Mise en service de Flamanville : le calendrier d’EDF est possible, « mais très tendu », prévient l’ASN

Par latribune.fr  |   |  651  mots
Le chantier du réacteur de nouvelle génération (EPR) de Flamanville, débuté en 2007, accumule plus de douze années de retard. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
L'Autorité de sûreté nucléaire a prévenu ce mardi que le projet de démarrage de la centrale nucléaire de Flamanville (Manche) en mars 2024 s'inscrivait dans un calendrier très tendu. EDF, qui vise un chargement du combustible en mars, ne dispose d'aucune marge, a précisé le gendarme du secteur.

La tant attendue mise en service de l'EPR de Flamanville risque-t-elle d'être reportée une énième fois ? Le doute est permis. Et pour cause, « il n'y a aucune marge », a indiqué ce mardi Bernard Doroszczuk, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), lors de sa présentation des vœux à la presse, en faisant référence au calendrier envisagé par EDF pour le démarrage de la centrale de Flamanville.

Pour rappel, le chantier du réacteur de nouvelle génération (EPR) de Flamanville, débuté en 2007, accumule plus de douze années de retard et l'électricien historique vise dorénavant un chargement du combustible en mars.

« A ce stade, le calendrier visé par EDF est un calendrier afin d'obtenir une autorisation de mise en service de la part de l'ASN fin du 1er trimestre de cette année. C'est possible mais c'est très tendu » , a affirmé Bernard Doroszczuk.

EDF pas encore prêt

L'énergéticien a, en effet, encore beaucoup de travail. « Si EDF n'apporte par les derniers éléments que nous leur avons demandés en termes de justification de préparation global du site pour fonctionner, et ne nous apporte pas suffisamment d'éléments sur les quelques points qui restent en termes d'attestation de conformité de certains équipements sous pression, ce sera difficile », a-t-il mis en garde, tout en estimant, une nouvelle fois, que cela restait « possible ».

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De plus, l'organisme a mené en mai 2023 « un certain nombre d'inspections, dont une inspection de revue qui était très importante, qui a duré une semaine avec plusieurs dizaines d'inspecteurs, d'experts de l'ASN et de l'IRSN (Institut de radioprotection et sûreté nucléaire, expert du secteur, ndlr), pour vérifier l'état de préparation d'EDF en vue de la mise en service du réacteur », a décrit Bernard Doroszczuk.

Or, « cette inspection a permis de mettre en évidence les besoins qui restaient encore importants de la part d'EDF de maîtriser la documentation d'exploitation, c'est-à-dire le passage du constructeur à celui d'exploitant du réacteur », a-t-il ajouté.

Prochaine étape en février

« Si tout va bien, nous pourrions être amenés à mettre en consultation (...) le projet d'autorisation de mise en service vers la fin février » et ce pour une durée d'un mois. Une fois l'autorisation obtenue, EDF pourra charger le combustible - ce qu'il compte faire en mars - puis il y aura une montée en puissance par paliers, avant un couplage au réseau électrique : le groupe vise un raccordement mi-2024. Il lui faudra plusieurs mois avant d'attendre la pleine puissance.

A noter : même en cas de démarrage de cette nouvelle centrale, EDF devrait avoir du mal à fortement augmenter sa production. Le groupe prévoit de fournir entre 335 et 365 térawattheures (TWh) d'électricité atomique en 2026, soit la même fourchette qu'en 2025, ni plus, ni moins.

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Ceci s'expliquerait par le planning du « Grand Carénage », ce programme de contrôle et de mise à niveau des centrales pour les prolonger le plus possible, comme demandé par Emmanuel Macron début 2022. Car celui-ci se décline à travers les « visites décennales », des opérations de grande ampleur réalisées - comme leur nom l'indique - tous les dix ans, qui nécessitent d'arrêter la tranche concernée. Or, celles-ci durent en général trois mois, et RTE, l'organisme responsable de l'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité en France, prend une marge d'au moins un mois de retard.

« En 2025 et 2026, le planning sera relativement chargé car beaucoup de ces visites commenceront pour les installations de 1300 MW. Ce plateau n'est donc pas une surprise », expliquait-on chez EDF.

(Avec AFP)