Le rebond tant espéré des places boursières new-yorkaises n'est décidément pas pour tout de suite. Après une légère hausse pour débuter l'année, le Dow Jones a enchaîné avec six séances consécutives de baisse, dans le sillage d'une accumulation de mauvaises nouvelles, entre avertissements sur résultats et forte dégradation du marché de l'emploi. Ce mercredi, la tendance se poursuit alors que les ventes au détail se sont plus fortement contractées que prévu au mois de décembre.

Le Dow Jones clôture ainsi en baisse de 2,94% à 8.200 points, le Nasdaq recule de 3,67% à 1.490 points et le S&P 500 cède 3,35% à 843 points.

Indicateur avancé de la consommation des ménages, principal moteur de la croissance américaine, les ventes au détail ont reculé pour le sixième mois consécutif outre-Atlantique. Elles ont baissé en décembre de 2,7% par rapport à novembre. Un chiffre bien supérieur au repli de 1,2% attendu par les économistes. Et un chiffre d'autant plus mauvais que la baisse du mois de novembre a été revue à la hausse, à 2,1% au lieu de 1,8% annoncé précédemment. Hors automobile, les ventes ont reculé de 3,1% en décembre, leur plus forte baisse depuis le début de la publication de cette série statistique en 1992.

Dans son traditionnel Livre beige, publiée ce mercredi soir, la Réserve fédérale note sans surprise que "l'activité économique d'ensemble a continué de faiblir dans quasiment toutes les régions". "L'activité industrielle a baissé dans la plupart" des régions, souligne ce rapport qui doit servir de document de travail à la banque centrale américain lors de sa réunion de politique monétaire des 27 et 28 janvier. La baisse a été observée "dans un grand nombre de secteurs, à quelques rares exceptions près". "D'une manière générale, l'activité du secteur des services a baissé dans l'ensemble" du pays, à quelques exceptions près dans certains secteurs.

Du côté des valeurs, Nortel s'effondre de 76,56% à 3 cents. L'équipementier canadien en télécommunications a annoncé ce mercredi la mise sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites de ses filiales aux Etats-Unis. Une décision similaire est attendue au Canada. En grande difficulté financière, le groupe n'a pas réussi à céder des divisions qu'il avait mis en vente en septembre afin de se renflouer. Au troisième trimestre, il a accusé une perte de 3,4 milliards de dollars, annonçant alors la suppression de 1.300 emplois supplémentaires.

Les valeurs bancaires sont très mal orientées. A commencer par Citigroup qui plonge de 23,22% à 4,53 dollars. La banque new-yorkaise a officialisé mardi soir la cession de Smith Barney, sa filiale spécialisée dans le courtage aux particuliers, à Morgan Stanley. Cette dernière devrait verser 2,7 milliards de dollars pour prendre le contrôle de 51% de la nouvelle entité, qui deviendra le numéro un mondial du secteur avec près de 7 millions de clients et environ 1.700 milliards de dollars d'actifs. Les marchés n'apprécient pas cette opération, première étape du démantèlement annoncé de l'ancienne première banque mondiale, sauvée de la faillite grâce à l'injection de 45 milliards de dollars dans son capital par l'Etat américain. Morgan Stanley perd de son côté 8,85% à 17,19 dollars.

Les compagnies pétrolières, qui pèsent lourd dans les indices new-yorkais du fait de leur capitalisation élevée, sont également dans le rouge après le nouveau bond des stocks américains en produits pétroliers. La chute des ventes au détail renforce par ailleurs les craintes sur le niveau de la demande mondiale en 2009. D'autant que l'EIA, l'agence gouvernementale américaine d'information sur l'énergie, a une nouvelle fois revu à la baisse ce mardi ses prévisions, tablant désormais sur un repli de 880.000 barils par jour de la consommation cette année. Exxon Mobil perd ainsi 3,62% à 75,10 dollars, Chevron cède 2,97% à 69,69 dollars et ConocoPhillips abandonne 3,90% à 49,22 dollars. Du côté des parapétrolières, Schlumberger recule de 5,58% à 40,43 dollars, Halliburton chute de 6,01% à 17,20 dollars et Transocean cède 4,63% à 49,60 dollars.

Le secteur de la distribution recule également après les chiffres des ventes au détail. La très grande majorité des grands groupes américains avaient déjà fait état début janvier d'une contraction plus forte que prévue de leurs ventes au mois de décembre. Wal-Mart, le premier distributeur mondial qui commence lui aussi à ressentir les effets du ralentissement économique, perd ainsi 1,07% à 51,56 dollars. Home Depot recule de 2,67% à 21,91 dollars, Target cède 3,55% à 33,70 dollars et Sears chute de 3,46% à 44,36 dollars.

Tiffany affiche un repli de 0,23% à 21,95 dollars. Le groupe de joaillerie de luxe a annoncé ce mercredi une chute de 21% de ses ventes pendant la période des fêtes de fin d'année, par rapport à 2007, et s'attend à une baisse de son bénéfice net au quatrième trimestre. Tiffany prévoit en outre entre 2,25 et 2,30 dollars par action de profits sur l'ensemble de son exercice 2008, là où les marchés tablent sur 2,37 dollars. Le chiffre d'affaires est attendu à 2,85 milliards de dollars, contre 2,91 milliards escomptés par les analystes.

Enfin, Yahoo prend 2,56% à 12,41 dollars. Le portail Internet californien a officialisé mardi soir la nomination de Carol Bartz au poste de directeur général. Ancienne dirigeante de l'éditeur de logiciels Autodesk, elle succède à Jerry Yang, qui avait annoncé à la mi-novembre son intention de quitter ses fonctions moins de deux ans après son retour à la tête du groupe qu'il a co-fondé en 1995. Elle devra mener à bien le redressement de l'un des pionniers du web, désormais largement distancé par Google.