Comment les cours des cryptomonnaies ont réagi face au Covid-19

FOCUS DATA. Mi-mars, au moment du "Corona-krach", les monnaies numériques basées sur la technologie blockchain n'ont pas échappé au cataclysme sur les marchés. Mais, contrairement aux valeurs des Bourses, celles-ci relèvent visiblement plus rapidement la tête. Dès le début d'avril, le bitcoin, porte-étendard de ces monnaies électroniques "décentralisées", a ainsi visiblement retrouvé son niveau de janvier 2020. Depuis, les monnaies virtuelles grimpent en flèche, avec l'ethereum en tête de course. Pourquoi les cryptomonnaies résistent-elles mieux à cette crise ?
(Crédits : La Tribune)

La crise n'aura pas la peau des cryptomonnaies. Alors que les indicateurs économiques mondiaux virent au rouge et que le spectre de la récession se répand, le monde parallèle des cryptomonnaies tient, lui, toujours le cap. Après avoir subi les secousses de la Bourse mi-mars, les cinq monnaies électroniques "décentralisées" les plus importantes (en capitalisation boursière, selon le site coinmarketcap.com) étaient déjà remises sur pied moins d'un mois après. Plus visible encore, une grande majorité des cours de ces monnaies alternatives explose depuis début août. Les monnaies virtuelles sont-elles complètement décorrelées de la conjoncture ?

>> Passez la souris sur le graphique afin d'avoir une vision plus précise de l'évolution des indices (* voir la méthodologie en bas d'article).

Doyenne des cryptomonnaies, l'évolution du bitcoin (BTC) depuis sa naissance donne le vertige. A sa création en 2008, un bitcoin valait environ 0,001 USD. La monnaie, créée par un mystérieux Satoshi Nakamoto qui a découvert comment valider un système d'échange de pair à pair (ou de bloc à bloc) via un immense registre de compte certifié, vaut aujourd'hui plus de 10.000 USD. C'est proche de sa valeur de début d'année (plus de 8.000 dollars), mais loin de son plus haut rendant la crypto-sphère euphorique, à plus de 20.000 dollars.

En plein "Corona-krach", le bitcoin (BTC) tombe à son plus bas, à 71 (sur une valeur initiale remise à l'indice 100 le 2 janvier), le 16 mars, jour d'un nouveau lundi noir sur les Bourses. Considérée comme la plus attractive de par sa technologie d'échange, le bitcoin entraine dans sa chute le ripple (XRP) et son faux jumeau, le bitcoin (BCH), né d'une scission en 2017 pour améliorer la performance des échanges des blocs.

Toutefois, les cours des cryptomonnaies, particulièrement le bitcoin et l'ethereum, font visiblement preuve de résilience. Dès avril, ils retrouvent et dépassent même leur niveau de début d'année 2020.

« Alors que beaucoup pensaient que le bitcoin n'était corrélé à rien, on constate que l'effondrement de la Bourse en mars a une conséquence directe au moins momentanée sur les cryptomonnaies. Tout baisse, mais pas ce type de corrélations révélatrices », analyse Jacques Favier, fondateur de l'association spécialisée dans le bitcoin "Le Cercle du Coin".

De son côté, Frédéric Ocana, consultant et spécialiste de la blockchain, estime que « les cryptomonnaies suivent toujours la Bourse. Si elles ont bien résisté, c'est lié à la baisse du dollar qui influe les Bourses. Résultat, il y a eu un besoin de diversification des portefeuilles boursiers, au profit des cryptomonnaies. Un conseil qui était même donné par les grandes banques américaines, telle JPMorgan.»

L'Ethereum tire son épingle du jeu

Néanmoins, les différentes cryptomonnaies n'ont pas toutes réagi de la même manière. L'ethereum (ETH) en particulier s'envole dès mi-avril et dépasse largement son niveau de début d'année depuis fin juillet. Cette cryptomonnaie, dont le rêve est de supplanter l'indétronable bitcoin, se veut comme étant l'ambassadrice de la "génération suivante" des cryptomonnaies et de ce que le petit monde crypto appelle "l'Internet des valeurs", où chacun devient maître de ses échanges et de ses actifs, sans intermédiaires. Disruptive, l'ethereum n'est aucunement corrélée à la conjoncture, mais à l'explosion d'un nouveau modèle : la "DeFi" (finance décentralisée). Depuis décembre 2019, l'ambitieuse DeFi, qui souhaite recréer le système financier actuel en se séparant des intermédiaires (banques notamment), fait rêver les investisseurs.

« Plus de 90% de la DeFI porte sur l'ethereum. C'est une nouvelle façon de faire de la finance décentralisée » estime Frédéric Ocana. « L'explosion de la DeFI a été naturellement propice à une grande recherche d'ethereum le carburant des smart contracts (- ou contrats - automatisées écrites dans les blockchain ndlr), et le sous jacent des tokens normalisés circulant sur sa  blockchain. Si le Covid a eu un effet dans la cryptosphère, il l'a eu d'abord sur le bitcoin qui, lui, influe toutes les autres crypto à l'exception dans une certaine mesure, et pour cette raison, de l'ethereum », ajoute Jacques Favier.

Autre valeur qui se démarque par sa stabilité : le tether. Premier stablecoin (monnaie dont le cours est adossé à une monnaie fiduciaire pour réduire les risques de volatilité ndlr), le tether est une cryptomonnaie qui suit le cours du dollar. Il a ainsi perdu 7% de sa valeur entre le 1er juin et le 17 septembre, mais remonte ces derniers jours (1 euro est égal à 1,167 dollar USD le 24 septembre contre 1,184 le 18 septembre). Les autres cryptomonnaies naviguent, elles, dans des eaux très favorables. Résisteront-elles également à un éventuel second krach ?

Le mythe du bitcoiner

 « Les seuls éléments qui peuvent donner une anticipation sont techniques : la puissance de calcul, la difficulté du minage (les calculs effectués par des ordinateurs en réseau pour produire le cryptage et le niveau de sécurité nécessaire aux échanges de blocs ndlr) et le nombre de requêtes Google. Même s'il y a eu un coup porté au mythe de la non corrélation pendant la crise, il y a un enthousiasme du "bitcoineur" sur le fait que les cryptomonnaies échappent et continueront d'échapper au monde extérieur », estime Jacques Favier.

Mais à l'heure où la Commission Européenne souhaite se pencher sur le "vide juridique" autour des monnaies numériques, les vents risquent-ils de tourner ? Bruxelles, inquiet de l'importance grandissante des cryptomonnaies et du projet de Libra, monnaie numérique que veut lancer Facebook, a en effet présenté jeudi 23 septembre, sa stratégie pour encadrer la finance numérique. La Commission européenne veut réguler les cryptomonnaies et propose ainsi sa première législation ciblant toute forme de cryptoactifs, actuelle et future. Avec un cadre financier plus défini, les cryptomonnaies pourraient ainsi se rapprocher davantage des soubresauts des marchés réglementés.

(*) (1) Afin de pouvoir comparer l'évolution des principales cryptomonnaies sur un seul graphique, La Tribune a reconverti les données sur un indice de base 100 (début janvier pour le premier graphique, début juin pour le second).

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Commentaires 4
à écrit le 01/10/2020 à 12:07
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Mea culpa, vous montrez les 2. Sauf que le BCH n'est pas "Bitcoin" lui aussi. Bref...

à écrit le 01/10/2020 à 12:06
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... c'est une blague ! Votre graphique montre le cours de "Bitcoin CASH" et pas de "Bitcoin" tout court !!! C'est COMPLETEMENT différent ! Grossière erreur ! Bitcoin cash n'est qu'une pâle copie du vrai et de l'indétrônable Bitcoin capitalisation n°1...

à écrit le 01/10/2020 à 9:11
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C'est le bulletin de santé de l'économie virtuelle que tout le monde possède par imagination pendant que d'autre réalise leurs vœux a leur dépend!

à écrit le 01/10/2020 à 8:55
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Une excellente idée d'article, bravo à vous c'est bel et bien le moment de jeter un œil sur ces cryptomonnaies que tous nos experts financiers médiatiques voyaient disparaître honteusement parce que "c'est nul" " ça sert à rien" "ça repose sur rien" ...

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