Philippe sillonne la Nouvelle-Calédonie à un an du référendum

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Philippe sillonne la nouvelle-caledonie a un an du referendum[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - Edouard Philippe sillonnera la Nouvelle-Calédonie de samedi à mardi pour rencontrer les forces politiques et préparer la consultation sur l'accession de l'archipel à la pleine souveraineté, prévue au plus tard en novembre 2018.

Ce référendum est une étape majeure du processus de décolonisation du territoire, contrôlé par la France depuis 1853, engagé après les violences meurtrières des années 1980.

Les élus locaux et l'Etat veulent une consultation "loyale et incontestable", selon les mots du Premier ministre, pour qu'une défaite des indépendantistes - issue considérée comme la plus probable - ne provoque pas d'embrasement.

Pas question donc pour Edouard Philippe d'appeler clairement à voter contre l'indépendance, précise son entourage.

Il est avant tout le garant de l'application de l'accord de Nouméa signé en 1998, dix ans après les accords de Matignon-Oudinot qui mirent fin aux violences, qui prévoit des transferts de compétences et la consultation, souligne-t-on.

Selon l'accord de Nouméa, la consultation proposera "le transfert à la Nouvelle-Calédonie des compétences régaliennes, l'accès à un statut international de pleine responsabilité et l'organisation de la citoyenneté en nationalité".

L'inscription décidée le 2 novembre de près 11.000 personnes supplémentaires sur la liste électorale, dont une majorité de Kanaks, vise à renforcer la légitimité du scrutin. Tout comme la participation d'experts de l'ONU au processus et l'ouverture de bureaux "décentralisés" pour que les électeurs originaires des îles puissent voter sans être obligés de s'y rendre.

Outre la date de la consultation, que l'Etat fixera si le Congrès de Nouvelle-Calédonie ne la détermine pas d'ici mai, deux grands sujets restent à régler : la question précise qui sera posée aux électeurs et l'organisation de la campagne.

RENCONTRES DANS LES TROIS PROVINCES

Edouard Philippe se rendra dans les trois provinces néo-calédoniennes, en commençant par la province Sud, où il rencontrera le gouvernement de Nouvelle-Calédonie samedi à Nouméa.

Après trois mois de blocage, fruit de querelles politiques entre loyalistes, Philippe Germain (Calédonie Ensemble, non-indépendantiste) a été réélu vendredi président du gouvernement à la quasi unanimité des votants, indépendantistes et non-indépendantistes.

Désormais, "toutes les énergies doivent être mobilisées pour préparer cette consultation afin d'en garantir la sincérité et la sérénité", ont-ils expliqué dans une déclaration commune.

Edouard Philippe s'entretiendra avec des élus de la province et le Sénat coutumier, avant de se rendre sur la tombe de Jacques Lafleur, signataire anti-indépendantiste des accords de Matignon de 1988. Un geste complété lundi par un déplacement sur la tombe de l'autre signataire, le leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, assassiné en 1989 par un indépendantiste opposé aux accords de Matignon-Oudinot.

Il s'entretiendra également avec les membres des groupes de travail chargés notamment de la préparation de la consultation.

Il se rendra dimanche sur l'île de Lifou pour rencontrer le président de la province des Iles Loyauté, des élus et des habitants, puis ira sur l'île de Tiga.

En province Nord lundi, il se rendra à Koné pour s'entretenir avec le président de la province et des élus, à Koumac pour voir des militaires, à Tiébaghi pour visiter le centre minier de la SLN (Société Le Nickel, filiale d'Eramet) puis à l'usine KNS (Koniambo Nickel SAS, détenue par la Société minière du Sud Pacifique et Glencore) de Vavouto.

En province Sud mardi, le Premier ministre prononcera un discours devant le Congrès de Nouvelle-Calédonie.

Emmanuel Macron devrait se rendre en Nouvelle-Calédonie en avril-mai.

(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)