Des robots-traders ont-il réagi aux annonces de la Fed... plus vite que la lumière ?

Par latribune.fr  |   |  517  mots
Le trading à haute fréquence bat des records de vitesse. Mais la vitesse de réaction de certains robots après les annonces de la Fed est-elle seulement due à des prouesses techniques? (Photo Reuters)
Le 18 septembre la Fed annonçait sa décision de maintenir sa politique monétaire accommodante. Quasiment au même moment des machines auraient réalisé des opérations financières. Une réaction fulgurante qui soulève des questions sur la transmission de cette information ultra-sensible.

Par définition, le trading à haute fréquence va vite, très vite… Tellement vite même que mercredi, lors des annonces de la Réserve fédérale américaine, certains robots semblent avoir réagi quasi instantanément La rapidité des premières transactions après la diffusion du communiqué de la Fed a supris Nanex,un bureau américain spécialisé dans le trading à haute fréquence situé à Chicago qui en a fait état dans une note.

La Fed maintient sa politique, en Bourse, les échangent bondissent

A 14h00 très précises, heure de Washington (20h00 à Paris), le 18 septembre, la Réserve fédérale annonçait son intention poursuivre son programme de "Quantitative Easing", à la surprise d'une majorité d'analystes. Dans l'après-midi, le Dow Jones atteignait un niveau historique, les taux sur les emprunts de l'Etat plongeaient et le cours de l'or grimpait en flèche.Ce bond spectaculaire sur en bourse est visible dans le graphique ci-dessous.

 

Moins de 5 millisecondes pour passer un ordre 

Problème : Nanex a enregistré des réactions exactement au même moment à New York et Chicago. Or, la distance entre les deux villes est telle que l'information émise depuis Washington devrait parvenir en 2 millisecondes à New York et 7 à Chicago, en raison de la vitesse de la lumière et des chemins pris par les messages sur les réseaux. 

Pourtant, des ordres d'achats ont pu être passés en moins de 2 millisecondes à New York. et à Chicago, selon le bureau d'études. Autrement dit, c'est un peu comme si le premier robot avaient connu l'information avant sa diffusion…

Une fuite?

Une instantanéité qui soulève des questions. Plusieurs hypothèses sont envisageables. Soit ces calculs sont erronés. Soit les traders ont eu le "nez" très fin et parié sur le maintien de sa politique monétaire par la Fed, comme l'imagine l'agence Bloomberg. Soit l'information a fuité. C'est ce que sous entend le bureau d'études Nanex. Une idée non recevable estime de son côté un ancien économiste de la Fed cité par Le Temps. Selon lui la Réserve fédérale étant une institution publique, il n'est pas question d'une information aussi sensible puisse être diffusée en avant-première, même à une poignée de personnes triées sur le volet.

Quelques privilégiés pour certains indices

Mais le quotidien suisse rappelle que d'autres indicateurs économiques comme celui sur le moral des consommateurs de l'université du Michigan ont pu être fourni avec un temps d'avance à quelques abonnés à un prix très élevé. Depuis le mois de juillet, après le début d'une enquête par le procureur de New York, ce privilège a été suspendu.

Pour diverses raisons, notamment des risques d'instabilité qu'il susciterait, le trading à haute fréquence fait l'objet d'inquiétudes. A tel point que les régulateurs tentent de l'encadrer davantage. En France, le Sénat a par exemple voté un amendement à la loi bancaire pour interdire certaines pratiques.

Pour aller plus loin :

>> le trading à haute fréquence, humain, trop humain