Mis en examen ou pas, Fillon déterminé à aller jusqu'au bout

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PARIS (Reuters) - La stratégie du "jusqu'au bout" choisie ces derniers jours par François Fillon laisse désormais peu de doute sur sa volonté de maintenir sa candidature à la présidentielle, quoi que puisse décider la justice dans l'affaire des emplois de son épouse, y compris dans l'éventualité d'une mise en examen.

Le vainqueur de la primaire de novembre 2016 avait annoncé, après les révélations du Canard enchaîné à la fin janvier, son intention de se désister en pareil cas.

Mais l'ex-Premier ministre, qui a un temps espéré un dénouement rapide de l'enquête préliminaire, a par la suite multiplié les déclarations sur sa détermination intacte à se présenter devant les électeurs au premier tour, et ses avocats ont attaqué la légitimité du Parquet national financier.

Des propos relayés par ses soutiens qui, tout en entretenant l'ambiguïté, vont dans le même sens.

"François Fillon est candidat et il ira jusqu'au bout de cette élection", a déclaré vendredi son porte-parole Thierry Solère sur LCI.

"Il a la volonté de mener cette campagne vers la victoire, quels que soient les aléas, quelles que soient les attaques qu'il subit", lui a fait écho le député Eric Ciotti sur Europe 1. "On ne se laissera voler cette victoire."

Depuis plus de trois semaines, François Fillon n'a cessé de balayer l'hypothèse d'un retrait malgré un début de fronde parmi les députés en début de semaine et malgré les derniers rebondissements judiciaires.

CASSEROLES

Jeudi, le PNF a annoncé qu'il poursuivait ses investigations et qu'il excluait pour l'heure tout classement sans suite en raison des "nombreux éléments déjà recueillis" portant sur les soupçons d'emplois fictifs de Penelope Fillon et de deux enfants du couple.

"Cela n'entame en rien ma détermination", a aussitôt réagi le député de Paris dans une interview au Figaro, dont un extrait a été publié sur son compte Twitter. "Je m'en remets donc désormais au seul jugement du suffrage universel."

Selon RTL, il s'est montré plus catégorique encore lors de confidences faites en privé. "Même si je suis mis en examen, rien ne m'arrêtera", aurait-il dit.

Toute la difficulté pour le député de Paris consiste à mener campagne alors même qu'il n'a pas la maîtrise de son avenir judiciaire.

Trois possibilités principales s'offrent au PNF : le classement sans suite - désormais peu probable -, le renvoi devant un tribunal correctionnel ou l'ouverture d'une information judiciaire, qui pourrait alors déboucher sur une mise en examen.

A cette incertitude s'ajoutent les obstacles rencontrés au quotidien, comme vendredi devant l'hôtel de ville de Tourcoing (Nord) où l'attendait un comité d'accueil composé d'opposants, pour certains venus avec des casseroles.

"Ce sera dur, bien sûr. C'est la raison pour laquelle il faut s'engager", a estimé vendredi Alain Juppé en marge du conseil de Bordeaux Métropole.

"Au soir de la primaire, j'ai apporté mon soutien à François Fillon. Vous savez que je ne change pas d'avis au gré des vents sondagiers. Donc je soutiens François Fillon", a poursuivi le maire de Bordeaux, défait au second tour de la primaire.

(Simon Carraud avec Claude canellas à Bordeaux, édité par Yves Clarisse)