Collomb veut accélérer les expulsions des migrants déboutés

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(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur presse les forces de l'ordre d'accélérer les expulsions des demandeurs d'asile déboutés en utilisant davantage la rétention ou l'assignation à résidence, augmentant la charge sur des préfectures déjà sous pression depuis l'attentat de la gare Saint-Charles à Marseille.

Commis par un ressortissant tunisien plusieurs fois interpellé par la police, l'attentat avait déclenché un rapport dénonçant des "dysfonctionnements graves" et abouti en octobre à une circulaire demandant d'expulser "résolument" les étrangers représentant une menace pour l'ordre public.

Avant même la présentation du projet de loi en préparation sur le sujet, attendu début 2018 au Parlement, le ministre de l'Intérieur insiste à nouveau dans une circulaire du 20 novembre sur la nécessité "d'agir rapidement, à droit constant".

Au titre de nouvelles priorités, le ministre recommande aux forces de l'ordre d'éloigner d'abord les ressortissants étrangers à l'Union européenne. "Vous accorderez une attention particulière à la situation des demandeurs d'asile déboutés", poursuit-il.

Pour accélérer les expulsions, le placement en rétention ou l'assignation à résidence sont énoncés comme des pistes d'action privilégiées.

"Je vous invite à avoir davantage recours au placement en local de rétention administrative, pour une durée maximale de 48 heures (...) le temps qu'il ait été statué sur le recours de l'étranger", précise la circulaire.

"Deux cents places de rétention supplémentaires seront effectivement rendues disponibles en métropole au cours des prochaines semaines", poursuit le texte, qui cite notamment l'ouverture de 59 places pour hommes au centre de rétention administrative de Vincennes, des remises en état et la réouverture du centre de Strasbourg-Geispolsheim en janvier 2018.

Le ministre de l'Intérieur précise en outre qu'un dispositif expérimental visant à informer les préfectures en temps réel des décisions de demande d'asile est en cours de généralisation.

Du côté des associations, des responsables dénoncent des mesures inutiles, car sans effet sur le nombre d'expulsions.

"Depuis deux mois, nous constatons à la Cimade qu'il y a deux fois plus de placements en rétention que l'année dernière sur la même période. Or 40% des personnes qui sont enfermées sont libérées par les juges, qui sanctionnent des pratiques illégales", notait mardi sur Public Sénat Sarah Bellaïche, de la Cimade, association de défense des migrants et des réfugiés.

"Enfermer plus ne permet pas jusqu'à maintenant d'expulser davantage", estimait-elle en outre.

Dans la vallée de la Roya, lieu de passage de migrants depuis l'Italie, les autorités faisaient état lundi d'un nombre "record" d'arrestations à la frontière.

Près de 45.000 personnes ont été reconduites à la frontière italienne à fin novembre 2017, contre 37.000 migrants l'année dernière, indiquait lundi sur France Bleu Azur Georges-François Leclerc, préfet des Alpes-Maritimes.

(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)