Production d'électricité : les exportations de la France s'envolent et atteignent même un nouveau record

Par latribune.fr  |   |  986  mots
Vendredi à 16h, les marché ont réservé 18.680 mégawatts (MW) d'électricité, contre 17.415 MW, lors du précédent record établi le 22 février 2019. (Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
La gestionnaire du réseau électrique RTE a annoncé mardi que les capacités d'exportations « réservées » par les marchés ont atteint un plus haut à 18.680 mégawatts (MW) vendredi, battant le record de 2019. Après une année 2022 difficile, la baisse de la consommation et l'augmentation de la production nucléaire ont donc fait repartir les exportations françaises.

La France redevient un grand pays exportateur d'électricité. En effet, le gestionnaire du réseau électrique RTE a affirmé mardi qu'un nouveau record de capacités d'exportations « réservées » par les marchés avait été atteint vendredi vers 16h. Ce jour-là, les marchés ont réservé 18.680 mégawatts (MW), contre 17.415 MW, lors du précédent record établi le 22 février 2019, a indiqué RTE, confirmant une information du quotidien Les Echos. Le volume effectif d'exportations peut varier à la marge jusqu'à une heure avant l'heure dite, a précisé RTE, qui n'était donc pas en mesure de fournir les données corrigées dans le jour du pic de réservations.

Ce nouveau record « démontre l'appétit des marchés sur les capacités d'export », a relevé RTE mardi, qui a mis en avant les effets bénéfiques pour la balance commerciale française.

Dans le détail, cette électricité a été exportée vers le Royaume-Uni (3 GW), l'Allemagne et le Bénélux (5,4 GW), la Suisse (3,2 GW), l'Italie (4,4 GW) et l'Espagne (2,6 GW), a détaillé RTE.

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Baisse de la consommation

Comment expliquer ce retour de la France après une année 2022 particulièrement difficile? Un premier élément d'explication vient de la baisse de la consommation.

« Il y a un besoin en ce moment qui est un peu plus faible en consommation en France, puisqu'on est dans une période de vacances », a souligné RTE pour expliquer cette pointe d'exportations record.

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Outre les départs en congés, « les températures la semaine dernière ont été élevées pour la saison, notamment le jeudi », où elles « ont pu être de 4 à 6 degrés au-dessus des normales de saison », a indiqué Météo-France à l'AFP, ce qui explique également les moindres besoins en électricité de l'Hexagone.

Augmentation de la production venant du nucléaire

RTE met également en avant des coûts de production « compétitifs », étant donné que « la disponibilité de tous nos moyens de production, notamment du nucléaire », a augmenté par rapport à l'an dernier. Placée en 2022 dans une situation inédite à cause de problèmes de corrosion détectés sur plusieurs réacteurs nucléaires, la France avait dû importer de l'électricité l'an dernier, ce qui n'était plus arrivé depuis 42 ans. Pour rappel, EDF a difficilement généré 279 térawattheures (TWh) d'énergie atomique en 2022, un chiffre en recul de 30% par rapport à la moyenne des vingt dernières années.

Ensuite, « une proportion notable du parc nucléaire a pu être contrôlée et réparée au cours de l'année », avait signalé RTE début novembre, lors de son traditionnel point presse sur le passage de l'hiver. Le gestionnaire du réseau avait alors considéré comme « faible » le risque de coupure d'électricité cet hiver, contrairement à l'an dernier, lorsque la crise de la corrosion sous contrainte avait rendu indisponibles de nombreux réacteurs et fait chuter la production nucléaire à son plus bas niveau depuis 30 ans.

L'éolien a également fourni une « bonne production » la semaine dernière, couvrant environ 20% de la production électrique nationale, a noté RTE.

Une production qui devrait stagner en 2026

Si la production est revenue à la normale, devrait-on pour autant crier victoire?

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Pas forcément étant donné que, pour répondre aux besoins nationaux, le gouvernement a récemment demandé à EDF d'aller « chercher 100 TWh de plus » que les 279 térawattheures d'énergie nucléaire produits en 2022 d'ici à la fin de la décennie. Problème, EDF ne prévoit qu'une production de 300 à 330 TWh en 2023 et à peine plus (335 et 365 TWh) en 2026, a précisé l'entreprise le 21 décembre. Force est de constater que le parc atteindra alors un plateau, bien loin des 380 TWh enregistrés en 2019, et des quelque 400 TWh de 2015.

Et ceci s'expliquerait par le planning du Grand Carénage, ce programme de contrôle et de mise à niveau des centrales pour les prolonger le plus possible, comme demandé par Emmanuel Macron début 2022. Car celui-ci se décline à travers les « visites décennales », des opérations de grande ampleur réalisées - comme leur nom l'indique - tous les dix ans, qui nécessitent d'arrêter la tranche concernée. Or, celles-ci durent en général trois mois, et RTE, l'organisme responsable de l'équilibre entre l'offre et la demande d'électricité en France, prend une marge d'au moins un mois de retard. « En 2025 et 2026, le planning sera relativement chargé car beaucoup de ces visites commenceront pour les installations de 1300 MW. Ce plateau n'est donc pas une surprise », explique-t-on chez EDF.

Un prix spot très en dessous de celui de 2022

Ce regain de production a eu un effet positif sur le prix de l'électricité. Ainsi, le prix spot (de court terme) de l'électricité était cependant fixé à 45,15 euros le MWh à 16h vendredi, contre environ 216 euros un an plus tôt, conséquence d'une bulle spéculative favorisée par la crise en Ukraine et des craintes sur l'approvisionnement en gaz du pays, ajoutées à la crise de la corrosion sous contrainte.

Pour autant, les Français devraient continuer de voir leur facture augmenter en 2024 avec la fin progressive du bouclier tarifaire mis en place sur le tarif réglementé de vente par le gouvernement. Après avoir été rehaussé de 4% en février 2022, puis de 15% et 10% en février et août 2023, cet abonnement encadré par les pouvoirs publics et payé directement par 21 millions de foyers (mais aussi indirectement par de nombreux autres, à travers des offres indexées) sera ainsi renchéri de 10%. Surtout, d'autres « hausses régulières » devraient suivre, au moins jusqu'en 2026, a précisé le locataire de Bercy.

(Avec AFP)