La Jordanie dénonce la décision "légalement nulle" de Trump sur Jérusalem

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La jordanie denonce la decision de trump sur jerusalem[reuters.com]
(Crédits : Muhammad Hamed)

AMMAN (Reuters) - La Jordanie a dénoncé mercredi soir la décision "légalement nulle" de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël.

Le porte-parole du gouvernement, Mohamed al Momani, a souligné que cette annonce contrevenait aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unis qui "stipulent la non-reconnaissance de l'occupation israélienne" de Jérusalem-Est, la partie de la ville qui jouxte la Cisjordanie.

Le royaume considère également que "toutes les initiatives unilatérales cherchant à modifier les faits sur le terrain sont nulles et non avenues", a-t-il poursuivi, cité par l'agence officielle de presse Petra.

Israël a conquis Jérusalem-Est, partie arabe de la ville, lors de la guerre des Six-Jours en 1967 et l'a ensuite annexée, proclamant la ville réunifiée sa capitale. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat.

La communauté internationale ne reconnaît pas la souveraineté d'Israël sur la totalité de la ville, qui abrite des lieux saints relevant à la fois des religions juive, chrétienne et musulmane.

Cité dans un communiqué du palais royal, le roi Abdallah de Jordanie a estimé pour sa part que la décision de Trump aurait des "répercussions dangereuses sur la stabilité et la sécurité de la région et sur les efforts visant à parvenir à la paix".

Le dirigeant jordanien s'exprimait lors d'une conversation téléphonique avec l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani.

Sur Twitter, le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, a précisé que "la Jordanie continuera d'oeuvrer à un Etat palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale".

De source gouvernementale, on indique que le roi Abdallah devrait s'entretenir ce jeudi avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

La dynastie hachémite du roi Abdallah est le gardien tutélaire des sites religieux musulmans à Jérusalem-Est, et notamment de l'Esplanade des mosquées. Ce lieu saint est également revendiqué par les juifs qui l'appellent Mont du temple.

Alors que se profilait la décision de Trump, Amman avait pris l'initiative le week-end dernier, entamant des consultations en vue de réunir les Etats de la Ligue arabe et ceux de l'Organisation de coopération islamique (OCI). La Ligue arabe se réunira en urgence samedi au Caire.

"Aucun autre sujet que Jérusalem ne peut toucher avec la même force les Arabes et les musulmans", expliquait dimanche une source diplomatique jordanienne.

A l'annonce américaine, plusieurs manifestations ont éclaté dans des quartiers d'Amman où vivent des réfugiés palestiniens. Des slogans anti-américains ont été scandés. Dans le camp de réfugiés de Baqaa, plusieurs centaines de jeunes ont dénoncé Trump et ont réclamé que le gouvernement jordanien dénonce le traité de paix signé en 1994 avec Israël.

Des manifestations sont attendues ces prochains jours, notamment vendredi après la grande prière hebdomadaire.

(Suleiman Al-Khalidi; Pierre Sérisier, Nicolas Delame et Henri-Pierre André pour le service français)