculaire en atteignant 7% des suffrages. Cela parait peu, mais en vérité le FN n'avait présenté que 597 listes, alors qu'il y a près de 36.000 communes. Son score est ainsi six fois supérieur à celui de 2008.