Bourse : encore du potentiel en 2018 pour les équipementiers ?

Les équipementiers automobiles français sont-ils arrivés au bout d’un cycle haussier ? Les grands groupes du secteur ont connu d’importantes progressions en 2017. Certaines valeurs ont même enregistré des hausses impressionnantes comme Faurecia (+92 %) ou Plastic Omnium (+26 %). Le premier a pu ainsi intégrer le Next20, considéré comme l’anti-chambre du CAC 40, et le second affiche une capitalisation boursière historique.
Nabil Bourassi
(Crédits : © Charles Platiau / Reuters)

La conjoncture est très favorable aux équipementiers automobiles. Les marchés américains et européens sont proches de la saturation (les ventes aux États-Unis se sont mêmes tassées en 2017, à -1,8 %), mais il reste une forte dynamique en faveur des SUV et des équipements premiums. D'autre part, les marchés brésilien et russe retrouvent de forts niveaux de croissance, rejoints en cela par l'Inde. Enfin, ces entreprises sont structurellement saines : des portefeuilles clients diversifiés, des positions leaders dans leurs métiers, une couverture géographique mondiale et une capacité d'innovation reconnue dans le monde entier. Toutes les conditions sont réunies pour que ces valeurs poursuivent leur ascension en Bourse au gré de la progression de leurs résultats financiers.

Pour Xavier de Buhren, gérant actions françaises chez Mirabaud AM, « les équipementiers automobiles vont continuer à surperformer le marché, c'est structurel ». Même dans un contexte de stagnation en volumes, les voitures prennent de plus en plus de valeur grâce à la montée en gamme (dynamique des SUV et des marques premium) mais également avec le resserrement réglementaire autour des technologies de dépollution, un domaine devenu la spécialité des Français.

Il se pourrait néanmoins que les équipementiers reviennent sur des rythmes de croissance plus modestes en 2018. Les groupes ont rattrapé une grande partie de leur retard sur les moyennes de valorisation du secteur. Ainsi, Faurecia se paie maintenant 14 fois les bénéfices, soit un niveau semblable à celui de Valeo, qui était jusqu'ici la référence du secteur. Un autre ratio, la valeur d'entreprise (capitalisation + dettes rapportées au résultat d'exploitation) donne encore de la marge à Faurecia puisque celui-ci s'inscrit dans un rapport de 8,4 contre 10 pour Valeo. Mais pour Xavier de Buhren, « Faurecia a quasi doublé en 2017, pour atteindre son plus haut historique, le titre devrait désormais évoluer sur une trajectoire plus normale ».

Pas de consolidation en vue ?

L'attitude de PSA pourrait également peser sur Faurecia puisque le constructeur automobile français n'a pas caché son souhait de se désengager du capital (48 % des parts). Un tel scénario tirerait automatiquement le titre vers le bas. PSA pourrait d'autant plus être encouragé à vendre que le titre ne semble plus offrir beaucoup de perspectives de croissance. Autrement dit, ce sera bientôt le moment de vendre. Les marchés n'attendent pas non plus de gros mouvements de consolidation. L'annonce de Continental de revendre une partie de ses activités liées au moteur à combustible ne devrait pas être un signal au marché. « Continental est un groupe valorisé près de 48 milliards d'euros, ce n'est pas étonnant qu'il soit en quête de rationalisation de son portefeuille d'activités », relativise Xavier de Buhren. Pour rappel, la valorisation de Valeo culmine à 15 milliards d'euros. La star des marchés ces dernières années a vu son titre se stabiliser en 2017. L'action a progressé de « seulement » 15 % contre une hausse de 400 % sur cinq ans. Les marchés ont estimé que le titre considéré parfois comme une « valeur tech » était déjà très haut. Pourtant, l'entreprise dirigée par Jacques Aschenbroich affiche toujours de fortes ambitions de croissance rentable pour les prochaines années. Valeo a même revu à la hausse ses objectifs stratégiques pour 2021 passant d'un objectif de 20 à 27 milliards de chiffre d'affaires. « Le marché n'est pas encore prêt à payer plus cher car, pour l'heure, certains ont encore du chemin à parcourir pour rattraper les ratios moyens du secteur », estime Xavier de Buhren. Si les équipementiers semblent avoir rattrapé leur retard de valorisation et offrir peu de marge de forte croissance à court terme, ils n'en restent pas moins des valeurs solides y compris en cas de retournement de marché, et avec des perspectives intéressantes à long terme

Nabil Bourassi

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