Manifestations à Madrid et Barcelone pour le dialogue et l'unité

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Manifestations a madrid et barcelone pour le dialogue et l'unite[reuters.com]
(Crédits : Javier Barbancho)

par Raquel Castillo et Sam Edwards

MADRID/BARCELONE (Reuters) - Des dizaines de milliers d'Espagnols vêtus de blanc se sont rassemblés samedi à Madrid et Barcelone et dans toute l'Espagne pour réclamer l'ouverture d'un dialogue entre la Catalogne et le gouvernement central, six jours après le référendum d'autodétermination controversé organisé par Barcelone.

Des rassemblements ont eu lieu dans une cinquantaine de villes. L'Espagne vit une crise politique sans précédent depuis la tentative de putsch de février 1981.

Le président du gouvernement espagnol a déclaré samedi au quotidien El Pais que son gouvernement empêcherait toute déclaration d'indépendance de se traduire dans les faits.

La Catalogne qui contribue à la croissance et à la richesse de l'Espagne ne peut être "entre les mains des extrémistes, des radicaux et de la CUP" (Candidature d'unité populaire, extrême gauche sécessionniste, NDLR), a dit le chef du gouvernement.

Le gouvernement de Mariano Rajoy n'a cessé de dénoncer l'illégalité du référendum qui s'est tenu le 1er octobre et qui avait été interdit par le Tribunal constitutionnel.

Le gouvernement autonome de Catalogne a publié vendredi soir les résultats définitifs du référendum, le "oui" à l'indépendance l'emportant avec 90,18% des voix exprimées par les quelque 2,3 millions d'électeurs qui se sont déplacés aux urnes malgré le déploiement des forces de police, soit une participation de 43% des inscrits.

A Barcelone, ils étaient environ 2.000 samedi à s'être rassemblés sur la Plaza de Sant Jaume, certains portant des tee-shirts demandant en catalan: "Si us plau, dialoguer" (s'il vous plaît, parlez-vous).

"Une fracture sociale se produit en Catalogne et nous devons la réduire par le dialogue, jamais par l'unilatéralisme de l'un ou de l'autre", explique José Manuel García, un économiste de 61 ans venu habillé en blanc.

"Je suis très inquiet, cela va mal se terminer et tout le monde perdra s'il n'y a pas de dialogue", ajoute-t-il.

"PARLONS"

A Madrid, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées sous l'énorme drapeau espagnol de la plaza de Colón (place Colomb) pour crier "Vive la Catalogne", "Vive l'Espagne".

"Je suis venue parce que je me sens très espagnole et que ce qui s'est passé me rend très triste", confesse Rosa Borras, 47 ans, secrétaire au chômage croisée parmi la foule rassemblée sur la plaza de Colón.

Portant un autocollant "Catalogne, nous t'aimons" et entourée de milliers de manifestants agitant des drapeaux espagnols, elle ajoute, les larmes aux yeux: "Je voulais être ici pour l'unité, parce que je me sens aussi très catalane. Ma famille vit en Catalogne."

A quelques centaines de mètres de là, sur la place Cibeles et devant le conseil municipal de la capitale espagnole, des milliers de personnes vêtues de blanc avaient répondu à l'appel de la plate-forme "Parlem, Hablemos" (parlons).

Illustration de l'inquiétude suscitée par la crise espagnole au sein de l'Union européenne, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ont eu un entretien téléphonique au sujet, entre autres, de la Catalogne.

Le Parlement régional de Catalogne pourrait proclamer la semaine prochaine l'indépendance de la région, un développement qui exacerberait une crise sans précédent en Espagne depuis le putsch manqué de 1981.

Le président de la Généralité de Catalogne, Carles Puigdemont, a décalé de vingt-quatre heures son intervention prévue devant le Parlement régional pour évoquer la "situation politique". Elle est désormais programmée mardi à 18h00 (16h00 GMT). Il pourrait profiter de cette allocution pour proclamer l'indépendance de la région.

(Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français)