Une centaine de "marcheurs" s'apprêtent à quitter LREM

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(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Une centaine de "marcheurs", parmi lesquels quelques élus, devraient quitter La République en marche (LREM) vendredi, veille du conseil national du parti présidentiel appelé à désigner Christophe Castaner au poste de délégué général.

Dans une tribune publiée mardi sur le site de franceinfo, ces "100 démocrates" autoproclamés dénoncent ce qu'ils considèrent comme un manque de démocratie au sein du mouvement dont quelque 800 membres - parlementaires, élus, référents et 200 militants tirés au sort - se réunissent samedi à Lyon.

Christophe Castaner, unique candidat au poste de délégué général de LREM, doit être désigné par un vote à main levée de ce collège, là où d'autres partis consultent leurs adhérents.

"Le prochain 'sacre' de Christophe Castaner, élu à la tête du parti avant l'heure en l'absence de concurrents, laisse peu d'espoirs aux militants en attente de démocratie", peut-on lire dans la tribune.

Parmi les démissionnaires figurent Tiphaine Beaulieu, présidente de la confédération des Marcheurs de la République, et Emmanuel Drouin, élu municipal de Segré (Maine-et-Loire).

Tiphaine Beaulieu a expliqué vouloir quitter un "parti d'élites, complètement déconnecté des réalités".

"Moi, personnellement, ce que je rejette, c'est l'abus d'autorité, l'autocratie, l'arrogance, la politique de l'entre soi", a dit à Reuters celle qui était il y a quelques mois la porte-parole du collectif des "Marcheurs en colère".

La République en marche a précisé que Tiphaine Beaulieu ne s'était pas présentée la semaine dernière à une convocation de la commission des conflits de LREM, qui lui reproche d'avoir participé à une manifestation en présence du Front national.

Le départ de la centaine de "marcheurs" devrait être officialisé dans un message délivré vendredi par huissier au siège de LREM à Paris.

"ÇA RESPIRE, UN MOUVEMENT"

Ils affirment ne pouvoir "continuer au sein d'un mouvement ou parti sans ligne politique qui n'a pas su s'appuyer sur les piliers de la démocratie et qui a nié avec arrogance et mépris l'intelligence du peuple".

Au siège de La République en marche, on dit attendre l'officialisation de ces défections pour réagir tout en mettant en regard ces cent départs avec les 166.000 adhésions enregistrées depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir il y a six mois, pour un total revendiqué de 386.000 membres (l'adhésion est gratuite à LREM).

"Il y a une minorité qui voudrait que le mouvement soit différent et en même temps, il y a des milliers de gens qui s'engagent", a dit une responsable à Reuters.

Le député LREM Florian Bachelier juge pour sa part "plutôt sain" ce début de fronde. "Ça rentre, ça sort, ça respire, un mouvement, c'est ça aussi la démocratie", a-t-il déclaré dans les couloirs de l'Assemblée nationale. "Certains sont moins à l'aise avec les règles que d'autres, donc ça respire".

Dans sa profession de foi, Christophe Castaner dit son voeu de "réinventer" le parti dont il entend "préserver la voix singulière" face au pouvoir.

La désignation de l'actuel secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement devrait être l'occasion d'un léger remaniement de l'équipe d'Edouard Philippe, qui prendra la parole samedi à Lyon en tant que chef de la majorité.

L'un des schémas possibles serait de retirer à Christophe Castaner le seul porte-parolat du gouvernement.

(Elizabeth Pineau avec Emile Picy, édité par Sophie Louet)