Comment les crises impactent la valorisation des entreprises

Selon une étude du cabinet Deloitte, les multiples de valorisation des sociétés cotées dans le monde sont restés stables au cours de la décennie écoulée. Ce, malgré deux crises économiques majeures qui ont ébranlé les marchés financiers.
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Les crises ont-elles vraiment un impact sur les marchés d'actions ? C'est la question qui peut se poser à la lumière d'une étude que vient de publier le cabinet Deloitte sur les multiples de valorisation des sociétés cotées de 2000 à 2009.

Sur un panel de 1.346 entreprises côtées en Bourse dans le monde, réparties dans 40 secteurs d'activité, il ressort de cette étude que les valorisations ont faiblement bougé en dix ans. Le multiple observé par le cabinet est celui de la valeur d'entreprise rapportée à l'Ebitda (excédent brut d'exploitation), que les financiers aguerris connaissent au travers du ratio VE/ Ebitda. En dix ans, celui -ci est resté peu ou prou proche de 10 , et ce malgré deux crises économiques majeures qui ont fortement secoué les marchés financiers.

"A l?exception de 2008, nous notons avec intérêt la résistance des multiples de valorisation sur la période, favorisée par le poids de la Chine et des pays à forte croissance sur l?échiquier mondial", commente ainsi Christian Pajot, associé, Deloitte France dans un note.

L'étude souligne notamment que seule la crise de 2008 a véritablement impacté le multiple moyen de valorisation "avec un plancher de 7,6 fois, le maximum (10,7 fois) ayant été atteint en 2000.

Fortes valorisations riment avec hautes technologies

Passant en revue 40 secteurs d'activité, l'étude met en lumière une forte disparité sectorielle. Logiquement, la révolution Internet de la fin des années 1990 qui a atteint son paroxysme boursier en 2001, a donné lieu à un bouleversement majeur marqué par une montée en puissance du secteur technologique et sa prédominance en matière de valorisation.

Tous secteurs confondus, les valeurs "techno" affichent - malgré l'éclatement d'une bulle spéculative de grande ampleur au début de la précédente décennie - les multiples les plus élevés. C'est le cas notamment pour les logiciels (13,6 fois), les équipements télécoms (13,5 fois) et les semi-conducteurs (13 fois).

L'étude souligne à ce sujet que sur les dix secteurs affichant en moyenne les multiples les plus élevés sur dix ans, sept sont à dominance technologique et/ou présente de fortes activités de R&D (recherche et développement). Dans ce dernier cas apparaît le secteur pharmaceutique qui affiche un multiple moyen de 12,3 fois.

Paradoxalement, à l'inverse, ce sont également des secteurs liés aux technologies qui affichent les multiples les plus bas du classement de Deloitte. Ainsi la téléphonie fixe et mobile affichent respectivement des multiples de 6,3 et 7,7 fois.

Parallèlement, " les multiples des secteurs des produits de consommation associés aux loisirs et au luxe ont été dopés par l?effet mondialisation" souligne Christian Pajot.

Montée en puissance des émergents

Bien entendu ces niveaux de valorisation tiennent également compte de l'émergence de nouveaux géants industriels du côté des nouvelles puissances économiques que sont la Chine, l'Inde et le Brésil.

"A l?évidence, la Chine est le grand gagnant de la décennie. En 2000, le multiple des 139 entreprises chinoises retenues dans le panel était de 12,5 fois. En 2009, il était passé à 16,6 fois avec une moyenne de 12,3 fois sur 10 ans. En deuxième place, l?Inde (27 entreprises) est passée de 8,2 fois en 2000 à 14,6 fois en 2009 avec une moyenne de 12,0 fois sur 10 ans" souligne le cabinet dans son étude.

Le maintient des multiples de valorisation malgré la forte hausse de ceux des entreprises des pays émergents, s'explique par la forte chute encaissée par les entreprises européennes et américaines "à l'exception notable des entreprises allemandes, canadiennes et espagnoles ".

En France, alors que la ratio VE/Ebitda faisait ressortir un multiple de 12,7 fois en 2000, celui-ci est tombé en 2009 à 9,1 fois.

Malgré les deux crises (2001-2002 et 2007-2008) qui ont ponctué la décennie, les niveaux de valorisation des entreprises cotées ont donc bien résisté. Et sont encore promis à rebondir.  "En 2010, le rebond des multiples s?est poursuivi et leur niveau pourrait dépasser celui de 2000 " estime Christian Pajot.

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