Hamon et Mélenchon entament de difficiles discussions

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L'entente entre melenchon et hamon est improbable, dit cambadelis[reuters.com]
(Crédits : © Gonzalo Fuentes / Reuters)

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont entamé des discussions sur un éventuel rassemblement de la gauche dans la perspective de l'élection présidentielle mais cela ressemble à une mission quasiment impossible.

Le dialogue ne sera "pas facile", a reconnu vendredi l'ancien ministre de l'Education, à qui le candidat de La France insoumise demande dans une lettre "des garanties" sur son engagement à rompre avec le quinquennat de François Hollande et exige que Benoît Hamon accepte l'essentiel de son programme.

Jean-Luc Mélenchon a averti vendredi soir sur BFMTV qu'il ne servirait à rien de faire "la danse du ventre" pour savoir "lequel est le plus unitaire".

"C'est un peu fort de café qu'on vienne me demander de remplumer des gens (le PS) qui viennent de tout perdre", a-t-il ajouté. "Je n'ai pas l'intention d'aller m'accrocher à un corbillard (...) J'ai dit que je serai candidat."

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a fait part de son fort scepticisme.

"Les 21 conditions de @JLMelenchon à @benoithamon chargent à ce point la mule qu'elles ne laissent pas beaucoup de chance à l'unité", a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Frédéric Dabi, de l'institut de sondages Ifop, prédit l'échec de ce dialogue "trop tardif", sachant qu'il "ne se traduira pas par un retrait de l'un des deux".

"Nous discutons et nous continuerons à discuter", a néanmoins dit Benoît Hamon vendredi sur franceinfo. "Nous nous sommes parlé et nous allons encore nous parler aujourd'hui."

Une amorce de dialogue confirmée dans la lettre que Jean-Luc Mélenchon a envoyée jeudi soir à Benoît Hamon : "Voyons ce que nous pouvons faire d'utile", lit-on dans cette missive.

"Nous sommes bien d'accord que la présidentielle et les législatives sont étroitement liées. Dans ces conditions parlons-nous avec sérieux, sincérité et loyauté à l'égard de notre peuple pour éclairer la décision et le choix qu'il va faire", ajoute Jean-Luc Mélenchon, qui discute aussi avec le candidat écologiste à l'élection présidentielle, Yannick Jadot.

A près de 90%, les écologistes ont voté cette semaine en faveur d'un dialogue de leur camp avec Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon en vue des scrutins du printemps. [nL8N1G1732]

"ROMPRE AVEC LE QUINQUENNAT"

Benoît Hamon souhaite une "discussion de fond", alors que la multiplication des candidatures à gauche favorise une accession de la candidate du Front national, Marine Le Pen, au second tour de la présidentielle.

"Ce que nous devons discuter, ce sont les conditions dans lesquelles ce rassemblement est possible et qui est au bout du compte entre Yannick Jadot, entre Jean Luc Mélenchon, moi-même, le mieux à même de représenter la gauche demain au second tour de l'élection présidentielle sur un projet qui pourrait être commun", a expliqué Benoît Hamon.

"Ce ne sera pas facile", a-t-il reconnu, se gardant d'envisager un éventuel retrait de sa part de la course à l'Elysée, ce que n'a jamais fait non plus Jean-Luc Mélenchon.

Dans sa lettre, ce dernier demande à Benoît Hamon "des garanties politiques précises sur (s)on engagement à rompre avec le quinquennat et son bilan", laissant peu d'ouverture à son adversaire du PS, à qui il demande de rejoindre sa ligne.

"Comme la majorité de notre peuple je n'ai plus aucune confiance dans les accords d'appareils entre partis politiques", écrit-il. "Le mouvement La France insoumise s'est constitué sur un programme et une candidature qui le porte. Rien d'autre."

Il se dit néanmoins prêt à consulter ses troupes "s'il existe une possibilité que la trame essentielle de ce qui nous a regroupé puisse aussi fédérer des partis politiques de la gauche traditionnelle".

Le candidat socialiste et celui de La France insoumise sont quatrième et cinquième dans les intentions de vote au premier tour, mais premier ou deuxième si l'on additionne leurs scores.

Proches sur certains sujets comme la nécessité d'une VIe République, les deux hommes divergent sur des thèmes cruciaux comme la construction européenne. [nL8N1FZ7J1]

Dans un sondage Odoxa pour franceinfo publié vendredi, les Français interrogés veulent à 63% que les deux candidats se présentent. Chez les sympathisants de gauche, les choses sont plus tranchées, les sondés émettant à 44% le souhait que Jean-Luc Mélenchon se désiste en faveur de Benoît Hamon, contre 16% dans le sens contraire. [nL8N1G177X]

(Avec Simon Carraud et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)