La thermolyse des pneus usés bientôt en Bourse

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La thermolyse des pneus uses bientot en bourse[reuters.com]
(Crédits : Sergei Karpukhin)

STRASBOURG (Reuters) - Ramener par thermolyse de vieux pneus à leurs matières premières d'origine : ce n'est plus un rêve de laboratoire mais un procédé industriel innovant qu'une jeune entreprise franco-allemande veut introduire à la Bourse de Paris.

Soumis dans un réacteur à une température de 500 à 800 degrés, sans oxygène et donc sans combustion, les granulés de caoutchouc vont se décomposer en coke, pétrole et gaz, autant de matières premières qui pourront être valorisées ou recyclées.

Produisant plus d'énergie qu'il n'en consomme, via la conversion du gaz en électricité, le procédé met également en avant son très bon bilan carbone.

"Ce qu'il nous faut le plus, c'est de l'argent pour préfinancer nos projets clients", a expliqué à Reuters l'Allemand Pascal Klein, directeur général et cofondateur de l'entreprise, avec le Français Julien Dossmann, membre du directoire.

Pyrum Innovations, qui est née à Strasbourg mais s'est développée industriellement à Dilligen (Allemagne), au cœur de la sidérurgie sarroise, ambitionne de lever 40 à 45 millions d'euros sur Euronext, avec une introduction, menée par Louis Thannberger, au premier semestre 2018.

La jeune entreprise - moins de vingt salariés et 1,2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016, sa première année de commercialisation - annonce cinq usines clés en mains en passe d'être vendues dans autant de pays d'ici l'an prochain. Le chiffre d'affaires pourrait dépasser rapidement les 100 millions d'euros, assure Pascal Klein, les 200 millions d'ici quatre ans.

Les fonds levés devraient également permettre à Pyrum d'adapter la thermolyse à des matières plastiques dont les fibres de carbone.

La création de Pyrum, en 2007, est née de la rencontre de Pascal Klein et Julien Dossmann avec Klaus-Peter Schulz, un ingénieur process expérimenté à l'origine des brevets qui ont permis d'industrialiser le procédé.

Le marché des pneus usagés est jugé prometteur avec un volume de 3,4 millions de tonnes par an en Europe, de 13,5 millions de tonnes dans le monde. Ils sont valorisés comme combustibles à hauteur de 35% tandis que 30% sont transformés en granulés pour une réutilisation, notamment dans le BTP, selon des données fournies par l'entreprise.

Pyrum a rapidement suscité l'intérêt des acteurs institutionnels tels qu'Oséo, région Alsace, Land de Sarre, Union européenne, qui ont soutenu son développement ou sont entrés au capital, mais également des industriels avec lesquels ont été nouées des coopérations de recherche et de fabrication.

Le choix d'Euronext pour l'introduction en Bourse s'est imposé en raison d'une réforme qui facilite l'entrée sur le marché actions "le plus liquide et le plus important sur le continent européen", affirment les deux dirigeants, qui n'excluent pas une cotation à Francfort dans un second temps.

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)