Le FN "seule force de résistance", selon Le Pen

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Le fn seule force de resistance, selon le pen[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Marine Le Pen, qui fait son entrée à l'Assemblée nationale avec une demi-douzaine de députés du Front national, a présenté dimanche son parti comme "la seule force de résistance à la dilution de la France" face à la majorité donnée à Emmanuel Macron.

Le résultat ambivalent pour la formation d'extrême droite, qui espérait mieux mais craignait le pire, marque la fin d'une séquence de déceptions électorales et le début d'un cycle périlleux de refondation promise par sa présidente.

Elle emmènera avec elle sept autres députés, dont Louis Aliot, Sébastien Chenu, Ludovic Pajot, Bruno Bilde ou Gilbert Collard (apparenté), réélu dans le Gard, mais pas son conseiller et vice-président Florian Philippot, battu en Moselle par un candidat de La République en marche.

Le FN augmente donc le nombre de ses députés par rapport à la législature écoulée - Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard étaient alors isolés sur les bancs de l'Assemblée - mais ne remplit pas son objectif de départ, qui était d'atteindre le seuil de 15 élus requis pour former un groupe.

"Nous sommes la seule force de résistance à la dilution de la France, de son modèle social et de son identité", a dit Marine Le Pen lors d'une déclaration depuis Hénin-Beaumont, au coeur de sa circonscription, avant d'esquisser les grandes lignes de son mandat dans l'opposition.

"Nous combattrons de toute nos forces les projets délétères du gouvernement, qui n'est en place que pour appliquer la feuille de route que lui a envoyée Bruxelles", a-t-elle déclaré.

"Nous contesterons haut et fort la nouvelle loi Travail, qui doit saccager la protection des salariés (...) Nous nous opposerons sans faillir à la hausse massive de la fiscalité sur les revenus des retraites et des salariés", a poursuivi la présidente du FN.

"Nous combattrons la politique migratoire qui vise à accélérer les arrivées de migrants en accord avec l'Allemagne d'Angela Merkel", a encore dit Marine Le Pen, pour qui la légitimité de l'exécutif est fragile.

"COUP DANS LA TÊTE"

"La véritable opposition sera (...) autour de Marine le Pen", lui a fait écho, sur France 2, le directeur de sa campagne présidentielle, David Rachline.

Dans les faits, les Républicains, la gauche coalisée autour du Parti socialiste ou La France insoumise seront représentés par des délégations plus nombreuses dans la prochaine Assemblée.

Mais le FN joue sur les divisions à droite et à gauche, où certains plaident pour une opposition souple à Emmanuel Macron, pour justifier le titre qu'il se donne de première opposition.

"Nous ne devons pas crier victoire parce que le FN a quand même pris un sacré coup dans la tête", a cependant jugé Gilbert Collard devant la presse.

"Il va falloir maintenant réfléchir très sérieusement au fonctionnement du mouvement et à la manière dont on doit s'organiser", a également dit le député au verbe haut, qui promet désormais de poser des "questions" à haute voix.

"Ce n'est pas concevable que dans une région comme le Gard (...), j'ai eu tant de difficultés (...) alors que j'avais un élan extraordinaire qui s'est arrêté en plein vol."

S'ouvre désormais le chantier de la "refondation" que Marine Le Pen a annoncé au soir du second tour de la présidentielle, qui s'est soldé par une première déception (33,9%), avant celle du premier tour des législatives (13,20%), la semaine dernière.

Un bureau politique doit se réunir dans les jours qui viennent, première étape vers un congrès lors duquel doivent être tranchés tous les sujets de controverse, du programme économique à l'organigramme.

Entre les deux principaux courants, celui incarné par Florian Philippot, attaché à la sortie de l'euro et à un souverainisme farouche, et celui des opposants au vice-président, le clivage s'est accentué ces dernières semaines, au point de s'exposer en public.

(Simon Carraud avec Ingrid Melander, édité par Yves Clarisse)