Les centrales hydroélectriques assurent 12% de la production d'électricité en France et bien qu'ancien, le secteur a encore un potentiel de développement qui permettrait de produire « 20% de plus », essentiellement avec de nouveaux ouvrages, selon France Hydro Électricité. A horizon 2028, la France a planifié un développement de 5% de son hydroélectricité, soit 3 à 4 térawattheure (Twh) de plus qu'actuellement. Une nouvelle loi de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) est d'ailleurs en préparation dans cette optique.
Engagée dans la production d'énergie renouvelable sur son sol, la Bourgogne-Franche-Comté souhaite jouer une carte dans le secteur hydraulique. C'est du moins ce qu'elle a voulu montrer lors de la dixième Rencontre de l'Hydroélectricité qui a réuni les acteurs régionaux et nationaux de la filière, début décembre à Beaune. La région a d'ailleurs sorti ses arguments phares : les nombreuses rivières et le relief du territoire créent un potentiel local significatif pour l'hydroélectricité. C'est pourquoi cette dernière s'est fixé l'objectif de produire assez d'énergie renouvelable pour subvenir à 34 % de sa consommation d'ici à 2030, contre 15 % en 2020.
Dans cette production, « si l'hydroélectricité ne représente que 8 % du volume total des énergies renouvelables produites (chaleur et électricité), elle contribue pour un quart à la seule production d'électricité décarbonée », affirme Lilian Geney, chargé de mission Hydroélectricité à l'Ademe Bourgogne-Franche-Comté. Au total 244 sites sont équipés pour produire de l'électricité à partir des cours d'eau. Ce qui représente une puissance totale installée de 526 MW, soit la puissance d'un petit réacteur nucléaire. « En termes d'installations et de puissance, nous sommes la sixième région française », rappelle Lilian Genet.
De nouvelles technologies apparaissent
La région vise 550 MW d'énergie opérationnelle issue de l'hydraulique, à horizon 2050. Sachant qu'une quinzaine de nouveaux projets s'ajoutent chaque année au portefeuille d'acteurs accompagnés par l'Ademe, les ambitions de la région semblent atteignables.
En plus de ces nouveaux sites, de nouvelles technologies, plus efficaces, comme le transfert d'énergie par pompage, se développent et permettraient aussi d'améliorer l'existant. Pour l'instant, seulement six centrales en France utilisent cette technologie. Celles-ci sont capables de pomper l'eau d'un bassin inférieur vers un bassin supérieur. Si elles utilisent de l'énergie solaire ou éolienne excédentaire pour pomper cette eau, cela revient à « stocker » cette énergie excédentaire. « C'est une solution intéressante pour le mix énergétique », explique Lilian Genet.
« Elle vient en complément du solaire et de l'éolien, tout en palliant le phénomène d'intermittence des énergies renouvelables », poursuit-il.
Le changement climatique dans l'équilibre économique des projets
« Actuellement, les centrales permettent d'avoir des rentabilités entre 8 et 12 ans », assure Lilian Genet. « L'idée est de pouvoir profiter de ces tarifs d'achat pour faire une opération blanche sur 20 ans », poursuit-il. Afin de préserver cette rentabilité, les porteurs de projets doivent intégrer les données du changement climatique. Moins d'eau l'hiver et de violents orages l'été ne perturbent pas seulement les cycles des végétaux et la biodiversité. Ces changements climatiques impactent le modèle économique des microcentrales. Ce dernier étant assis sur un prix d'achat garanti dégradé en été. Une production désaisonnalisée peut venir minorer les recettes.
Afin d'accompagner et de soutenir les porteurs de projets, l'Ademe a mis en avant des études plus précises, comme celle de l'EPAGE6 « Haut-Doubs et Haute-Loue » ou celle de l'Université de Bourgogne, qui permettent d'anticiper les débits moyens saisonniers sur des périodes longues. Tandis que les simulations de production sur lesquelles sont bâtis les nouveaux projets intègrent beaucoup mieux les aléas de la pluviométrie.
Un accompagnement fort de l'Ademe
Afin de répondre aux ambitions nationales et régionales, l'Ademe développe plusieurs ressources. Outre l'édition de guides pratiques, de fiches de retour d'expérience, d'un annuaire de professionnels ou encore de l'organisation des Rencontres de l'Hydroélectricité, l'Agence de la transition écologique accompagne financièrement les porteurs de projet dès l'étude de faisabilité.
« Notre cible, ce sont les centrales développées par la sphère privée, soit des propriétaires de moulins ou des porteurs de projets sur des seuils existants, ce qu'on appelle communément des barrages », explique Lilian Genet.
La filière hydroélectrique est une filière technique dynamique qui repose sur un écosystème actif de producteurs indépendants, à l'ombre du géant EDF. Depuis 2016, 110 études de faisabilité ont été aidées par l'Ademe, pour un montant d'étude compris entre 6.500 euros à 45.000 euros. « Nous soutenons les études d'avant-projet permettant de préciser les conditions techniques et économiques de réalisation de l'installation grâce à des études de sol et des relevés topographiques précis », indique Lilian Genet. 14 études de ce type (dont 8 en 2021 et 2022), ont été financées pour un montant d'études moyen de 52.000 euros. « En revanche, nous n'aidons ni les études règlementaires, ni les études environnementales (faune-flore, dimensionnement de passe à poissons...) », reconnait le chargé de mission.
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