Macron promet le "retour de l'Etat" dans les banlieues

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(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Coup de pouce à l'emploi, renforcement des services publics et "traquage" des discriminations à l'embauche : Emmanuel Macron a promis mardi à Tourcoing (Nord) le "retour de l'Etat" aux 5,5 millions d'habitants des quartiers populaires où la République a selon lui "démissionné" ces dernières années.

Un "plan de mobilisation générale", fruit d'une concertation entre l'Etat, les collectivités locales et les acteurs du terrain, sera présenté d'ici février et se concentrera sur une dizaine de quartiers "particulièrement en difficulté".

"Ceux qui habitent les villes les plus pauvres sont des enfants de la République, ils ont droit à la même réussite que les autres", a dit le chef de l'Etat lors d'un discours dans le quartier de la Bourgogne à Tourcoing. "Ils ne demandent pas de l'aide, des subventions, des contrats de seconde zone, des dispositifs spécifiques".

"Ils veulent qu'on leur apporte la possibilité d'accéder à la même chose que les autres", a-t-il ajouté. Il s'agit donc de "ramener le droit commun dans les quartiers afin que chacun ait accès aux mêmes services" et de "rétablir ce socle minimal qui a parfois été oublié".

Quarante ans après le premier "plan banlieue" - qui a été suivi de dix autres aux succès mitigés -, les quelque 1.500 quartiers politique de la ville (QPV) continuent d'afficher un taux de chômage près de trois fois supérieur au taux national et un taux de pauvreté de 40%.

Ces quartiers comptent par ailleurs toujours deux fois moins de médecins généralistes, près de cinq fois moins de crèches et de nombreux services publics ont au fil des ans disparu.

Pour y remédier, Emmanuel Macron propose notamment le dédoublement des classes de CP dans les zones REP+ - effectif depuis la rentrée -, la mise en place de la police de sécurité du quotidien - qui sera expérimentée sur certains territoires début 2018 - et le doublement des maisons de santé.

RELANCE DES CONTRATS FRANCS

Pour favoriser l'accès de tous à l'emploi, le chef de l'Etat mise sur les "contrats francs" - un dispositif qui accorde une prime aux entreprises embauchant un habitant d'un quartier populaire - dès 2018 via une phase d'expérimentation avant une généralisation en 2020.

Expérimentés sous le quinquennat de François Hollande, ces contrats francs avaient finalement été abandonnés en raison de critères d'éligibilité très limitatifs. Le public concerné a donc été élargi et recouvre désormais tous les demandeurs d'emploi sans critère d'âge; le montant d'aide a été relevé afin d'être plus incitatif.

Les entreprises bénéficieront d'une aide de 5.000 euros par an sur trois ans pour une embauche en CDI et de 2.500 euros par an sur deux ans pour un CDD de plus de six mois. Une dizaine de territoires seront concernés au 1er janvier.

Le gouvernement entend dans le même temps intensifier les campagnes de "testing" lancées par le ministère du Travail sous le quinquennat précédent. A l'heure actuelle, 17% des habitants de quartiers se déclarent victimes de discrimination en raison de leur origine.

Il faut "traquer les employeurs qui ne respectent pas ce qui est dans la loi qui interdit la discrimination à l'embauche comme à la promotion" et "pénaliser les entreprises qui ont recours à ces pratiques", a dit Emmanuel Macron, qui souhaite rendre public le nom des entreprises "les plus délinquantes".

En matière de rénovation urbaine, pilier de la politique de la ville, l'Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru) va voir comme prévu son budget doublé jusqu'à 10 milliards d'euros.

Ce plan banlieue constitue un enjeu pour Emmanuel Macron, accusé depuis le début du quinquennat de favoriser les plus aisés, notamment par des élus locaux échaudés par la baisse des aides au logement et la diminution du nombre de contrats aidés.

"Je voudrais tordre le cou à une idée qui en ce moment fait fureur, c'est qu'il y aurait une politique économique ambitieuse pour les gens qui réussissent", a dit Emmanuel Macron. "Je ne sais pas ce que ça veut dire avoir une politique pour les riches".

"Je sais simplement que quand il n'y a pas une économie qui tire tout le pays en avant, quand il n'y a pas des entrepreneurs qui réussissent, des gens qui réinvestissent dans l'économie, les quartiers les plus en difficulté ne s'en sortent pas bien".

(Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)