Londres et Bruxelles entament leur procédure de divorce

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(Crédits : Clodagh Kilcoyne)

par Alastair Macdonald et Elizabeth Piper

BRUXELLES (Reuters) - L'Union européenne et la Grande-Bretagne ont annoncé lundi, au terme de la première journée de négociations formelles sur le Brexit, la création de trois groupes de travail distincts et ont chacun réaffiché leurs priorités.

"Cette première session a été utile mais l'heure tourne", a déclaré Michel Barnier, négociateur en chef des Européens, à l'issue de ses entretiens à Bruxelles avec le ministre britannique chargé du Brexit, David Davis.

L'ex-commissaire européen a réaffirmé la volonté des Vingt-Sept de négocier d'abord les termes du futur divorce avant de discuter du statut des relations futures entre Londres et le continent.

De source britannique, on indique que les négociateurs de Londres ont insisté pour que ces relations futures soient discutées en parallèle aux négociations sur la sortie de l'UE.

Le calendrier fixé prévoit de nouvelles sessions de négociations pendant les semaines du 17 juillet, du 18 septembre et du 9 octobre.

D'ici à octobre, les discussions porteront prioritairement sur les droits des trois millions de ressortissants européens vivant en Grande-Bretagne et des Britanniques établis sur le continent; sur les obligations financières contractées par le Royaume-Uni (la "facture du Brexit") et sur d'autres sujets liés au divorce.

La question de l'Irlande du Nord, seul membre du Royaume-Uni qui aura une frontière physique commune avec un pays de l'UE - la République d'Irlande -, fera l'objet d'un dialogue séparé, selon un document sur "les termes de référence" convenus par les deux parties et communiqué lundi soir.

David Davis a noté que les délégués avaient consacré lundi davantage de temps à la question nord-irlandaise qu'à tout autre sujet du divorce.

Le texte prévoit aussi que le français et l'anglais seront les deux langues officielles de la négociation, charge aux services de la Commission européenne d'assurer les traductions.

MONNET ET CHURCHILL CONVOQUÉS À BRUXELLES

Citant Jean Monnet, un des pères fondateurs de la construction européenne, Michel Barnier a souligné que "ce qui est important, ce n'est ni d'être optimiste, ni pessimiste, mais d'être déterminé".

David Davis a emprunté lui à Winston Churchill, le Premier ministre britannique de la Deuxième Guerre mondiale et du Blitz, en se présentant comme "un optimiste qui voit l'opportunité dans chaque difficulté".

Cette première journée de négociations à Bruxelles a lancé les discussions qui doivent fixer, d'ici au 29 mars 2019, les termes du divorce et dessiner les contours de leurs futures relations.

Près d'un an après le référendum du 23 juin où 52% des Britanniques se sont prononcés pour une sortie de l'UE, et trois mois après l'activation de l'article 50 du traité européen qui encadre le processus de sortie de l'UE, l'issue de ces discussions n'a jamais paru aussi incertaine.

Confrontée aux turbulences politiques qu'elle a elle-même provoquées en organisant des élections législatives anticipées qui l'ont privée de majorité absolue, Theresa May, la Première ministre britannique qui souhaitait un mandat "fort et stable", n'est pas assurée de pouvoir mener à terme ce Brexit qu'elle avait promis de conduire avec fermeté.

Pour Michel Barnier, il faut parvenir à un accord d'ici octobre 2018, de sorte que les Etats membres puissent le ratifier individuellement avant la date butoir du 29 mars 2019. Les deux années de négociations fixées par l'article 50 auront alors expiré.

David Davis a dit vouloir un partenariat "nouveau, étroit et spécial" avec l'Union européenne. "Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise", a ajouté ce fervent "Brexiter", évoquant notamment les menaces sécuritaires qui pèsent sur nombre de pays européens.

Après un déjeuner commun, les délégations des deux parties se sont réparties en groupes de travail chargés d'avancer sur les différents dossiers du divorce.

Les diplomates européens espèrent que cette première réunion, suivie du sommet européen de jeudi et vendredi à Bruxelles, permettra d'apaiser un climat alourdi par des échanges musclés.

(Nicolas Delame, Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français)