Bourse : EDF sous la barre des 10 euros pour la première fois de son histoire

Par latribune.fr  |   |  548  mots
A 15h14 (14h14 GMT), la valeur du titre EDF perdait 6,71% à 9,90 euros, signant la plus forte baisse du CAC 40. L'indice parisien lâchait quant à lui 0,30%. Du jamais vu puis son introduction en Bourse, opérée en 2005 au prix de... 32 euros.
Depuis son introduction en Bourse en 2005, la valeur boursière de l'ex-fleuron de l'industrie française n'avait jamais sombré sous ce seuil symbolique. Le géant de l'énergie, confronté à une pénurie de provisions pour faire face aux investissements colossaux qu'exige la survie de ses centrales, a appelé l'Etat à la rescousse la semaine dernière.

Depuis sa sortie fracassante du CAC 40 en décembre dernier, EDF enchaîne les camouflets sur les marchés. L'ancien fleuron de l'industrie française, qui accuse un bénéfice net divisé par trois en 2015 sur fond d'incertitudes sur l'avenir du nucléaire civil, a récemment appelé l'Etat à l'aide pour faire face aux investissements colossaux qu'impose, entre autres, la survie de ses centrales. Et fait face à un nouveau coup dur, alors que le titre du géant chutait lourdement en début d'après-midi, passant pour la première fois sous les dix euros, symbole d'une défiance croissante du marché.

A 15h14 (14h14 GMT), la valeur perdait 6,71% à 9,90 euros, signant la plus forte baisse du CAC 40. Du jamais vu puis son introduction en Bourse, opérée en 2005 au prix de... 32 euros. L'indice parisien lâchait quant à lui 0,30%.

Incertitudes sur la faculté de résistance d'EDF

Cette dégringolade s'explique notamment par la défiance des investisseurs vis-à-vis des capacités de l'électricien à résister à un contexte de baisse des prix du marché d'une part et à faire face aux investissements colossaux qui l'attendent d'autre part.

"La visibilité est tellement faible sur le montant total des coûts et des investissements à supporter dans les années à venir, dans un contexte de baisse des prix de gros de l'électricité, qu'il est impossible d'avoir une vue précise de la faculté de résistance du bilan de l'électricien", écrit dans une note le courtier Aurel BGC.

Le groupe a en effet besoin de capitaux pour financer ses importants investissements, notamment la maintenance lourde de ses 58 réacteurs français. Il devra aussi financer le rachat de l'activité réacteurs d'Areva et surtout la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point, en Angleterre, un gigantesque projet de 18 milliards de livres sterling dont la concrétisation se fait attendre.

L'Etat actionnaire, seule planche de salut?

EDF, qui a appelé l'Etat -actionnaire à 84,9%- à la rescousse le 16 février dernier pour le obtenir la mise en place d'une nouvelle régulation sur les prix, peine à convaincre.

 "Le législateur et l'exécutif ont une part de responsabilité certaine dans cette affaire, aussi bien au niveau local qu'européen", estimant que "sans visibilité sur le business model (modèle économique NDLR), la défiance des investisseurs s'annonce durable", selon Aurel BCG.

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Le titre souffrait particulièrement mardi d'une note des analystes de la banque UBS qui ont abaissé leur recommandation à "vendre" sur la valeur, contre "neutre" auparavant. Ils valorisent désormais la société au prix de 8 euros, contre 19 euros dans leur précédente estimation. Selon eux, les investisseurs ne prennent pas assez en compte l'impact de la baisse des prix et de la libéralisation du marché.

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UBS juge que si rien de change, EDF va subir des pertes en 2018, avec une forte baisse de rentabilité et l'absence de dividende. La banque pense que le groupe pourrait relever la tête grâce à un soutien du gouvernement, la mise en Bourse d'actifs de qualité comme les réseaux et les énergies renouvelables, ou encore de nouvelles cessions d'actifs.

(Avec AFP)